Dernier hommage de Fairouz à Ziad Rahbani, son fils et complice artistique
La chanteuse légendaire libanaise Fairouz reçoit les condoléances lors des funérailles de son fils, le musicien et compositeur Ziad Rahbani © Fadel ITANI / AFP
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Le Liban a rendu un dernier hommage, lundi 28 juillet, à l’un de ses plus grands artistes, Ziad Rahbani, fils de Fairouz, décédé deux jours plus tôt à l’âge de 69 ans. Devant l’hôpital de Beyrouth où il s’est éteint, une foule émue s’est rassemblée tôt le matin pour accompagner sa dépouille jusqu’à l’église Saydet El Rakad, à Bikfaya, dans le Mont Liban. C’est là que s’est tenue une cérémonie funèbre bouleversante, marquée par un moment d’émotion intense : l’apparition, rare et silencieuse, de la grande Fairouz, sa mère, vêtue de noir et visiblement accablée de douleur, aux côtés de sa fille Rima Rahbani.
La disparition de Ziad Rahbani laisse un vide béant dans le paysage culturel libanais et arabe. Fils de deux légendes (Fairouz et Assi Rahbani), il aurait pu se contenter de marcher dans leurs pas. Mais l’artiste a très tôt forgé sa propre voie, avec une signature unique et un ton résolument libre. À la fois musicien, compositeur, dramaturge, chroniqueur politique et figure contestataire, il a révolutionné la scène artistique du Liban avec une audace qui a transcendé les époques.
Fairouz et Ziad Rahbani : une complicité artistique unique
Son premier coup d’éclat artistique survient alors qu’il n’a que 17 ans. En 1973, il compose pour sa mère la chanson «Saalouni El Nass», qui devient instantanément un classique. Mais c’est surtout par le théâtre qu’il va profondément marquer les esprits. Ses pièces Bennesbeh Labokra Shou?, Shi Fashil, Un long film américain, font de lui la voix d’une génération perdue entre guerre civile, absurdité politique et rêves inachevés. Sur scène, il mêlait humour noir, réalisme social et critique acerbe, dans un style accessible, mais d’une profondeur rare.
Ziad Rahbani a aussi marqué la musique arabe en la projetant dans de nouveaux horizons. Il fusionne jazz américain et mélodies orientales, bousculant les codes d’un répertoire trop souvent figé. En 1979, l’album Wahdon, qu’il compose pour Fairouz, marque un tournant historique. Grâce à lui, la diva se réinvente, séduit une nouvelle génération et fait entrer dans son univers un groove inédit. Des titres comme Kifak Inta, Natruna Ktir ou Ouverture 83 portent la marque de cette modernité musicale profondément enracinée dans l’âme libanaise.
Mais Ziad Rahbani n’était pas qu’un artiste. C’était aussi un homme profondément engagé, aux convictions tranchées. Communiste convaincu, athée revendiqué, il n’a jamais cédé à la pression sociale ou politique. Dans ses chroniques publiées dans le quotidien Al-Akhbar, il tirait à boulets rouges sur la corruption, les arrangements entre élites, et l’inertie des institutions. Ses écrits, tranchants et sans concession, étaient autant de cris de colère contre l’injustice et la déchéance de la politique libanaise.
Sa mort, annoncée samedi 26 juillet par l’hôpital où il était soigné, a plongé le Liban dans une profonde tristesse. «Samedi à neuf heures du matin, le cœur du grand artiste et créateur Ziad Rahbani s’est arrêté de battre», indique le communiqué. Si les hommages affluent de tout le monde arabe, c’est surtout la tristesse d’un peuple qui se lit sur les visages à Beyrouth et dans tout le pays. Car Ziad Rahbani, c’était plus qu’un artiste : c’était une conscience.
Le silence qui a accompagné son dernier voyage contraste avec le bruit qu’il a toujours fait vivre à la scène culturelle libanaise. En apparaissant pour la première fois depuis des années dans une église, Fairouz n’a pas eu besoin de mots. Son regard bouleversé suffisait à rappeler ce que le Liban vient de perdre : un poète rebelle, un musicien de génie, un homme libre.
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