Coût, impact… tout savoir sur la nouvelle LGV Kénitra-Marrakech

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Al Boraq : des trains spéciaux pour les fans des Lions de l'AtlasAl Boraq © DR

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Le Maroc entame l’un des plus grands chantiers d’infrastructure de transport de son histoire avec le lancement officiel des travaux de la Ligne à Grande Vitesse (LGV) Kénitra-Marrakech. Donné jeudi par le roi Mohammed VI à la gare de Rabat-Agdal, le coup d’envoi marque une nouvelle étape dans l’ambition ferroviaire du Royaume. D’une longueur de 430 km, cette extension stratégique de la LGV devrait voir ses premiers TGV circuler en novembre 2029.

Lancée dans le sillage du succès d’Al Boraq, la LGV Kénitra-Marrakech s’inscrit dans une vision stratégique de mobilité durable, vise à transformer en profondeur le paysage ferroviaire national. Reliant les grandes métropoles du nord et du sud du Royaume, elle promet de réduire considérablement les temps de trajet, d’ouvrir de nouvelles perspectives économiques et de renforcer l’intégration territoriale. Avec une mise en service prévue à l’horizon 2029, ce chantier titanesque illustre la volonté du pays de se doter d’un réseau de transport moderne, compétitif et tourné vers l’avenir.

Le Roi lance à Rabat les travaux de réalisation de la LGV Kénitra-Marrakech

Ce que changera cette nouvelle LGV Kénitra-Marrakech

L’extension de la LGV jusqu’à Marrakech est considérée comme une prouesse logistique. Elle marque un véritable bouleversement dans la façon dont Marocains et visiteurs étrangers se déplaceront à l’intérieur du Royaume. Avec des temps de parcours réduits, une capacité de transport démultipliée, une connectivité renforcée et une qualité de service améliorée, cette nouvelle ligne va redéfinir les standards du transport ferroviaire au Maroc.

Dans le détail, le trajet entre Tanger et Marrakech s’effectuera en 2h40, contre plus de 5 heures actuellement. Le temps entre Rabat et Marrakech sera ramené à 1h40, et celui entre Casablanca et Marrakech à 1h15. Ces gains de temps transformeront radicalement la dynamique des déplacements interurbains, en particulier pour les voyages d’affaires, les liaisons touristiques et les déplacements administratifs ou familiaux.

Avec la desserte directe des aéroports de Rabat et de Casablanca, les correspondances internationales s’en trouveront également facilitées, notamment avec un accès à l’aéroport Mohammed V en seulement 35 minutes depuis Rabat. Cette interconnexion entre le train et l’avion permettra d’accroître l’attractivité du rail pour les passagers long-courriers.

De plus, en connectant les principaux pôles économiques et touristiques du pays, Tanger, Rabat, Casablanca et Marrakech, la LGV vient renforcer l’intégration territoriale du Maroc. Elle facilitera les échanges entre les régions du nord et du sud, tout en favorisant une répartition plus équilibrée des flux économiques.

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Cette ligne à grande vitesse offrira également aux voyageurs un niveau de confort et de service nettement supérieur. Rames modernes, sièges ergonomiques, Wi-Fi, ponctualité accrue et infrastructures de gares repensées : tout a été pensé pour offrir une expérience fluide et agréable.

Les nouvelles gares prévues dans le projet seront de véritables pôles multimodaux intégrés, avec des services de proximité, des espaces commerciaux et des connexions avec les autres moyens de transport urbain.

Par ailleurs, cette LGV contribuera à réduire l’empreinte carbone du transport au Maroc. Le train électrique est l’un des moyens de transport les plus propres, notamment sur de longues distances. En attirant des usagers qui auraient autrement pris la voiture ou l’avion, la LGV participera donc à la réduction des émissions de CO₂, en ligne avec les engagements climatiques du Royaume.

Enfin, au-delà de l’infrastructure, c’est une nouvelle culture du déplacement qui s’apprête à s’installer. Voyager plus rapidement, plus confortablement et à des tarifs compétitifs : la LGV Kénitra-Marrakech est appelée à modifier en profondeur les habitudes de mobilité, notamment chez les jeunes, les professionnels, les touristes et les navetteurs réguliers.

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Quel impact socio-économique ?

Le projet d’extension de la LGV entre Kénitra et Marrakech s’impose comme un véritable levier de transformation économique, sociale et territoriale. À travers ses multiples dimensions (investissements directs, créations d’emplois, développement industriel, effets d’entraînement sur les territoires et accessibilité améliorée), ce mégaprojet aura des retombées majeures sur l’économie nationale et la qualité de vie des citoyens.

Avec 53 MMDH mobilisés pour la seule ligne Kénitra-Marrakech (hors matériel roulant) et 96 MMDH pour l’ensemble du programme ferroviaire, ce chantier figure parmi les plus ambitieux de la décennie au Maroc. Il dynamisera l’économie en stimulant directement des secteurs clés comme le BTP, l’ingénierie, les matériaux de construction, l’électromécanique ou encore les services logistiques.

Au-delà des investissements, le projet se distingue aussi par son impact sur l’emploi. Des milliers de postes directs et indirects seront créés, aussi bien pendant la construction que pour l’exploitation et la maintenance à long terme. Les métiers concernés touchent notamment à l’ingénierie ferroviaire, la maintenance industrielle et l’exploitation commerciale.

Et pour accompagner cette dynamique, un programme de formation dédié est prévu. Objectif : assurer un transfert de compétences durable et faire émerger une expertise ferroviaire nationale, avec une main-d’œuvre qualifiée 100% marocaine.

Autre volet stratégique du projet : le développement d’un écosystème industriel local. L’acquisition de 168 trains pour un budget de 29 MMDH s’accompagnera de la création d’une unité industrielle de fabrication de rames et d’une coentreprise pour leur maintenance. Cela vise à atteindre un taux d’intégration local supérieur à 40%, offrant ainsi des opportunités concrètes à de nombreuses PME et TPE marocaines.

Les effets positifs dépasseront les seules retombées économiques. La nouvelle ligne contribuera aussi à réduire les inégalités territoriales en connectant plus efficacement différentes villes. En outre, la LGV facilitera la mobilité des talents et des compétences, en rapprochant les bassins d’emplois et en favorisant les échanges entre régions. Les bénéfices indirects toucheront des secteurs variés comme le tourisme, l’artisanat, la culture ou encore l’agriculture, grâce à une circulation plus fluide des personnes et des marchandises.

Sur le plan touristique, Marrakech devrait voir son attractivité renforcée. Avec des trajets plus rapides depuis Tanger ou Casablanca, la ville deviendra plus accessible pour les courts séjours, notamment en week-end. Cela pourrait encourager la création de nouveaux circuits et dynamiser l’ensemble des activités liées à l’accueil, la restauration, le transport local et les loisirs culturels.

Enfin, à l’échelle nationale, la LGV Kénitra-Marrakech viendra renforcer la compétitivité du Maroc en dotant le pays d’un système de transport rapide, fiable et intégré. Elle consolide l’image du Royaume en tant que plateforme logistique et industrielle moderne, capable de répondre aux standards internationaux et d’attirer les investisseurs étrangers. Dans la perspective de la Coupe du monde 2030, cette infrastructure jouera un rôle important en facilitant les déplacements entre les principales villes hôtes, tout en valorisant la capacité du Royaume à organiser des événements d’envergure mondiale.

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