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Lutte contre les fake news : il y a du chemin à faire
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La problématique des fake news (fausses informations) prend une ampleur grandissante à l’échelon mondial et national. Elle est exacerbée par l’usage, de plus en plus généralisé, des smartphones et des réseaux sociaux. Son effet délétère peut impacter à la fois les individus, les organisations et la société en général.
Dans son avis intitulé « les fake news, de la désinformation à l’accès à une information avérée et disponible », le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a examiné un ensemble de pratiques qui contribuent à la propagation des fausses nouvelles. Composé de 26 pages, le document propose également des solutions à même de limiter l’impact négatif de la propagation des fake news auprès de la population et de garantir un accès à une information véridique.
Les fake news circuleraient six fois plus vite que les vraies
Dans son rapport, le Conseil indique que la propagation des fake news est un phénomène ancien qui s’est amplifié avec l’introduction et la démocratisation des nouveaux outils d’information et de communication. Selon une étude menée par Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 2018, les fausses informations circuleraient six fois plus vite que les vraies.
La diffusion intentionnelle de fausses informations est devenue un outil largement utilisé pour réaliser des profits, influencer les comportements ou nuire aux organisations, voire même aux États. Cela porte ainsi atteinte à l’ordre public et au bon fonctionnement des marchés, alerte le Conseil.
La circulation de ces fausses informations est favorisée par l’accès limité à une information officielle et avérée, d’autant plus que le citoyen est très peu outillé pour vérifier l’authenticité du flot d’information circulant dans les divers supports médiatiques, note le rapport. De plus, l’intervention parfois malveillante de certains «influenceurs» vient accroitre le niveau de visibilité des fake news.
Lire aussi : Choc inflationniste : les principales recommandations du CESE
Qu’est-ce qui favorise la propagation des fausses informations au Maroc ?
Le document révèle qu’au Maroc, un certain nombre de dysfonctionnements et de fragilités favorisent la propagation des fausses informations. Il s’agit notamment du manque de diffusion systématique et de mise à jour des données officielles de certaines administrations, bien que les dispositions de la loi n°31-13 relative au droit d’accès à l’information le stipulent expressément.
La même source évoque également l’insuffisance des ressources humaines et matérielles à même de permettre aux différents canaux médiatiques publics de lutter efficacement contre la propagation des fake news.
Aussi, le CESE fait état d’un manque criant de plateformes de « fact-checking » performantes et capables d’assurer une meilleure vérification des faits, à l’exception de quelques initiatives isolées.
Durant la période allant de 2019 à fin août 2022, le nombre de dossiers enregistrés auprès des tribunaux liés à la diffusion de fausses informations a atteint un total de 226 dossiers. Ces derniers sont répartis entre «l’atteinte à l’ordre public ou suscitation de la frayeur parmi la population» avec 175 dossiers, «l’impact sur la discipline ou le moral des années» (9 dossiers) et «l’incitation directe à la haine ou à la discrimination» (42 dossiers).
Quid des solutions ?
Le CESE a recommandé de mettre en œuvre certaines mesures. Le but est d’atténuer les effets des fake news et de renforcer les capacités des citoyens en termes d’esprit critique à l’égard des informations qui circulent.
À ce titre, il a appelé à garantir l’effectivité du droit d’accès à l’information publique, notamment en rendant obligatoire la diffusion, sur le site de l’administration concernée, de tous les documents officiels publics dans les 24 heures suivant leur adoption. L’organe a aussi prôné la mise en place d’une plateforme numérique publique de « fact-checking » des informations officielles du Maroc, en veillant à tirer profit des initiatives lancées par certaines institutions (MAP, HACA, etc.).
En outre, le rapport insiste sur le renforcement des programmes d’éducation aux médias et le développement du sens critique chez les usagers depuis le plus jeune âge. Sans oublier de sensibiliser les producteurs d’information, professionnels et non-professionnels (blogueurs, influenceurs, etc.), sur leur rôle et leurs responsabilités en matière de lutte contre les fake news.
Par ailleurs, le CESE appelle à encourager la recherche scientifique et la coopération internationale. Il est ainsi question de mettre en place, en partenariat entre l’État, les professionnels et les universités, des programmes de recherche et de développement d’outils de veille et de lutte contre la propagation des fake news.
Lire aussi : Code de la famille : le CESE appelle à un débat public responsable
Fausses informations : consultation citoyenne sur « ouchariko.ma »
Il est à noter que cet l’avis du CESE avait été adopté à l’unanimité par l’assemblée générale, lors de sa 141e session ordinaire tenue le 29 décembre dernier. Il a été élaboré sur la base d’une approche participative, un large débat regroupant différentes catégories, notamment le Conseil, outre des auditions organisées avec les acteurs concernés.
S’y ajoute une consultation lancée sur la plateforme digitale de participation citoyenne du Conseil « ouchariko.ma ». 75.372 personnes y ont participé avec 626 réponses au questionnaire.
Par rapport à la réception des informations non fiables, les résultats du sondage laissent indiquer que près de 93% des répondants reçoivent des informations qui semblent non fiables, tandis que seuls 7% déclarent ne pas recevoir d’informations non fiables.
En ce qui concerne le partage des informations, 51% des participants au sondage reconnaissent avoir déjà transmis des informations qu’ils soupçonnaient à leurs contacts (en majorité 43% sans en être conscients). 49% déclarent ne pas transmettre des informations douteuses.
S’agissant de la vérification de l’information, 55% des participants au sondage vérifient toujours les informations avant de les transférer. 43% d’entre eux vérifient parfois les informations avant de les transférer. Seuls 3% ne vérifient jamais les informations avant de les transférer.
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