Mali : la justice place la plus grande mine d’or sous administration provisoire

Le bras de fer opposant depuis longtemps le groupe canadien Barrick Mining à l’État malien a pris un nouveau tournant. Le tribunal de commerce de Bamako a ordonné la mise sous administration provisoire, pour une durée de six mois, de la mine de Loulo-Gounkoto, la plus importante du pays. Cette décision, demandée par la junte au pouvoir, vise à relancer l’exploitation de ce site stratégique, à l’arrêt depuis janvier 2025.
Situé dans l’ouest du Mali, ce gisement figure parmi les plus vastes au monde. Il est détenu à 80% par Barrick Mining et à 20% par l’État malien. Mais depuis plusieurs mois, les tensions se sont accentuées : saisie de trois tonnes d’or par des soldats, interdiction d’exportation, arrestation de quatre employés maliens de Barrick… Autant d’événements qui ont conduit à la suspension temporaire des activités.
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L’administrateur provisoire désigné, Zoumana Makadji, est chargé de rouvrir la mine « dans les plus brefs délais », selon un magistrat du tribunal. L’État malien justifie cette mesure par la nécessité de « protéger les intérêts économiques nationaux » et d’éviter une fermeture brutale, en attendant la conclusion d’un accord révisé entre les parties.
De son côté, Barrick Mining affirme avoir perdu le contrôle opérationnel du site et annonce avoir engagé une procédure d’arbitrage auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), basé à Washington. L’entreprise dénonce des actes « injustifiés », tout en se déclarant toujours ouverte à une « solution constructive ».
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En toile de fond, le Mali poursuit une stratégie de souveraineté économique. Depuis 2024, le pays a réformé son code minier et demande des comptes aux grandes compagnies extractives, accusées d’optimisation fiscale. En avril, les autorités ont fermé les bureaux de Barrick Mining à Bamako pour « non-paiement d’impôts », bien que l’entreprise affirme avoir déjà versé 85 millions de dollars en octobre.
Dans un pays où l’or représente près de 25% du budget national, le contrôle des ressources naturelles est devenu un enjeu central pour les militaires au pouvoir depuis les coups d’État de 2020 et 2021.