Impôts : une année record pour la DGI

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Impôts : une année record pour la DGILa Direction générale des impôts (DGI) © DR

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Entre réformes ambitieuses, transformation numérique et mobilisation record des recettes, la Direction Générale des Impôts a opéré en 2024 une mutation profonde de ses outils, pratiques et ambitions. Au-delà des chiffres, un virage structurel se dessine, avec des effets concrets sur l’économie nationale.

L’année 2024 a été celle d’un tournant stratégique pour la Direction Générale des Impôts (DGI). Engagée dans une dynamique de réforme et de modernisation de ses services, l’administration fiscale a non seulement renforcé ses capacités de collecte, mais aussi amélioré son interaction avec les contribuables.

Le rapport annuel publié récemment met en lumière des avancées notables tant sur le plan organisationnel que technologique, avec un cap clair : faire du Maroc un modèle de gouvernance fiscale aligné sur les meilleurs standards internationaux.

Des recettes fiscales en nette progression

Avec un total de 242,48 milliards de dirhams collectés en 2024, en hausse de 16% par rapport à l’année précédente, la DGI signe une performance historique. Ce montant représente un taux de réalisation de 114,9% par rapport aux prévisions de la Loi de Finances. Cette dynamique repose largement sur les recettes spontanées, qui représentent 93% du total et traduisent une adhésion croissante des contribuables à la logique de conformité volontaire.

Plusieurs facteurs expliquent cette évolution. D’abord, la réforme progressive de la TVA, entamée en 2024, vise à simplifier le système et à en renforcer la neutralité économique. Ensuite, le dispositif de régularisation volontaire a permis de mobiliser près de 6,4 milliards de dirhams, preuve que la politique d’incitation fonctionne. Les recettes additionnelles issues du contrôle fiscal, elles, ont progressé de 26%, pour atteindre 17,77 MMDH.

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Cette performance est aussi soutenue par la modernisation des outils de recouvrement et de traitement des contentieux : 76% des réclamations fiscales ont été liquidées dans un délai de 30 jours, un chiffre en hausse de 7 points par rapport à 2023.

Une administration plus proche et plus connectée

La DGI a fait de la digitalisation un levier central de sa transformation. En 2024, plus de 24,5 millions d’opérations fiscales ont été réalisées en ligne, qu’il s’agisse de déclarations, paiements ou demandes d’attestation. Ce chiffre, en hausse de 8%, traduit l’ancrage croissant des services dématérialisés dans les pratiques des contribuables. Avec plus de 2,5 millions d’adhérents aux plateformes numériques, l’administration a réussi à tisser une relation plus fluide et sécurisée avec les usagers.

Sur le terrain, l’accueil et l’accompagnement ont également été renforcés. Les anciens bureaux d’accueil ont été transformés en services régionaux d’assistance, avec des équipes formées aux nouvelles techniques de communication. Le résultat est que plus de 110;000 assistances ont été réalisées en 2024, que ce soit par téléphone, mail ou via des plateformes interactives.

Ce virage technologique s’accompagne d’une volonté de simplifier l’accès à l’information. La DGI a ainsi multiplié les sessions d’éducation fiscale, les webinaires et les rencontres avec les experts-comptables, dans une optique de sensibilisation à grande échelle.

Régularisation fiscale volontaire : un succès qui dépasse les espérances

Une réforme structurelle du système fiscal

Au-delà des résultats immédiats, l’année 2024 s’inscrit dans un chantier plus large : celui de la réforme fiscale définie par la loi-cadre 69-19. La DGI a enclenché l’exécution du plan stratégique 2024-2028, articulé autour de six axes, dont la mobilisation du plein potentiel fiscal, la promotion du civisme fiscal et le renforcement de la gouvernance.

La réforme de la TVA, qui s’échelonnera jusqu’en 2026, en constitue un pilier. Elle comprend notamment l’exonération de produits de première nécessité (eau, médicaments, fournitures scolaires), et un alignement progressif des taux pour réduire les effets de butoir et favoriser la transparence. L’impôt sur les sociétés a également été clarifié pour les entreprises dégageant des bénéfices exceptionnels.

Par ailleurs, la DGI a poursuivi son travail d’intégration du secteur informel via de nouveaux mécanismes de retenue à la source, d’auto-liquidation de la TVA, et de lutte contre la fraude. L’adoption du principe du « droit à l’erreur », introduit en 2024, marque aussi un changement de paradigme : l’administration privilégie désormais la correction spontanée à la sanction systématique.

DGI : plus de 24,5 millions d’opérations fiscales dématérialisées en 2024

Une influence croissante à l’échelle internationale

En 2024, le Maroc, via la DGI, a renforcé sa présence sur la scène fiscale mondiale. Le Royaume a été réélu pour la quatrième fois au conseil du Forum des Administrations Fiscales Africaines (ATAF), et a siégé au Bureau du Comité intergouvernemental de l’ONU sur la coopération fiscale, aux côtés de l’Égypte, du Ghana et du Kenya. Ces mandats confirment le leadership marocain en matière de bonne gouvernance fiscale.

Sur le plan bilatéral, la DGI a multiplié les coopérations techniques, notamment avec l’Espagne et la France. Elle a également participé à plusieurs conférences sur les cryptoactifs, les échanges de renseignements et la digitalisation des administrations fiscales, contribuant à promouvoir un modèle africain de fiscalité moderne et équitable.

Cette influence se matérialise aussi par la participation active du Maroc au développement de normes internationales, à travers des groupes de travail sur la transparence, l’échange de données ou encore la fiscalité des plateformes numériques.

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Le rapport 2024 de la DGI dresse le portrait d’une institution en mutation profonde. Plus proche, plus performante, mieux outillée, elle s’efforce de conjuguer efficacité financière, équité fiscale et excellence de service. En intégrant pleinement les logiques de transparence, de digitalisation et de confiance mutuelle avec les contribuables, l’administration fiscale s’impose comme un levier clé de la souveraineté budgétaire du Maroc.

La suite dépendra de la capacité à maintenir cette dynamique, en adaptant les réformes aux réalités du terrain et aux évolutions du contexte international.

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