Libertés individuelles: Les «hors-la-loi» rassemblent 12000 signatures

Avatar de Nora Jaafar
Temps de lecture :

hors la loi (1)

A
A
A
A
A

Le manifeste lancé par la cinéaste Sonia Terrab et l’écrivaine maroco-française Leila Slimani, s’est transformé en un mouvement dénonçant les lois « liberticides » du royaume. Les fondatrices ont rassemblé à ce jour 12 000 signatures et visent atteindre les 25 000 nécessaires pour déposer une motion auprès du gouvernement.

Suite à l’arrestation de Hajar Raissouni, Sonia Terrab et Leila Slimani ont co-rédigés un manifeste pour condamner la législature qui a traduit la jeune journaliste, son fiancé et son médecin (et son équipe) devant la justice. Ces derniers ont été accusés d’avortement illégal, tandis que Raissouni et son fiancé ont été poursuivis en plus pour relation sexuelle hors mariage.

Le collectif des « hors-la-loi » a pris sur lui la responsabilité delancer un débat avec lesdéputés, la société civile, des artistes et intellectuels… « pour sortir du virtuel, passer dans le réel et rentrer dans le foyer des gens, des gens du monde rural, des gens qui n’ont pas accès à nos réseaux. C’est comme ça qu’on va transformer le débat », explique Terrab lors d’une rencontre qui a eu lieu le lundi 14 octobre au siège de la Fédération de la gauche démocratique.

En outre le mouvement réclame également la suspension de l’application des lois considérées liberticides, notamment l’article 490 du Code pénal qui criminalise les relations sexuelles hors mariage. Mais aussi la suspension des poursuites actuelles en vertu de ces lois, rapporte l’Économiste dans son édition du 16 octobre. « Il y a un large chantier de réformes judiciaires, dont la réforme du Code pénal, dans lequel nous amenons notre grain à moudre pour dire la dépénalisation du lien social qui n’a rien à faire dans les bureaux du procureur et du juge d’instruction », selon Omar Benjelloun, militant et avocat des droits de l’homme et membre du collectif.

Aujourd’hui, l’objectif des « hors-la-loi » est de convaincre le parlement d’ouvrir le débat sur les libertés individuelles, notamment les relations sexuelles hors mariage et l’avortement. Pour ce faire, le collectif a besoin de rassembler 25 000 signatures pour déposer une motion auprès des législateurs. « Notre collectif est en train de se transformer en mouvement, un mouvement de la jeunesse, un mouvement citoyen porté par des voix féminines et masculines, celles qui feront le Maroc de demain… Ce que nous avons voulu montrer, c’est qu’il y a d’autres moyens de se mobiliser. Les sit-in ne marchent pas et ça n’a jamais marché. Si nous sortons dans la rue et que nous ne sommes que 100 ou 200 personnes, ça n’en vaut pas la peine. S’il n’y a pas des milliers de personnes dans la rue, je préfère continuer de mobiliser sur les réseaux sociaux », affirmeSonia Terrab.

Par ailleurs, Mohamed Abdelwahab Rafiki, alias Abou Hafss, chercheur en études islamiques, indique que les institutions religieuses doivent participer au débat. « Il y a des solutions dans la religion pour faire une réconciliation entre la vie moderne et les textes religieux », a-t-il déclaré. Et il a ajouté : « je dis que l’État n’a pas le droit d’intervenir dans les choix des individus adultes et consentants.L’État n’a pas le droit de dire ça c’est halal et ça c’est Haram. Parce que l’État n’est pas Dieu. Ni l’état, ni la société, ni l’autre n’a le droit d’intervenir dans les choix des personnes, soit homosexuelles, soit ceux qui pratiquent les relations sexuelles hors mariage. L’individu a le choix de décider de ce qu’il veut faire ou pas. Mais l’État n’a pas le droit de suivre les gens. Ça ne la regarde pas », a-t-il souligné à nos confrères de Hespress FR. Pour éviter tout amalgame, Abou Hafs a également expliquéau média francophonequ’il ne défend « ni les relations sexuelles hors mariage ni l’homosexualité, ou autre ».

Dernier articles
Les articles les plus lu
Justice : Ibtissame Lachgar écope de 30 mois de prison ferme pour blasphème

Société - La militante Ibtissame Lachgar a été condamnée à 30 mois de prison ferme et 50.000 DH pour «atteinte à la religion islamique».

Hajar Toufik - 3 septembre 2025
Pourquoi les frais de scolarité augmentent au Maroc ?

Société - Pourquoi payer moins dans une école privée peut coûter cher à vos enfants ? Inflation, qualité des enseignants et services annexes expliquent la hausse des frais de scolarité.

Ilyasse Rhamir - 3 septembre 2025
Lancement du 40e contingent du service militaire à El Hajeb

Société - L’opération de sélection et d’incorporation du 40e contingent du service militaire a débuté au premier Centre de formation des appelés d’El Hajeb.

Mbaye Gueye - 3 septembre 2025
Fruits et légumes : les prix de gros de la semaine dévoilés

Société - Au 3 septembre 2025, le marché de gros de Casablanca affiche des prix globalement stables pour certains produits.

Mbaye Gueye - 3 septembre 2025
La zaouïa Boutchichia divisée après la mort de son guide

Société - La mort du Cheikh Jamal Eddine Qadiri Boutchich a ouvert une querelle de succession entre ses fils, plongeant la zaouïa Boutchichia dans une crise inédite.

Hajar Toufik - 3 septembre 2025
Séisme à Marrakech-Safi : un tremblement de terre de magnitude 4,5

Société - Un tremblement de terre de magnitude 4,5 a été détecté ce mercredi 3 septembre à 04h25 dans la région de Marrakech-Safi.

Rédaction LeBrief - 3 septembre 2025
Voir plus
Travaux : les Casablancais n’en peuvent plus !

Dossier - Des piétons qui traversent d’un trottoir à l’autre, des voitures qui zigzaguent… À croire que les Casablancais vivent dans un jeu vidéo, sans bouton pause.

Sabrina El Faiz - 12 avril 2025
Mariages marocains : l’amour au prix fort

Société - Au Maroc, on peut rater son permis de conduire, son bac… Mais rater son mariage ? Inenvisageable !

Sabrina El Faiz - 23 août 2025
La classe moyenne marocaine existe-t-elle encore ?

Dossier - Au Maroc, pour définir le terme classe moyenne, nous parlons de revenus. Cela ne veut pourtant plus rien dire.

Sabrina El Faiz - 5 juillet 2025
Faux et usage de faux, la dangereuse fabrique de l’illusion

Dossier - Un faux témoignage peut envoyer un innocent en prison ou blanchir un coupable. Un faux diplôme casse la méritocratie. Un faux certificat peut éviter une sentence.

Sabrina El Faiz - 24 mai 2025
Le Maroc des voisins qu’on n’a pas choisis

Dossier - Les voisins ont bien changé. Les balcons étaient les réseaux sociaux d’antan. On y partageait les breaking news du quartier et les hommes étaient aussi bien surveillés que les enfants !

Sabrina El Faiz - 12 juillet 2025
Casablanca : les malls en perte de vitesse, sauf exceptions

Société - Les mails de Casablanca traversent une période de transformation, entre défis liés à l’entretien, évolution des attentes et adaptation à un nouveau contexte économique.

Hajar Toufik - 8 août 2025

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire