Bank Al-Maghrib laisse son taux directeur inchangé

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OPCVM : hausse des souscriptions en 2024Le siège de Bank Al-Maghrib à Rabat © DR

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Bank Al-Maghrib (BAM) a préféré jouer la prudence et a décidé de ne pas poursuivre immédiatement la baisse de son taux directeur engagée en juin dernier. Un statu quo qui reflète les incertitudes économiques persistantes, tant sur le plan national qu’international.

Lors de sa troisième réunion trimestrielle de 2024, tenue ce mardi, le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé de maintenir inchangé son taux directeur à 2,75%. Cette décision s’inscrit dans un contexte économique national et international marqué par des incertitudes importantes, tant au niveau de l’évolution des prix que de la croissance mondiale.

Le Conseil a mis en avant la stabilité des indicateurs d’inflation au Maroc et la nécessité de préserver l’équilibre économique tout en prenant en compte les risques géopolitiques et climatiques qui pèsent sur l’économie. Par ailleurs, BAM table sur une croissance économique de 2,8% en 2024, reflétant la poursuite de la reprise non agricole.

Dans son communiqué, le Conseil de BAM a noté que l’économie mondiale, après avoir montré une certaine résilience, devrait subir un ralentissement dans les prochains mois. Cette décélération est principalement due aux politiques monétaires restrictives mises en place dans de nombreux pays avancés et émergents, destinées à contrer une inflation élevée, mais qui freinent la croissance globale.

Sur le plan de l’inflation, bien que la tendance mondiale soit à la baisse, certaines économies avancées continuent de voir les prix des services augmenter. Cette persistance des pressions inflationnistes dans certains secteurs met en évidence les défis que rencontrent ces économies pour ramener l’inflation à leurs objectifs de moyen terme.

Bank Al-Maghrib réduit son taux directeur à 2,75%

Une reprise non agricole en soutien à la croissance nationale

BAM explique que l’économie demeure largement tributaire des aléas climatiques, en particulier pour le secteur agricole. La récurrence des sécheresses et le stress hydrique continuent de représenter des risques majeurs pour la production agricole et, par extension, pour la croissance économique. Cependant, malgré ces défis, les données disponibles indiquent que les activités non agricoles poursuivent leur reprise. Cette tendance devrait être soutenue à moyen terme par l’accélération attendue des investissements publics et privés.

L’un des facteurs clés de la résilience de l’économie marocaine est justement cette reprise des secteurs non agricoles, qui compense partiellement les contre-performances du secteur agricole. Les projets d’infrastructure, couplés à une amélioration de la confiance des investisseurs, jouent un rôle moteur dans cette dynamique positive.

Inflation : modération et perspectives

Sur le front de l’inflation, Bank Al-Maghrib a noté une évolution modérée depuis le début de l’année 2024. Cette modération est principalement due à la baisse des prix des produits alimentaires à prix volatils, ainsi qu’au ralentissement de l’inflation sous-jacente. En 2023, cette dernière avait atteint 5,6%, mais elle oscille désormais autour de 2%. Un niveau qui, selon les projections de la banque centrale, devrait se maintenir au cours des huit prochains trimestres.

Ces prévisions relativement optimistes reposent sur l’hypothèse que les prix des produits alimentaires resteront globalement stables à moyen terme, malgré les ajustements attendus des subventions sur certains produits de base. En conséquence, l’inflation globale devrait décélérer de 6,1% en 2023 à 1,3% en 2024, avant de remonter légèrement à 2,5% en 2025.

L’enquête trimestrielle de BAM auprès des experts du secteur financier a également révélé un ancrage solide des anticipations d’inflation. Pour l’horizon des huit prochains trimestres, les anticipations sont revenues à 2,2%, tandis que pour l’horizon des 12 trimestres, elles s’établissent à 2,3%.

Fruits, légumes, viandes : un marché sous haute tension

Un contexte économique incertain

Malgré ces perspectives relativement favorables, le Conseil de BAM a souligné que les prévisions économiques et sociales restent entourées d’un niveau élevé d’incertitudes, tant au niveau international que national. Sur la scène internationale, l’enlisement de la guerre en Ukraine, l’escalade du conflit au Proche-Orient et les tensions géopolitiques croissantes continuent de peser sur l’économie mondiale. Tous ces facteurs exacerbent la fragmentation économique, ralentissant le rythme de la croissance et provoquant des fluctuations des prix, notamment ceux de l’énergie.

Sur le plan national, la récurrence des sécheresses et le stress hydrique sont des risques structurels pour l’économie marocaine. À cela s’ajoutent les interrogations autour de la mise en œuvre du projet de Loi de finances 2025 et les résultats des négociations dans le cadre du dialogue social. Ces éléments pourraient avoir un impact plus important que prévu sur la demande intérieure et sur l’évolution des prix.

Face à cet environnement incertain, Bank Al-Maghrib a donc jugé qu’il serait prudent de maintenir l’orientation actuelle de sa politique monétaire. En laissant son taux directeur inchangé, la banque centrale cherche à préserver la stabilité économique tout en restant attentive à l’évolution de la conjoncture.

Ce choix reflète la volonté de BAM de trouver un équilibre entre le soutien à la reprise économique et la nécessité de contenir les risques inflationnistes. La décision de maintenir le taux directeur à ce niveau permet également de soutenir les perspectives d’investissement, cruciales pour le développement économique à moyen terme.

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