Rien ne va plus entre la France et l’Algérie
Drapeau de l'Algérie et la France © DR
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Les relations diplomatiques entre la France et l’Algérie se sont considérablement détériorées ces derniers mois, alimentées par plusieurs événements. Au cœur de cette crise, une série de différends a exacerbé les tensions et relancé le débat sur la gestion des relations franco-algériennes, notamment en matière d’immigration et de sécurité.
La France exige une révision des accords bilatéraux avec l’Algérie
Le soutien de Paris au Maroc
Depuis l’été 2024, les relations entre la France et l’Algérie ont franchi un point de non-retour, notamment après le soutien de Paris au plan d’autonomie marocain pour le Sahara. Ce soutien a provoqué une réaction virulente d’Alger. Le geste français a été perçu comme une trahison de la part de notre voisin de l’est, d’autant plus qu’il s’est toujours opposé à la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur cette zone. En réponse, Alger a annulé la visite prévue de son président, Abdelmadjid Tebboune, à Paris, plongeant davantage les deux pays dans une impasse diplomatique.
Ce soutien à la position marocaine a marqué un tournant dans les relations bilatérales, déclenchant une série de répercussions dans d’autres domaines. Les visites de responsables français dans les provinces sahariennes, perçues comme un signe de soutien à la politique marocaine, ont aussi envenimé le climat. En particulier, la récente visite de la ministre française de la Culture dans les provinces du sud, suivie par celle du président du Sénat français, Gérard Larcher, à Laâyoune, a exacerbé les tensions. Ces déplacements ont été jugés par Alger comme une provocation et une ingérence dans un dossier sensible pour l’Algérie.
Et pour protester contre la visite de Gérard Larcher, le bureau du Conseil de la Nation, présidé par Salah Goudjil, a suspendu ses relations avec le Sénat français. Il a qualifié cette initiative de «dérive d’une extrême gravité» et l’a dénoncée comme «irresponsable, provocatrice et ostentatoire».
L’attaque de Mulhouse
L’attentat de Mulhouse, survenu le 24 février dernier, a constitué un véritable tournant dans la crise actuelle entre les deux pays. Le principal suspect de l’attaque, un Algérien en situation irrégulière et déjà sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), a été désigné comme un «terroriste» par les autorités françaises. Cet homme, qui avait été présenté à maintes reprises aux autorités algériennes sans jamais être rapatrié, avait pu échapper à l’expulsion, ce qui a profondément choqué les autorités françaises.
Cet incident a mis en lumière un point de friction majeur entre les deux nations : la coopération en matière d’immigration. Le refus de l’Algérie de reprendre ses ressortissants expulsés a exacerbé les tensions, poussant le premier ministre français François Bayrou à organiser un comité interministériel sur la question de l’immigration. Lors de cette réunion, Bayrou a dénoncé le refus d’Alger de coopérer dans ce dossier, mettant en cause l’efficacité des accords bilatéraux sur l’immigration, notamment celui de 1968, qui régit les conditions de séjour et de travail des Algériens en France.
La France et l’Algérie face à l’accord de 1968
L’accord franco-algérien de 1968, qui accorde un statut particulier aux Algériens en France, est l’un des points les plus sensibles de la relation bilatérale actuelle. Cet accord, qui facilite l’entrée des Algériens en France, leur permet de s’établir librement et d’accéder à des titres de séjour de longue durée, a été révisé à plusieurs reprises au fil des décennies. Pourtant, sa mise en œuvre reste un sujet de discorde, en particulier en raison du refus récurrent d’Alger de reprendre ses ressortissants expulsés.
Dans ce contexte tendu, la France envisage désormais des mesures plus sévères, y compris une réduction des visas délivrés aux ressortissants algériens. En 2024, la France a accordé 250.000 visas, mais face aux difficultés croissantes liées aux expulsions et à l’attitude d’Alger, cette politique pourrait être revue pour inclure des restrictions ciblées.
Le gouvernement français a également exprimé sa volonté de réexaminer l’accord de 1968, et plusieurs personnalités politiques ont évoqué la possibilité de le dénoncer si Alger ne répondait pas positivement à la demande de coopération renforcée. En parallèle, des mesures visant à restreindre la circulation de certains dignitaires algériens sont également sur la table. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a d’ailleurs souligné que la situation devenait de plus en plus grave, et des actions concrètes pourraient être prises pour limiter les visas et cibler spécifiquement ceux impliqués dans les tensions diplomatiques.
Sahara : que cache la colère de l’Algérie contre la France ?
L’emprisonnement de Boualem Sansal
Un autre sujet sensible a jeté de l’huile sur le feu : l’emprisonnement de l’écrivain Boualem Sansal en Algérie. Ce dernier, connu pour ses positions critiques envers le régime algérien, a été incarcéré en novembre 2024, suscitant l’indignation de la France. Sansal, qui possède la double nationalité franco-algérienne, est perçu comme un symbole de la résistance intellectuelle face au régime algérien et son arrestation a été interprétée par Paris comme une tentative de museler les voix dissidentes. Cette répression a alimenté la perception en France d’un climat de répression et d’intolérance politique en Algérie, exacerbant les tensions diplomatiques.
Face à cette situation, le gouvernement français a exprimé sa «grande inquiétude» concernant la santé de Boualem Sansal, tout en appelant à sa libération. Cette question est devenue un point de friction supplémentaire dans un contexte déjà tendu.
France-Algérie, quel avenir ?
À court terme, la France a indiqué qu’elle était prête à prendre des mesures concrètes pour répondre aux comportements jugés inacceptables de l’Algérie, notamment la révision des accords de 1968 et la réduction des visas. Toutefois, la France se montre prudente et insiste sur le fait que son objectif n’est pas d’escalader la situation, mais de forcer un changement dans les comportements algériens.
Dans le même temps, la France cherche à renforcer la coopération européenne sur la question de l’immigration, avec des mesures envisageant des restrictions de visas à l’échelle de l’Union européenne pour les pays récalcitrants à reprendre leurs ressortissants expulsés. Le cadre de l’asile et de la migration, particulièrement avec la transposition du pacte européen sur la migration et l’asile, pourrait bien devenir un autre terrain de confrontation entre les deux nations, mais aussi un potentiel levier de résolution.
Dans tous les cas, il est évident que les tensions actuelles pourraient redéfinir les contours de la relation entre la France et l’Algérie pour les années à venir, qu’il s’agisse de révision des accords, de nouvelles sanctions ou d’un retour à la table des négociations. Une chose est certaine, l’avenir de cette relation se joue sur un fil tendu, entre la volonté de coopération et un rapport de force de plus en plus manifeste.
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