C’était un 20 mars 1955 ? Avec la naissance de l’UMT ? Non, les premières intonations de syndicalisme ont débuté bien avant, dans le silence et le secret nationaliste. Bien avant l’avènement de l’UMT, le Maroc, sous le joug colonial, vivait déjà une effervescence sociale et politique. Immersion dans l’histoire des premières luttes sociales.

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Le 20 mars 1955 est une date gravée dans la mémoire collective. Elle marque la naissance de l’Union marocaine du travail, plus connue sous le nom de l’UMT, véritable catalyseur des aspirations ouvrières et nationales. Et pourtant, ce jour-là spécifiquement, aussi historique soit-il, ne représente pas la naissance du syndicalisme, mais, en partie, le résultat d’une saga bien plus vaste.

Des racines ancestrales

Avant que le mouvement syndical prenne sa forme moderne, le Maroc connaissait déjà ses prémices syndicalistes. Dès la fin du XIXe siècle, les artisans, regroupés en corporations, organisaient leur vie professionnelle autour d’une organisation ancestrale. Ces corporations n’étaient pas de simples regroupements de métiers, mais de véritables micro-sociétés. Au cœur de ces structures, des figures telles que « l’amine » ou le « mohtassib » jouaient le rôle de représentant. Ces derniers étaient chargés de réguler les pratiques commerciales, de veiller au respect des règles de la corporation et de servir d’intermédiaires entre les artisans et, dans certains cas, les autorités locales.

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L’évolution de ces regroupements se cristallisera notamment en 1936 avec la fondation de l’Union générale des syndicats du Maroc (UGSM). Le Maroc est passé d’un syndicalisme artisanal et local à une organisation plus structurée et nationale. L’UGSM rassembla sous une même bannière divers travailleurs issus d’horizons variés.

Les prémices du mouvement

Sous le joug colonial, dans les souks et ateliers, dans les quartiers populaires et les cafés-concerts, se faisaient entendre les murmures d’une jeunesse assoiffée de liberté, prête à braver l’ordre établi pour faire entendre sa voix. Les premières manifestations de mécontentement ont été réprimées avec une brutalité implacable. Et pourtant, petit à petit, ce sont ces manifestations qui, une décennie plus tard, seront au centre de la lutte pour l’indépendance.

A l’époque le Maroc était confronté à une exploitation économique qui fragilisait l’identité nationale. L’instauration de régimes inégalitaires, où le pouvoir et la richesse étaient concentrés entre les mains de quelques-uns, engendra un ressentiment profond parmi les travailleurs. Dans ce climat, les intellectuels et les militants se multiplièrent. Ils dénonçaient avec ferveur les injustices et les abus. C’est le début du discours de la révolte. Plus les colons tentaient d’étouffer ces voix, plus la solidarité nationaliste amplifiait.

La naissance de l’UMT

C’est dans ce brouhaha que le 20 mars 1955 se révéla comme une date historique. La création de l’Union marocaine du travail. L’UMT, fruit de longues années de lutte et d’organisation, devint rapidement un symbole de la résistance. Ce syndicat, en rassemblant des travailleurs de divers horizons, artisans, ouvriers d’usine, employés de la grande distribution, incarna l’union sacrée de tous ceux qui, malgré les différences, partageaient un même destin.

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L’histoire du syndicalisme marocain est celle d’un combat incessant, d’une lutte pour la justice et la liberté qui traverse les époques. De ses prémices dans les rues poussiéreuses des cités coloniales à la naissance éclatante de l’UMT le 20 mars 1955, chaque instant de cette aventure témoigne de la force d’une volonté collective, d’un rêve partagé par des générations de travailleurs et de militants.

Les répercussions des luttes syndicales d’antan se font sentir dans le Maroc contemporain. L’héritage laissé par ces pionniers continue d’inspirer de nouvelles générations, tant dans le monde du travail que dans la sphère politique. Le syndicalisme, qui avait émergé comme une arme de libération, est aujourd’hui perçu comme un pilier du progrès social.

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