Offshoring : « La nouvelle Offre Maroc ouvre une nouvelle ère », selon Youssef Chraibi

Avatar de Hajar Toufik
Temps de lecture :

Offshoring : « La nouvelle Offre Maroc ouvre une nouvelle ère » selon Youssef ChraibiYoussef Chraibi, président du Groupe Outsourcia et président de la Fédération marocaine de l’externalisation des services (FMES) © DR

A
A
A
A
A

La nouvelle circulaire Offshoring instaure un cadre inédit pour booster l’attractivité du Maroc et stimuler les métiers à forte valeur ajoutée, tout en sécurisant les investissements.

Le gouvernement vient de rendre publique une nouvelle circulaire définissant les conditions d’octroi des avantages liés à l’Offre Offshoring Maroc. Ce texte, entré en vigueur le 1er juillet 2025, se veut un instrument décisif dans la stratégie nationale d’attractivité numérique.

Pour mesurer sa portée, nous avons interrogé Youssef Chraibi, président du Groupe Outsourcia et président de la Fédération marocaine de l’externalisation des services (FMES), qui évoque une réforme « attendue, structurante et stratégique pour le Maroc ».

Lire aussi : Le gouvernement publie une circulaire encadrant l’Offre Offshoring Maroc 

Un cadre pour consolider les acquis et accélérer la montée en gamme

Pour Youssef Chraibi, la publication de cette circulaire intervient dans un contexte international où la compétition autour des métiers de l’externalisation s’intensifie. « Cette circulaire répond à un double besoin stratégique : consolider les acquis du Maroc dans l’outsourcing et enclencher une montée en gamme vers des métiers à plus forte valeur ajoutée », explique-t-il.

Selon lui, le timing n’a rien de fortuit. La mise en œuvre de la stratégie Digital Morocco 2030 place le pays devant un impératif d’accélération. « La concurrence s’organise, notamment en Afrique et en Europe de l’Est. Pour conserver notre avance, nous devons mettre en place un cadre volontariste et lisible », poursuit-il. La circulaire apporte ainsi une réponse politique forte, destinée autant à attirer de nouveaux investisseurs qu’à fidéliser ceux déjà installés. « C’est un signal clair : le Maroc veut rester un leader et passer à l’étape supérieure », nous dit Chraibi.

Une rupture avec les anciens dispositifs : place à l’opérationnel

Le président de la FMES estime que cette circulaire marque une véritable inflexion de la politique publique. « On passe d’un dispositif classique et générique à un modèle concret, orienté vers la création d’emplois et la montée en compétence ».

Il met en avant la prime directe à l’emploi, couvrant 17% du revenu brut imposable pour chaque nouvelle embauche marocaine, qu’il qualifie de « levier RH puissant », ainsi que la prime à la formation représentant 3,5% du revenu brut imposable sur cinq ans, un mécanisme qui « sécurise les ramp-up tout en préservant la compétitivité des entreprises ».

Autre évolution : la simplification administrative. La possibilité de s’installer en cinq jours est qualifiée d’« avancée majeure », notamment grâce à une offre immobilière plus flexible dans les P2I Offshoring. « Nous n’avions jamais eu un tel niveau de réactivité », souligne-t-il. L’objectif est clair : disposer d’« outils opérationnels, concrets, et non plus de simples promesses administratives ».

Lire aussi : Outsourcing : Youssef Chraibi dresse les perspectives et défis du secteur 

130.000 emplois et 40 MMDH d’exportations visés

La circulaire s’inscrit dans une vision économique de long terme. L’ambition est de créer 130.000 emplois d’ici à 2030 et de doubler les revenus à l’export pour atteindre 40 milliards de DH.

Le texte vise également à repositionner les entreprises marocaines sur les métiers à forte valeur ajoutée et à renforcer la souveraineté digitale du pays. « Le Maroc doit devenir un hub régional entre l’Europe et l’Afrique. Cette circulaire donne aux investisseurs une visibilité stratégique sur plusieurs années », relève notre interlocuteur.

Dans un contexte géopolitique mouvant, la réforme représente aussi un outil d’attraction pour les groupes internationaux ayant besoin de diversifier et sécuriser leurs opérations.

Le rôle des P2I : efficacité, simplicité et installation immédiate

Les Plateformes industrielles intégrées (P2I Offshoring) demeurent un élément central du dispositif. Elles permettent aux entreprises d’être opérationnelles immédiatement, dans un environnement standardisé et totalement prêt à l’emploi. « Elles libèrent les entreprises de la charge administrative et leur offrent un cadre fiable, conçu pour démarrer sans délai », note Chraibi.

La circulaire ne modifie pas leur architecture, mais renforce un engagement essentiel : toutes les demandes doivent être traitées en cinq jours. « Ce n’est pas un détail. Dans notre secteur, la vitesse d’exécution est un avantage stratégique », ajoute-t-il.

