TPME : une politique d’investissement taillée à leur mesure ?
Le ministre délégué chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des politiques publiques, Karim Zidane et le président de la CGEM, Chakib Alj, le 11 mars 2025 © LeBrief
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Le constat ne date pas d’hier. Dans un pays où l’accès au crédit reste un casse-tête pour une majorité d’entreprises (seules 17% des TPE y accèdent, contre 35% dans des économies comparables), le besoin d’un cadre rassurant, adapté aux petites structures, se fait de plus en plus pressant. La Charte de l’investissement, dans son premier volet, avait déjà permis l’approbation de 326 milliards de dirhams de projets entre 2022 et 2024, mais l’essentiel de ces investissements était porté par de grandes entités privées ou publiques, notamment dans les filières industrielles lourdes ou les projets dits « stratégiques » sur le long terme.
Dans son discours d’ouverture du Conseil d’administration de la CGEM, le président de l’institution, Chakib Alj, a planté le décor : « L’élargissement du dispositif de la charte d’investissement aux TPME, que nous attendons avec impatience à la CGEM, devrait aussi permettre d’amplifier cette dynamique. Nous espérons que le mécanisme adopté et l’enveloppe qui y sera consacrée pourront renforcer la résilience de notre tissu de TPME, pierre angulaire de notre économie ». De son côté, le ministre délégué chargé de l’Investissement, Karim Zidane, invité à l’occasion du CA, a livré une présentation détaillant la mécanique de ce nouveau plan d’accompagnement ciblé, pensé pour revitaliser la colonne vertébrale de l’économie réelle !
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Dès lors, la création d’un dispositif TPME, officiellement intégré dans l’architecture juridique de la Charte de l’investissement via un décret-loi adopté fin février, ne représente pas qu’un ajustement technique : c’est avant tout une tentative de rééquilibrage de la politique d’investissement. Cela devrait logiquement mener vers plus d’inclusivité territoriale, et donc, plus d’emploi.
Parlons petits investissements
Concrètement, ce nouveau mécanisme cible les entreprises dont le chiffre d’affaires se situe entre 1 et 200 millions de dirhams, pour des projets d’investissement compris entre 1 et 50 millions de dirhams. Alors, le mot petit investissement, est tout à fait relatif ! Un seuil bas qui vise justement à démocratiser l’acte d’investir, là où les mécanismes classiques restaient souvent inaccessibles aux petites structures.
L’un des points forts du dispositif abordé par Zidane est sa gouvernance régionalisée. Les projets seront désormais pilotés au niveau des Centres Régionaux d’Investissement (CRI), avec l’appui des Commissions Régionales Unifiées d’Investissement (CRUI).
De plus, l’obligation pour l’investisseur de financer au moins 10% du projet en fonds propres ancre le dispositif dans une logique de responsabilisation entrepreneuriale, sans pour autant le rendre dissuasif. À noter également que les filières éligibles seront définies en concertation avec les départements sectoriels, permettant ainsi une meilleure cohérence avec les priorités nationales.
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L’élément peut-être le plus stratégique du dispositif est bien sûr le potentiel de création d’emplois stables, à l’heure où le gouvernement ambitionne de ramener le chômage sous la barre des 9% à l’horizon 2030. Une enveloppe de 15 milliards de dirhams a d’ailleurs été consacrée à cette nouvelle politique, dont 12 milliards directement fléchés vers le soutien à l’investissement TPME, révèle Karim Zidane.
Derrière l’ambition apparente
Mais la trajectoire esquissée ne sera pas sans embûches. Il reste beaucoup à faire pour simplifier réellement le parcours de l’investisseur. Si la volonté de remplacer 80% des autorisations par des cahiers des charges contrôlés a posteriori est saluée, la lenteur administrative, la complexité des procédures et le manque de coordination interinstitutionnelle continuent d’entraver la fluidité de l’investissement.
Par ailleurs, la question de la formation professionnelle demeure un talon d’Achille. Seulement 1% des entreprises marocaines bénéficient actuellement d’une formation continue, selon les chiffres évoqués par la CGEM. Or, sans une montée en compétences du capital humain, les TPME resteront confinées à des activités à faible valeur ajoutée.
Enfin, l’accès au financement hors circuit bancaire classique, via les fonds d’investissement ou les marchés financiers, reste embryonnaire. La bourse ou les fonds de private equity restent encore perçus comme des voies d’élite, alors qu’ils devraient au contraire devenir des relais naturels de croissance pour les PME.
C’est à ce prix que le Maroc pourra réellement faire émerger une génération d’entrepreneurs régionaux, capables de créer de l’emploi local et de porter une vision plus résiliente de la croissance. L’investissement productif ne saurait rester l’apanage des grands groupes. Il doit devenir une ambition collective.
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