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Agriculture : une pénurie d’eau imminente malgré les bonnes performances agricoles

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Les performances de l’agriculture nationale en 2021 ont dépassé toutes les prévisions, et ce, malgré un retard de pluie en début d’année. La bonne répartition temporelle de la pluviométrie et son occurrence avec les stades clés du développement agricole ont permis un rebond de la récolte, notamment céréalière. Cependant, même si la nouvelle campagne s’annonce prometteuse, la rareté chronique des averses risque d’épuiser les réserves en eau du pays. Les barrages et la nappe phréatique ont atteint des niveaux critiques, menaçant l’avenir de l’arboriculture.

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Malgré une bonne performance agricole, le Maroc fait face à une pénurie imminente en eau. En effet, la campagne 2020-2021, bien qu’elle ait connu un retard en début d’année en raison d’un manque de pluie, a fait montre de performances dépassant les prévisions, notamment avec un rebond de la récolte céréalière.La production définitive des trois céréales principales s’est élevée à près de 103,2 millions de quintaux (Mqx),soit une augmentationde 221% par rapport à la campagne précédente. Ainsi, la valeur ajoutée agricole au titre de l’année 2021, s’est située aux alentoursde 130 milliards de DH (MMDH), affichant une hausse de plus de 18%.Le rendement moyena été pour sa part estiméà 23,7 qx/Ha, avec une augmentation de320% par rapport à la campagne 2019-2020.

Lire aussi :Akhannouch expose les réalisations du programme de développement du monde rural

Une campagne agricole 2021-2022 prometteuse

Pour la campagne agricole 2021-2022, qui a démarré en novembre dernier et qui s’annonce prometteuse, plusieurs efforts ont été déployés pour consolider la résilience du secteur face aux changements climatiques. Le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts a ainsi mis en placeune série de mesures pour assurer la disponibilité des intrants agricoles, à savoir les semences, les engrais et les produits de traitement, et l’accompagnement des agriculteurs. Il a de ce fait mis à disposition près de 1,6 Mqx de semences certifiées de céréales, dont la commercialisation se feraà des prix subventionnés.

La tutelle a également prévu d’approvisionner le marché à hauteur de 490.000 tonnes d’engrais de fonds, tout en maintenant la stabilité des prix des engrais phosphatés et la rationalisation de leur utilisation sur la base des cartes de fertilité des terres agricoles. De plus, il est prévu de poursuivre le Programme national d’économie d’eau d’irrigation (PNEEI) en équipant 45.000 Ha d’exploitations agricoles en système d’irrigation localisée. Le ministère envisage aussi de finaliser le chantierde la modernisation des réseaux d’irrigation collectifs couvrant une superficie de 107.000 Ha et d’y ajouter une superficie supplémentaire de 48.000 Ha.

Lire aussi :L’agriculture, toujours à la merci des pluies

Quid de la pénurie imminente des réserves d’eau

Rachid Benali, vice-président de la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (Comader), a confié à notre rédaction que«la rareté des pluies est effectivement devenue depuis quelques années un problème chronique et critique au Maroc». Il a précisé que «cette année, le démarrage de la saison est assez difficile, surtout que l’impact de cette pénurie d’averses se manifeste sur deux volets, à savoir celui de la campagne agricole et celui des réserves en eau nationales (barrages et nappe phréatique)».

«Ainsi, le pays fait cette face à un problème de sécheresse, surtout qu’il y a un retard de pluies, mais pour le moment la saison agricole ne va pas en souffrir. De ce fait, les zones connues pour les cultures d’automne n’ont pas de problèmes», précise notre interlocuteur, confirmant ainsi les bonnes performances agricoles du Maroc.

Cependant, au niveau des barrages et de la nappe phréatique, la situation est très grave. «Dans certaines régions, les barrages ont tellement atteint des niveaux critiques que les autorités ont été obligées d’arrêter complètement l’irrigation ainsi que certaines cultures. De plus, cettepénurie croissante menace la survie del’arboriculture. Si on perd un arbre, il faut prévoircinq à six ans pour le remplacer», déplore l’expert. «En raison de cette situation alarmante, qui affaiblit aussi le volume des réserves de la nappe phréatique, on ne voit pas vraiment le bout du tunnel. Cela fait trois ans que cette détérioration s’aggrave. Et quand on parle d’une réserve nationale de 37%, c’est un chiffre qui n’est pas très réaliste. Le grand barrage d’Al Wahda compteà lui seul plus de 30% du stock en eau du Royaume. Le reste des barrages ne présentent que 4 à 17% de réserves d’eau», souligne Benali.

Lire aussi :Épuisement des réserves des barrages du Maroc

Quelles sont les solutions à envisager ?

Pour la nappe phréatique comme pour les barrages ce n’est pas la pluie qui va améliorer ou consolider leurs réserves. Le vice-président de la Comader avance : «Même si la pluviométrie de cette année est conséquente, le pays aura en plus besoin d’importants orages, des chutes de neige et des crues pour remplir ses barrages et alimenter la nappe. Pour le moment, le Maroc n’a pas connubeaucoup de ces phénomènes naturels, essentiels pour remédier à la pénurie d’eau». Selon lui, la seule solution qui s’offre désormais au Maroc pour redresser la pente, c’est d’arrêter l’irrigation dans les zones les plus touchées par le stress hydrique. D’ailleurs, poursuit-il : «la culture de la betterave à sucre a étésuspendue cette année dans certaines régions, notamment à Doukkala». Et de conclure :«Il est aussi possible d’arrêter certaines cultures annuelles et de réduire au minimum l’utilisation de l’eau au niveau agricole». Actuellement, ces solutions sont les seules à même d’éviter l’épuisement des réserves en eau du Royaume.

Lire aussi :Écologie : assèchement dramatique de la Moulouya

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