Fausses immatriculations de taxis : Marrakech serait-elle moins risquée ?
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Ce phénomène ne se limite pas à une simple fraude administrative. Les faux taxis représentent une menace directe pour la sécurité des passagers, nuisent à l’image du secteur touristique, alimentent la concurrence déloyale et sapent la confiance des citoyens envers les institutions et les professionnels du métier. À Casablanca, le problème prend la forme d’un trafic bien organisé, avec falsification de documents officiels et démantèlement de réseaux criminels. À Marrakech, en revanche, ce sont les dérives quotidiennes, les pratiques abusives et la présence de véhicules non autorisés qui inquiètent aussi bien les conducteurs traditionnels que les syndicats.
Contexte : la falsification d’agréments pour les petits taxis, un problème plus grave qu’il n’y paraît
À Casablanca, les rues encombrées et les klaxons incessants dissimulent parfois des pratiques bien plus inquiétantes. La capitale économique du Maroc est aujourd’hui confrontée au fléau des petits taxis circulant avec de faux agréments.
Une affaire révélée par le journal Al Massae met en lumière l’ampleur du problème. Selon le quotidien, les services de sécurité du quartier Hay Hassani ont démantelé une bande organisée spécialisée dans la falsification d’agréments pour petits taxis, dits de deuxième catégorie. Trois individus ont été arrêtés, en possession de preuves accablantes. L’affaire débute par l’interpellation d’un chauffeur de taxi pris avec un agrément falsifié. Une arrestation isolée qui dévoile l’existence d’un véritable réseau.
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L’enquête, menée avec rigueur par la police, a permis de remonter la filière jusqu’à un suspect dont le véhicule contenait plusieurs documents compromettants : des agréments de taxis, des plaques d’immatriculation, et même des plaques de constructeurs automobiles. Il ne s’agissait donc pas d’un simple faussaire, mais d’un acteur clé d’un trafic bien plus vaste. La falsification d’agréments constitue une infraction grave, d’autant plus pernicieuse qu’elle compromet directement la sécurité des usagers et perturbe la régulation du secteur.
Pour les autorités, ce type de fraude compromet l’organisation du transport urbain. Les taxis officiels sont soumis à un nombre limité d’agréments délivrés par l’État et encadrés par une législation stricte. La prolifération de taxis illégaux engendre une concurrence déloyale et échappe à tout contrôle administratif, fiscal et sécuritaire. De plus, ces véhicules peuvent circuler sans assurance adéquate, mettant en danger la vie des passagers en cas d’accident.
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Ce phénomène soulève également la question du rôle de certains intermédiaires. L’affaire de Casablanca laisse penser que des individus maîtrisent parfaitement les procédés de falsification, ayant accès à des éléments très spécifiques tels que les numéros d’identification, les plaques officielles et les faux tampons, ce qui suggère une possible complicité au sein de certaines administrations ou garages.
Pour les chauffeurs honnêtes, cette situation est désastreuse : ils doivent supporter des charges réglementaires tout en subissant une pression concurrentielle accrue, tandis que les taxis illégaux contournent les règles sans scrupules.
Marrakech et ses dérives quotidiennes : entre arnaques et image ternie
Si Casablanca est en proie à un réseau structuré de falsification, Marrakech fait face à un autre visage du phénomène : la prolifération de pratiques abusives, parfois illégales, qui brouillent la frontière entre légalité et escroquerie.
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En effet, des forums sur les réseaux sociaux alertent les touristes sur la surfacturation, l’une des arnaques les plus fréquentes dans des villes touristiques comme Marrakech. Les chauffeurs refusent souvent d’activer le compteur, notamment pour les trajets depuis l’aéroport, préférant imposer un prix gonflé aux touristes. Ces pratiques discréditent l’ensemble de la profession et alimentent une méfiance généralisée.
L’un des membres de ce groupe sur les réseaux sociaux énumère une liste de recommandations, conseillant aux visiteurs d’exiger l’activation du compteur ou, à défaut, de négocier fermement le tarif avant de monter à bord. Il mentionne également l’alternative des applications comme Careem, InDrive ou Yango, qui permettent de réduire les risques d’abus. Pourtant, ces solutions ne résolvent pas le problème des fausses immatriculations ni celui des taxis dits pirates, qui opèrent dans la ville ocre sans aucune autorisation.
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Ce danger est souligné par le syndicat des taxis de Marrakech, qui affirme que « ce phénomène est beaucoup plus répandu dans des villes comme Casablanca ». Le syndicat ajoute : « C’est une pratique très dangereuse pour les passagers, notamment à cause des arnaqueurs et des escrocs, mais pour nous, conducteurs de taxi, cela porte atteinte à notre réputation et à notre crédibilité auprès des clients ». Ce témoignage met en lumière une réalité difficile : les professionnels du secteur sont souvent les premières victimes des dérives de quelques-uns.
D’autre part, à Marrakech, le syndicat plaide pour une régulation renforcée et un meilleur encadrement des chauffeurs alternatifs, notamment ceux utilisant des plateformes numériques. « On ne cherche pas le conflit ni à les retirer de la circulation », précise-t-il, « mais simplement qu’ils obtiennent une autorisation d’exercer délivrée par les autorités ». « Nous sommes favorables à la coopération ».
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Ce souhait d’une coexistence encadrée montre que les chauffeurs traditionnels ne sont pas opposés à l’évolution du secteur, mais refusent une concurrence déloyale. Ils demandent surtout que tous les acteurs soient soumis aux mêmes règles. Une telle régulation permettrait de garantir la sécurité des passagers, la transparence des tarifs et la reconnaissance du métier de chauffeur de taxi, trop souvent dévalorisé.
Les fausses immatriculations de taxis et les pratiques abusives dans le transport urbain desservent autant les professionnels que les usagers. Tandis que Casablanca fait face à un réseau structuré de falsification, Marrakech lutte contre des abus quotidiens et une concurrence déloyale. Dans les deux cas, la régulation, la transparence et la coopération entre autorités et professionnels apparaissent comme les seules voies pour assainir le secteur. La sécurité, l’image du pays et la justice sociale sont en jeu.
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