Et si les entreprises publiques étaient plus compétitives que le privé ?
L'ONCF est l'un des meilleurs exemples de réussite du public. Al Boraq, train à grande vitesse © DR
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Le Maroc compte, à fin septembre 2025, 267 établissements et entreprises publics, parmi lesquels de grands noms comme l’ONCF, l’ONEE, l’ONDA, la RAM ou encore la CDG. A ces structures s’ajoutent plus de 500 filiales et participations dans quasiment tous les secteurs : énergie, transport, eau, agriculture, santé, éducation ou encore infrastructures.
Réforme structurelle : chasse au gaspillage
Depuis 2021, une réforme profonde du secteur public a été enclenchée avec la loi-cadre n°50-21 et la création de l’Agence nationale de gestion stratégique des participations de l’Etat (ANGSPE). Cette agence permet notamment de simplifier et de rendre cohérente la galaxie des entreprises publiques. Cela passe donc par la fusion ou la liquidation d’entités redondantes ou déficitaires. Ou encore, la mise en place d’une Instance centrale de liquidation pour accélérer les procédures et la révision du contrôle financier de l’Etat, désormais axé sur la performance plutôt que sur l’administratif.
Clairement, cette réforme vise à transformer des organismes parfois lourds en entreprises compétitives, capables de produire de la valeur au même titre que le privé, mais au service de l’intérêt général.
Selon le rapport, les EEP sont les bras armés de la stratégie de développement du Royaume. Ils construisent des infrastructures, soutiennent les politiques sociales et accompagnent la régionalisation. L’Etat continue d’injecter des fonds via des subventions, des dotations en capital et des taxes parafiscales, mais reçoit aussi en retour des dividendes et des contributions fiscales. Cette interdépendance financière crée une boucle où la performance des EEP devient essentielle à l’équilibre budgétaire.
Dans des secteurs comme la santé, l’éducation, l’énergie ou l’agriculture, les EEP jouent un rôle direct :
- Ils participent à la généralisation de la couverture médicale et à la modernisation des hôpitaux,
- Ils contribuent à la formation du capital humain, pilier du Nouveau modèle de développement,
- Et ils investissent dans la réduction des disparités régionales, en lien avec des institutions comme le Fonds Hassan II ou le Fonds d’Equipement Communal.
Public-privé : compétition ou coopération ?
Oui, au lieu de les opposer, nous pourrions revenir sur la montée en puissance des Partenariats Public-Privé (PPP). Près de 60 projets, représentant plus de 50 milliards de dirhams, sont déjà recensés dans des domaines aussi stratégiques que l’eau, l’énergie, l’agriculture, la santé ou l’enseignement supérieur.
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Ces partenariats, encadrés par la loi n°46-18, incarnent une vision plus moderne, à savoir que le public et le privé ne sont plus rivaux, mais complémentaires. Une Commission nationale des PPP, présidée par le Chef du gouvernement, veille, d’ailleurs, à la cohérence et à la rentabilité de ces projets.
En parallèle, la dématérialisation des procédures, la normalisation comptable, la lutte contre le blanchiment et la réduction des délais de paiement participent à rendre l’environnement plus sain et plus attractif pour les investisseurs.
Par ailleurs, le rapport n’hésite pas à souligner que les EEP deviennent désormais de grands leaders de la transition écologique. Sous le pilotage du projet international ICAT (Initiative for Climate Action Transparency), le Maroc a commencé à mesurer les financements climatiques de ses entreprises publiques.
Un échantillon de 44 EEP a été évalué, dont 10 ont déjà lancé 58 projets verts entre 2022 et 2024, pour un montant global de 54 milliards de dirhams. Ces projets couvrent l’énergie, l’eau, l’agriculture et les infrastructures et visent à réduire les émissions tout en adaptant l’économie aux impacts du changement climatique.
Certaines institutions, comme la CDG ou le Crédit Agricole du Maroc, disposent déjà d’outils ESG avancés. Le rapport recommande désormais une taxonomie verte nationale et un reporting climat standardisé pour tout le portefeuille public.
Un nouveau modèle de gouvernance
Ce que dessine essentiellement le PLF 2026, c’est une nouvelle manière de gérer le patrimoine public, avec plus de transparence, plus de performance et une vision intégrée, économique, sociale et environnementale. Les EEP deviennent ainsi des leviers du développement, des acteurs de la transition verte et des partenaires du secteur privé.
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La question n’est donc plus de savoir si le secteur public est trop lourd ou trop coûteux, mais plutôt : et si les entreprises publiques devenaient enfin aussi, voire plus, compétitives que le privé ?
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