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La grève est-elle une «histoire» française ?

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Les grèves semblent occuper une place importante dans l’imaginaire français : dans la littérature avec “Germinal”, ou encore l’histoire contemporaine avec le Front Populaire ou Mai 68. Jusqu’à la fameuse «grève du bus» des bleus à Knysna lors de la Coupe du Monde de Football de 2010…

Virginie Girod reçoit Laure Machu, historienne et maîtresse de conférence, spécialiste de l’histoire du droit du travail et des mouvements sociaux, auteure de Le Travail en Europe occidentale des années 1830 aux années 1930″ (Presses universitaires de Rennes).

Peut-on vraiment dire que la grève est une spécificité française ? Quelle a été la place des femmes dans les mouvements de grève pendant la Première Guerre mondiale ? Quelles sont les revendications des manifestants au moment du Front populaire en 1936 et pourquoi les appelle-t-on les «grèves de la joie» ? Et en quoi Mai 68 est-il un mouvement de grève très particulier dans l’Histoire ?

«Il y a eu plusieurs mouvements de grève qui ont eu une dimension européenne, où la France n’était pas isolée», précise Laure Machu.La première grande série de grèves du XX? siècle a lieu pendant la Première Guerre mondiale.
«L’une des spécificités, ce qui fait le caractère inédit des grèves de 1917 en France, c’est la présence féminine puisque jusque-là, les femmes étaient beaucoup moins représentées que les hommes dans les mouvements de grève pour un certain nombre de raisons, parce qu’elles étaient notamment dans des emplois ou dans des secteurs où il était moins facile de faire grève et qu’elles étaient relativement marginalisées dans les organisations syndicales.

Et puis le fait de faire grève pour une femme était considéré comme moins légitime que pour un homme. Or, les grèves de 1917 sont incontestablement des grèves féminines. Cette participation massive des femmes s’explique par leur place dans l’économie de guerre. Il y a deux mouvements de grève féminins en 1917 : celui des midinettes, c’est-à-dire des ouvrières de la couture parisienne, et celui des munitionnaires, c’est-à-dire des femmes qui travaillent dans les usines d’armement, à la place des hommes notamment, par exemple chez Renault ou chez Citroën.

Et ces femmes franchissent un double interdit, commettent une double infraction : d’abord, celle de faire grève en tant que femmes. Ensuite, celui de faire grève en temps de guerre».

1968, les grèves deviennent un mouvement de contestation de la société

«On peut dire que les grèves de 1968 s’inscrivent dans un mouvement contestataire, dans le sens où, dans les grèves, il y a une remise en cause des formes d’autorité, celle du patron de l’usine, mais aussi celle des organisations syndicales. Et là, on voit une jonction avec d’autres mouvements sociaux, avec celui des étudiants et avec celui aussi des femmes.

Ensuite, dans les années 70, il y a une articulation entre les autres formes de mobilisations pour bouleverser les traditions et les mœurs. Il y a des acquis sociaux, des augmentations de salaires, des nouveaux droits sociaux, la création de la section syndicale d’entreprise.

Mais fondamentalement, ces acquis sociaux ne répondent qu’en partie aux aspirations des grévistes. Et notamment, il n’y a pas de remise en cause de la rationalisation de l’ordre disciplinaire à l’intérieur des usines».

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