UM6P Science Week : IA une révolution technologique sans chômage ?
Graphique de la satisfaction de l'IA dans l'emploi, présenté lors de la Science Week à l'UM6P © LeBrief
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Alexandre Georgieff, économiste à l’OCDE, aborde, dans une présentation détaillée, les implications de l’IA sur le marché du travail. Selon lui, bien que l’IA représente une révolution technologique majeure, comparable à l’avènement de la machine à vapeur, elle ne signe pas pour autant la fin du travail humain. En revanche, elle entraînera des transformations profondes dans la nature des emplois, avec des conséquences variées selon les secteurs et les niveaux de qualification des travailleurs.
Une révolution technologique
Alexandre Georgieff commence par rassurer que “l’IA ne va pas provoquer la disparition du travail humain”. Historiquement, les révolutions technologiques ont toujours entraîné des changements structurels dans l’économie, mais elles n’ont jamais conduit à une suppression des emplois. Dans ce cas, l’IA ne fait pas exception à cette règle. Bien que certains emplois spécifiques risquent de disparaître en raison de l’automatisation, de nouveaux emplois émergeront dans des secteurs liés à la technologie, comme la robotique, l’intégration des systèmes artificiels, ou encore l’éducation et la santé, où l’IA pourrait ouvrir de nouvelles perspectives.
Cependant, cet économiste de l’OCDE insiste sur le fait que la transformation des emplois sera radicale. Une partie des tâches actuellement effectuées par les travailleurs sera automatisée, ce qui les obligera à se concentrer sur d’autres aspects de leur travail. Par exemple, un employé dont une partie des tâches répétitives est automatisée devra se concentrer sur des tâches plus complexes ou créatives. Cela signifie que les emplois ne disparaîtront pas, mais qu’ils évolueront en profondeur.
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Les travailleurs peu qualifiés en première ligne
Un des points soulevés par Georgieff concerne l’impact différencié de l’IA selon les niveaux de qualification des travailleurs. En effet, les travailleurs les moins qualifiés seront les plus exposés aux risques d’automatisation. En effet, les tâches qu’ils effectuent sont souvent plus répétitives et donc plus facilement automatisables. Ces travailleurs devront ainsi faire face à des transformations majeures dans leur emploi, voire à la disparition pure et simple de certains postes.
Dans ce sens, il souligne un paradoxe, “bien que ces travailleurs soient ceux qui ont le plus besoin de se former et de bénéficier de politiques publiques d’aide à la transition, ce sont aussi ceux qui rencontrent le plus d’obstacles pour accéder à la formation professionnelle”. Ainsi, les travailleurs les moins qualifiés risquent d’être les grands perdants de cette transition, à moins que des mesures spécifiques ne soient mises en place pour les soutenir.
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La qualité des emplois en question
Outre les aspects quantitatifs, l’IA aura également un impact sur la qualité des emplois. Alexandre Georgieff explique que l’automatisation de certaines tâches “peut rendre le travail plus agréable en éliminant les aspects les plus pénibles”. Par exemple, si l’IA prend en charge les tâches répétitives ou physiquement difficiles, les travailleurs pourront se concentrer sur des activités plus valorisantes.
Cependant, l’IA peut aussi avoir des effets délétères sur la qualité du travail. Si les travailleurs se retrouvent à effectuer uniquement les tâches les moins intéressantes, tandis que les aspects plus créatifs ou complexes sont automatisés, cela pourrait nuire à leur satisfaction au travail, explique-t-il. De plus, l’utilisation de l’IA dans la gestion des ressources humaines, comme la surveillance des employés ou l’évaluation de leurs performances, peut augmenter le stress au travail et créer un environnement de travail moins favorable.
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Les données empiriques : une transformation en cours
Pour étayer ses propos, l’économiste de l’OCDE s’appuie sur des données empiriques. Il note que, malgré le développement rapide de l’IA au cours de la dernière décennie, le taux d’emploi dans les pays de l’OCDE n’a pas diminué. Au contraire, il a atteint des niveaux records. Cela suggère que, pour l’instant, l’IA n’a pas entraîné de chômage technologique massif. En revanche, la part des offres d’emploi demandant des compétences en IA a augmenté, ce qui montre que de nouveaux emplois liés à cette technologie sont en train d’émerger.
Alexandre Georgieff cite également une étude menée par des collègues de l’OCDE, qui estime qu’environ 25% des emplois dans les pays de l’OCDE ont une part importante de tâches automatisables. Cela signifie qu’un quart des emplois pourraient être transformés de manière significative par l’IA. Cependant, il insiste sur le fait que cela ne signifie pas que ces emplois vont disparaître, mais plutôt qu’ils vont évoluer. Par exemple, les ingénieurs financiers, dont une partie des tâches de prédiction a été automatisée, se concentrent désormais sur des analyses plus complexes et sur des interactions humaines.
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Les défis politiques et réglementaires
Face à ces transformations, Georgieff souligne l’importance des politiques publiques pour accompagner les travailleurs, en particulier les moins qualifiés. La question centrale n’est pas de savoir comment pallier la disparition du travail, mais plutôt comment s’adapter à cette transformation majeure des emplois. Les gouvernements doivent mettre en place des mesures pour faciliter la reconversion professionnelle et offrir des opportunités de formation aux travailleurs les plus exposés aux risques d’automatisation.
Enfin, il aborde la question de la gestion algorithmique, c’est-à-dire l’utilisation de l’IA pour gérer les ressources humaines. Bien que les travailleurs soient globalement satisfaits de l’impact de l’IA sur leur emploi, ils expriment des inquiétudes concernant la collecte de données et les décisions prises par les algorithmes. Ces préoccupations soulignent la nécessité d’une régulation pour protéger les droits des travailleurs et garantir un environnement de travail équitable.
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