Une première phase décisive : éviter les retards du passé

Plusieurs attentes demeurent. Le traitement rapide des dossiers d’éligibilité est jugé crucial pour éviter « le syndrome des bonnes idées qui tardent à devenir opérationnelles ».

La digitalisation intégrale du processus et le respect strict des délais de déblocage des financements sont également nécessaires. « Les précédents programmes ont accumulé des retards de plusieurs années. Certains acteurs ont été découragés. Nous ne pouvons plus nous permettre cela », note-t-il.

Enfin, si la circulaire apparaît solide et alignée sur les besoins du secteur, deux chantiers restent à consolider : la garantie des délais de traitement et une transparence totale sur l’impact des mesures. « Il faut piloter par la donnée. Nous avons besoin d’indicateurs fiables : nombre de dossiers acceptés, montants versés, emplois réellement créés. C’est la seule manière de maintenir la confiance et d’évaluer efficacement les résultats », insiste Youssef Chraibi. Pour lui, cette circulaire n’est pas un texte de plus : « C’est une déclaration d’intention stratégique. À nous, acteurs publics et privés, de la transformer en résultats tangibles pour inscrire durablement le Maroc sur la carte mondiale de l’économie du savoir », conclut-il.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Le Maroc réélu aux instances dirigeantes de l’ONUDI

Économie - Le Maroc confirme son rôle clé au sein de l'ONUDI, renforçant son engagement pour le développement industriel et la coopération internationale.

Mouna Aghlal - 27 novembre 2025
L’ONEE lance le projet stratégique de lignes UHT Boujdour–Tensift

Économie - L’ONEE lance un projet de lignes Ultra Haute Tension Boujdour–Tensift pour transporter 2.000 MW d’énergie renouvelable et renforcer le réseau national électrique.

Hajar Toufik - 26 novembre 2025
CDG Invest Management investit dans Plastics & Plating pour renforcer l’intégration industrielle au Maroc

CDG Invest Management investit dans Plastics & Plating pour soutenir la montée en gamme industrielle au Maroc

Rédaction LeBrief - 26 novembre 2025
Intelcia : le management reprend la main et ouvre une nouvelle ère de croissance

Économie - La reprise des parts d’Altice par les dirigeants d’Intelcia marque un tournant stratégique pour le groupe, désormais entièrement contrôlé par son management et prêt à renforcer son expansion mondiale, son innovation technologique et sa diversification IT.

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2025
Akhannouch et la BAD explorent de nouvelles pistes de coopération

Économie - Au cours d’une rencontre à Rabat, Aziz Akhannouch et le président du Groupe de la BAD, Sidi Ould Tah, ont consolidé une coopération stratégique couvrant les infrastructures, l’énergie et l’emploi des jeunes, tout en ouvrant la voie à de nouveaux projets communs.

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2025
IMC 2025 : quand intégration et technologie redessinent la stratégie minière du Royaume

Économie - Au cœur de l’IMC 2025, le panel consacré au Maroc minier met en lumière une stratégie fondée sur la souveraineté industrielle, l’innovation locale et l’essor des PME.

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2025
Voir plus
Visa Schengen : le cauchemar européen à prix d’or

Dossier - Entre les délais interminables, les coûts exorbitants et les parcours semés d’embûches, obtenir un visa Schengen c’est devenu…

Sabrina El Faiz - 26 juillet 2025
Coût, impact… tout savoir sur la nouvelle LGV Kénitra-Marrakech

Économie - Le Maroc lance l’extension de sa LGV vers Marrakech, un projet structurant qui transformera durablement la mobilité, l’économie et la connectivité entre les grandes villes.

Hajar Toufik - 25 avril 2025
Où en est l’avancement du gazoduc Nigeria-Maroc ?

Économie - Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc progresse : 13 pays engagés, signature intergouvernementale à venir et lancement d’un premier tronçon entre Nador et Dakhla.

Hajar Toufik - 14 juillet 2025
BTP : le Maroc bétonne ses règles

Dossier - Pas d’attestation, pas de chantier. C’est simple, non ? Pas de couverture décennale, pas de livraison. N'y réfléchissons pas trop !

Sabrina El Faiz - 19 juillet 2025
Régions : qui profite vraiment du Maroc des grands chantiers ?

Économie - Le Maroc construit partout, mais se développe-t-il partout ? Analyse région par région…

Sabrina El Faiz - 25 octobre 2025
Indemnités CNSS 2025 : nouveaux plafonds et conditions d’exonération

Économie - Un arrêté du 19 mai 2025 redéfinit les règles d’exonération des indemnités liées au transport, à la représentation ou aux aides sociales. La CNSS est désormais dotée d’un cadre harmonisé avec la fiscalité, garantissant plus de clarté pour les employeurs.

Ilyasse Rhamir - 20 octobre 2025
pub

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire