Impasse éducative : conflit continu entre gouvernement et enseignants

Avatar de Chaima Aberni
Temps de lecture :

Impasse éducative : conflit continu entre gouvernement et enseignantsGrève des enseignants © DR

A
A
A
A
A

Le secteur de l’éducation continue de connaître des tensions pour la huitième semaine consécutive. Ce mercredi, des milliers d’enseignants ont entamé une nouvelle grève, malgré l’annonce par le gouvernement d’une augmentation salariale de 1.500 DH. 

La montée des tensions dans le secteur éducatif se poursuit pour la huitième semaine consécutive. Ce mercredi, un nouveau refus a été exprimé par la Coordination nationale du secteur de l’éducation lors d’une conférence de presse à Rabat. L’organisme, qui regroupe 23 coordinations et syndicats, a rejeté l’accord signé entre le gouvernement et quatre centrales syndicales de l’éducation, le qualifiant «d’insuffisant». Ils affirment qu’il contourne plusieurs revendications qui ont motivé les enseignants à manifester. 

Lire aussi : Éducation nationale : 9 milliards de DH sur deux ans pour l’augmentation des salaires des enseignants

L’impasse dans le secteur éducatif

Malgré un accord annoncé par le gouvernement et les syndicats les plus représentatifs du secteur, promettant une augmentation salariale de 1.500 DH pour les enseignants, divisée en deux tranches, cette initiative n’a pas réussi à apaiser les représentants des coordinations éducatives. Elles continuent leurs protestations malgré l’accord du 10 décembre, exacerbant ainsi les tensions dans le secteur éducatif et accentuant la perte du temps d’enseignement.

En réaction, la Coordination nationale de l’éducation a rejeté cet accord, arguant qu’il ne répond pas aux besoins des différentes catégories d’enseignants. Il omet en plus des questions cruciales : la situation des enseignants contractuels, la «cellule 10», ceux exclus des échelles salariales, et les titulaires de diplômes. 

La Coordination souligne que l’arrêt de l’escalade des tensions nécessite le retrait complet du statut de base pour les employés du secteur, pas seulement sa suspension, ainsi que la prise en compte des demandes catégorielles.

Un membre du comité national d’information de la «Coordination nationale des enseignants et du personnel de soutien sous contrat» critique le ministère de l’Éducation nationale pour avoir réduit les revendications des enseignants à une simple augmentation salariale, sans tenir compte de leurs autres exigences.

L’attention se tourne maintenant vers la réunion importante prévue entre le ministre de l’Éducation, Chakib Benmoussa, la Fédération nationale de l’éducation (FNE), et les représentants des coordinations, qui décideront de l’avenir du mouvement de protestation.

Lire aussi : Crise des enseignants : l’augmentation des salaires ne suffit pas

Revendications des enseignants et appel à des solutions globales

Ces revendications incluent l’abrogation du statut de base des employés du secteur éducatif, l’élimination de l’emploi régional et de toutes les formes contractuelles dans l’enseignement et l’intégration des enseignants dans le cadre de la fonction publique. La Coordination réclame également l’application des accords conclus les 19 et 26 avril 2011 et le 15 janvier 2022. Elle exige aussi le remboursement des sommes déduites des salaires des enseignants grévistes.

La Coordination impute au gouvernement la responsabilité de la perte de temps scolaire subie par les élèves en raison de la continuation des grèves. Elle appelle à des négociations sérieuses et constructives pour résoudre les problèmes rencontrés par les enseignants.

En outre, elle adresse un message aux familles, exprimant sa préoccupation pour le bien-être des élèves et insistant sur l’importance de respecter la dignité des enseignants, considérée comme une ligne rouge à ne pas franchir.

Lire aussi : Enseignement : jusqu’à 1.500 DH en plus pour les salaires généraux

Impact social des grèves

La grève prolongée contre le «statut unifié» risque de nuire à la réputation des enseignants dans la société. Ces grèves, qui durent depuis trois mois, ont perturbé le secteur et exposé plus de 9 millions d’élèves à un risque de perte de temps scolaire.

