Carburant © DR
Le secteur des carburants au Maroc, pilier stratégique de l’économie, est régulièrement scruté par le Conseil de la concurrence. Son dernier rapport couvre le 3ᵉ trimestre 2024 et apporte une analyse détaillée de l’évolution des importations, des prix et des marges des sociétés de distribution. Ces données offrent une lecture précieuse des dynamiques économiques actuelles, tout en évaluant la conformité des engagements pris par les opérateurs. Alors que les volumes importés augmentent, les valeurs s’effritent sous l’effet des cours mondiaux.
Un marché en mutation : importations et fiscalité sous la loupe
Au 3ᵉ trimestre 2024, les importations de carburants ont atteint 1,7 million de tonnes, enregistrant une hausse de 10,8% en volume par rapport à la même période en 2023. Paradoxalement, la valeur de ces importations a chuté de 9,75%, s’établissant à 12,9 milliards de dirhams (MMDH). Cette baisse s’explique par le recul des prix internationaux des produits raffinés, qui continue de peser sur le marché.
Les neuf sociétés concernées ont accaparé 84% des volumes totaux importés, confirmant leur rôle dominant dans l’approvisionnement national. Dans le détail, les importations de gasoil, représentant 88 % des volumes totaux, ont progressé de 3,6% en volume mais reculé de 15,4% en valeur. Quant à l’essence, ses importations ont augmenté de 18,4 % en volume mais affiché une légère diminution de 3,6% en valeur.
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En parallèle, les recettes fiscales issues de la Taxe intérieure de consommation (TIC) et de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ont progressé de 6,6 %, atteignant 7,21 MMDH. Cette hausse est portée par l’augmentation des volumes importés, même si la TVA a enregistré une légère baisse de 3,1 %. La TIC, quant à elle, représente 74 % des recettes fiscales liées aux carburants, avec une progression notable de 10,6 %.
Capacités de stockage et distribution : des évolutions structurantes
Les infrastructures de stockage continuent de se renforcer pour répondre à la demande croissante. À fin septembre 2024, la capacité totale de stockage a atteint 1,56 million de tonnes, en hausse de 4,2% par rapport au trimestre précédent. Les neuf sociétés concernées par le reporting détiennent 81,7% de cette capacité, soit 1,27 million de tonnes. Le gasoil domine largement ce segment, représentant 88% des capacités totales.
Dans le segment de la distribution, le nombre total d’opérateurs est resté stable à 35, tandis que le réseau de stations-service s’est légèrement étendu. À la fin du 3ᵉ trimestre, le Maroc comptait 3.478 stations-service, soit 31 de plus qu’au trimestre précédent. Toutefois, les neuf sociétés concernées ont réduit leur nombre de stations, passant de 2.543 à 2.520.
Sur le plan des ventes, les performances globales ont progressé, atteignant 2,33 milliards de litres (+4,8% en glissement annuel). Cependant, les neuf grandes sociétés ont enregistré une baisse de 1,6%, totalisant 1,9 milliard de litres. Le gasoil reste le produit phare, représentant 83,8% des ventes totales.
Des prix influencés par les fluctuations internationales
L’un des volets essentiels du rapport porte sur la corrélation entre les cotations internationales, les coûts d’achat et les prix de vente nationaux. Au 3ᵉ trimestre, les cotations CIF des carburants raffinés ont diminué de 0,68 DH/L pour le gasoil et de 1,05 DH/L pour l’essence. Ces baisses ont entraîné une réduction des coûts d’achat moyens des opérateurs, bien que les ajustements des prix de cession aient été plus limités.
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Pour le gasoil, le prix de cession moyen a reculé de 0,42 DH/L, alors que le coût d’achat a baissé de 0,69 DH/L. Une stratégie similaire a été observée pour l’essence, dont les prix de cession ont chuté de 0,72 DH/L, un niveau presque équivalent à la baisse des coûts d’achat. Ces écarts montrent la capacité des opérateurs à amortir les variations des cours internationaux pour limiter l’impact sur leurs marges et les consommateurs.
Des marges sous contrôle malgré les baisses
Les marges brutes commerciales des neuf sociétés montrent des tendances contrastées. Pour le gasoil, la marge moyenne a été de 1,46 DH/L, contre 2 DH/L pour l’essence. Ces niveaux sont légèrement supérieurs à ceux du 2ᵉ trimestre (1,21 DH/L pour le gasoil et 1,79 DH/L pour l’essence) mais alignés sur les moyennes du 1er semestre 2024.
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L’analyse trimestrielle montre deux grandes périodes. La première, entre juillet et mi-août, a été marquée par une baisse progressive des marges. Pour le gasoil, elles sont passées de 1,54 DH/L à 1,35 DH/L. Une tendance similaire a été observée pour l’essence, avec une diminution de 2,03 DH/L à 1,86 DH/L. La deuxième période, allant de mi-août à fin septembre, a vu les marges repartir légèrement à la hausse, atteignant 1,46 DH/L pour le gasoil et 2 DH/L pour l’essence.
Un secteur en quête d’équilibre
Le 3ᵉ trimestre 2024 illustre les défis d’un marché des carburants en constante adaptation. Alors que les volumes importés augmentent, les valeurs chutent sous l’effet des cours internationaux. Les opérateurs ajustent leurs stratégies, absorbant une partie des baisses pour maintenir des marges stables. Parallèlement, les capacités de stockage se renforcent et le réseau de distribution s’élargit, traduisant une volonté de structurer durablement le secteur.
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Cependant, ces évolutions soulèvent des questions importantes. La volatilité des prix internationaux met en lumière la dépendance du Maroc à ses importations, tandis que la nécessité de réguler efficacement les marges des opérateurs reste un enjeu majeur. Le Conseil de la concurrence, à travers son suivi rigoureux, demeure un acteur incontournable pour assurer la transparence et la compétitivité du marché.
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