Sommet-arabo-islamique : une révision des relations avec Israël est-elle possible ?

Mbaye Gueye
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Sommet-arabo-islamique : une révision des relations avec Israël est-elle possible ?Sommet arabo-islamique © DR

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Les dirigeants arabes et musulmans réunis à Doha ont condamné l’attaque israélienne qui a visé des responsables du Hamas au Qatar et fait six morts. Lors d’un sommet exceptionnel de la Ligue arabe et de l’OCI, ils ont appelé à réexaminer les relations diplomatiques et économiques avec Israël, à coordonner les actions pour suspendre son adhésion à l’ONU et à renforcer l’unité régionale face à ce qu’ils considèrent comme une menace pour la stabilité. Détails.

Pour une fois, les dirigeants arabes et musulmans sont montés au créneau après les attaques israéliennes contre le Hamas sur le territoire qatari. Réunis à Doha lors d’un sommet exceptionnel de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), ils ont unanimement condamné l’attaque israélienne survenue la semaine dernière dans la capitale qatarie, qui a visé des responsables du Hamas et causé la mort de six personnes, dont un membre des forces de sécurité du Qatar.

A l’issue de cette rencontre, les dirigeants arabes et musulmans ont appelé tous les Etats membres à « revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël et à engager des poursuites à son encontre ». Cette décision traduit la volonté de hausser le ton après une attaque jugée sans précédent dans un pays souvent sollicité comme médiateur dans les négociations sur Gaza en vue d’un cessez-le-feu.

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La déclaration finale va plus loin en appelant les États membres à coordonner leurs efforts pour suspendre l’adhésion d’Israël aux Nations unies. Une mesure avant tout symbolique, mais lourde de sens dans un contexte d’isolement diplomatique croissant de l’État hébreu.

Si plusieurs pays arabes présents reconnaissent Israël — comme l’Égypte, la Jordanie, le Maroc, Bahreïn et les Émirats arabes unis — leurs dirigeants n’ont pas tous pris part aux discussions. Les Émirats, Bahreïn et le Maroc étaient représentés par de hauts responsables, ce qui peut être interprété comme un signe de prudence.

Un appel à l’unité face à Israël

L’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, a ouvert le sommet en accusant Israël de vouloir « faire échouer les négociations » en cours pour un cessez-le-feu à Gaza. Selon lui, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, entretient « l’illusion dangereuse » de transformer la région arabe en « sphère d’influence israélienne ».

Plusieurs dirigeants ont relayé cet appel à la vigilance. Le président iranien, Massoud Pezeshkian, a averti que « demain, ce pourrait être le tour de n’importe quelle capitale arabe ou islamique », appelant à l’unité face à Israël. De son côté, le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a estimé que cette attaque « érige des obstacles devant toute perspective de nouveaux accords de paix » et menace même ceux déjà existants.

Pour sa part, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a dénoncé la volonté d’Israël de « poursuivre les massacres et le génocide en Palestine, tout en déstabilisant la région ».

Les équilibres régionaux fragilisés

L’attaque de Doha survient alors qu’Israël et son principal allié, les États-Unis, cherchent à élargir les accords d’Abraham, signés en 2020 avec les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc. Washington espère convaincre l’Arabie saoudite, poids lourd régional, de rejoindre ce processus. Mais la frappe israélienne au Qatar fragilise ces ambitions et alimente le scepticisme des pays déjà liés à Israël.

En marge du sommet, les six monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ont tenu une réunion afin d’adresser un message direct aux États-Unis. Elles ont appelé Washington à « user de son influence » pour contenir Israël. « Nous attendons des États-Unis, notre partenaire stratégique, qu’ils fassent pression pour que ce pays mette fin à de tels agissements », a déclaré Jassem Al-Budaiwi, secrétaire général du CCG.

Les Etats-Unis dans une position délicate

L’attaque israélienne a suscité une vague de condamnations internationales, y compris de la part des alliés arabes de Washington. Fait rare, les États-Unis eux-mêmes ont exprimé leur désapprobation. Cette position illustre la difficulté de l’administration américaine à ménager ses alliances au Proche-Orient tout en maintenant son soutien à Israël.

Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, se trouvait lundi à Jérusalem, dans le cadre d’un déplacement prévu avant l’attaque au Qatar. Il y a réaffirmé le « soutien indéfectible » de son pays à Israël dans son objectif d’éliminer le Hamas. Mais il est attendu mardi à Doha, où ses discussions s’annoncent tendues avec les dirigeants du Golfe et du monde musulman.

Sommet arabo-islamique : solidarité avec Doha et dénonciation de l’agression israélienne

Ce sommet exceptionnel a mis en lumière l’ampleur des tensions régionales autour de la question israélo-palestinienne. Pour de nombreux pays arabes et musulmans, l’attaque à Doha est perçue comme un franchissement de ligne rouge. Elle pourrait peser lourdement sur les dynamiques diplomatiques en cours et freiner tout projet de normalisation supplémentaire.

Le message des dirigeants réunis à Doha est clair : Israël doit être tenu pour responsable, et les États arabes et musulmans doivent resserrer leurs rangs pour faire face à ce qu’ils considèrent comme une menace croissante pour la stabilité régionale.

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