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Hong Kong : mobilisation exemplaire pour les élections locales

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la déroute électorale affaiblie le contrôle de Pékin (1)

Les élections locales de ce week-end ont révélé une mobilisation record des Hongkongais (71 %) qui réclament, cette fois-ci dans un cadre officiel, la fin de l’ingérence du gouvernement chinois dans la politique de l’ancienne colonie britannique. Les médias locaux ont indiqué que 17 des 18 conseils municipaux de la ville sont maintenant contrôlés par des conseillers antigouvernementaux. La leader de Hong Kong, Carrie Lam, a déclaré, après ce scrutin, que le gouvernement va faire le nécessaire pour traiter les doléances des militants.

Cette élection, la première depuis le début de la vague de protestation contre Pékin, a connu un taux de participation sans précédent estimé à plus de 71 %. 17 des 18 conseils municipaux de la ville sont désormais contrôlés par des conseillers antigouvernementaux. Ce résultat est perçu par la presse internationale comme une insulte cinglante pour la direction de Lam et comme une manifestation de soutien au mouvement pro-démocratie. Selon BBC News, la dirigeante de Hong Kong, a déclaré que le gouvernement respecte ces résultats. Elle a souligné que le scrutin « reflète l’insatisfaction des gens face à la situation actuelle et aux problèmes profondément enracinés dans la société ». Le gouvernement « va prêter une oreille humble et sérieuse à l’opinion publique », a-t-elle affirmé.

Une mobilisation symbolique et révélatrice

Les conseillers municipaux ont peu de pouvoir politique et s’occupent principalement de dossiers locaux tels que les lignes de bus et la collecte des ordures, de sorte que ces élections ne suscitent normalement pas un grand intérêt. Toutefois, ces représentants peuvent aussi sélectionner 117personnesparmi eux pour siéger au comité qui a le pouvoir d’élire le directeur général de Hong Kong, et qui compte 1200 membres. De ce fait, suggère le New York Times, les résultats-chocs de cette dernière électionsignifient que la totalité de ces 117 sièges seront probablement attribués à des candidats pro-démocratie, qui pourront significativement influencer cette décision.

D’une autre part, ce scrutin est aussi hautement symbolique, indique France24, car c’était la première occasion pour les gens d’exprimer leur point de vue sur la gestion de la crise par Lam. Pour le gouvernement et les dirigeants chinoisde Pékin, cette élection était une opportunité pour prouver que la soi-disant « majorité silencieuse »désapprouve les manifestations. Cependant, et pour le plus grand mécontentement de la Chine, certains candidats pro-Pékin ont perdu leurs sièges, car les électeurs ont massivement soutenu les représentants pro-démocratie. De leur côté, les militants espèrent que la victoire des partis de l’opposition forcera le gouvernement à considérer plus sérieusement leurs revendications.

Quelle a été la réaction de Pékin ?

Pékin s’abstient pour le moment de tout commentaire officiel, souligne BBC News. Mais le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, s’exprimant depuis le Japon, a rappelé que « quoi qu’il arrive, Hong Kong fait partie de la Chine ». « Toute tentative de compromettre Hong Kong, voire de nuire à sa prospérité et à sa stabilité, est vouée à l’échec », a-t-il affirmé.

La presse locale s’est quant à elle montrée très prudente lorsqu’ellea traité ce scrutin. L’agence de presse publique Xinhua n’a d’ailleurs pas encore publié les résultats, rapporte le New York Times. L’édition anglaise du journal d’Etat, Global Times,attribue pour sa part ce résultat aux circonstances « anormales » qui ont favorisé la mobilisation des électeurs par le camp pro-démocratie. Cette même source souligne que les « forces occidentales » ont soutenu l’opposition. Notons qu’avant le vote, les médias de l’État avaient exhorté la population à voter pour la stabilité et contre les troubles.

Quelle est la raison de l’agitation politique à Hong Kong ?

Hong Kong, autrefois colonie britannique, fait partie de la Chine, mais elle jouit d’une certaine autonomie et ses habitants bénéficient de plus de libertés que les Chinois. Ce régime spécial expirera en 2047, et beaucoup de militants hongkongais refusent que leur ville devienne « une autre ville chinoise ».

Pour rappel, les protestations actuelles ont commencé en juin contre un projet de loi qui aurait ouvert la voie à l’extradition des suspects vers la Chine. Beaucoup craignaient que cela ne porte atteinte aux libertés de la ville ou ne soit exploité pour réduire au silence les voix anti-Pékin. Le projet de loi a été retiré en septembre, mais les manifestations se sont poursuivies. De plus, les affrontements entre la police et les militants sont devenus de plus en plus violents. Les forces de l’ordre ont commencéà tirerdes balles réelles contre les manifestants qui les attaquaient avec des arcs et des flèches ou en leur lançaient des cocktails Molotov. Les revendications du mouvement de protestation, principalement composé d’étudiants et de jeunes militants, se sont multipliées pour inclure l’organisation d’une élection générale, le lancement d’une enquête sur les allégations de brutalités policières et l’instauration de la démocratie dans le territoire.Alors quela situation empire à Hong Kong, le Sénat américain a adopté à l’unanimité un texte visant à protéger les droits de l’homme et la démocratiede l’ancienne colonie britannique contrel’hégémonie dePékin.

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