Cette situation exceptionnelle a suscité des questions et des divisions au sein de la société. Les opinions des parents d’élèves sont partagées entre le soutien aux enseignants et la frustration due à l’impact prolongé de la grève sur l’éducation de leurs enfants.

Les conséquences des grèves sur la perception des enseignants font débat. Selon Abd Rabih Al-Bakhsh, chercheur en sciences sociales, le mouvement actuel a modifié l’image de l’enseignant dans l’opinion publique. Le stéréotype de l’enseignant est devenu négatif, réduisant son rôle social. Al-Bakhsh affirme que l’absence des enseignants est préjudiciable à l’éducation des générations futures.

Rachid Jarmouni, professeur de sociologie, observe que l’image de l’enseignant est celle d’un individu opprimé et marginalisé. Cette perception est renforcée par certaines pratiques d’austérité chez les enseignants, donnant l’impression que l’enseignement est une profession de pauvreté. Il note que la crise éducative actuelle nécessite une attention accrue aux enseignants, qui sont essentiels au succès de tout projet éducatif.

Lire aussi : Après l’éducation nationale, grèves et tensions dans l’enseignement supérieur

Inquiétudes et actions des parents d’élèves face aux grèves

Les parents d’élèves expriment pour leur part leur inquiétude quant aux répercussions des grèves sur l’éducation de leurs enfants. Ils ont partagé leurs préoccupations avec le ministre de l’Éducation nationale, réclamant une résolution rapide de la crise. Tout en comprenant les revendications des enseignants pour de meilleures conditions de travail et des salaires plus élevés, ils soulignent l’importance de la continuité de l’éducation.

Dans le même temps, le vice-président de la Fédération nationale des Associations des parents d’élèves insiste sur la nécessité d’un retour rapide en classe et appelle à la reprise des enseignements pour compenser le temps d’apprentissage perdu. Il plaide également pour l’inclusion des collectifs d’enseignants dans les discussions.

Le vice-président a affirmé que la priorité de la fédération était de garantir le droit des élèves à une éducation normale. Il a souligné l’impact direct de la crise sur les élèves et leurs familles et a mentionné que des enseignants stagiaires de l’École normale supérieure (ENS) ont temporairement pris en charge l’enseignement dans certaines écoles.

La fédération déclare être prête à adopter une approche plus proactive, incluant des manifestations, pour revendiquer la reprise des cours.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Lancement de la plateforme nationale de surveillance des décès maternels

Société - Découvrez la nouvelle plateforme pour le suivi des décès maternels, lancée par le ministère de la Santé à Rabat.

Mouna Aghlal - 20 novembre 2025
Le Procureur général du Roi communique sur les nouvelles dispositions du Code de procédure pénale

Politique - Le Procureur général du Roi présente des changements clés pour les parquets du Royaume. Découvrez les implications essentielles.

Mouna Aghlal - 20 novembre 2025
CNSS : lancement du contrôle de scolarité 2025-2026 pour les enfants bénéficiaires

Société - Les parents ou tuteurs doivent impérativement déposer un certificat de scolarité dans un délai d’un mois via le service en ligne « Taawidaty ».

Rédaction LeBrief - 20 novembre 2025
Vidéo virale d’un enfant agressé : le démenti de la DGSN

Société - La DGSN dément une vidéo montrant un enfant agressé, faussement attribuée à une école marocaine, et confirme qu’elle provient d’un pays asiatique.

Hajar Toufik - 20 novembre 2025
Affaire chlorure de potassium : carte de la transparence… ou diversion ?

Société - La tutelle plaide la pénurie de chlorure de potassium, l'opposition veut les détails de chaque appel d'offre octroyé par l'AMMPS.

Rédaction LeBrief - 20 novembre 2025
La coordination syndicale de la santé conditionne son retour au dialogue

Société - La coordination syndicale du secteur de la santé refuse toute rencontre avec le ministère tant qu’un calendrier précis n’est pas fixé pour valider les décrets liés à l’accord du 23 juillet 2025.

Ilyasse Rhamir - 19 novembre 2025
Voir plus
Manifestations de la « GenZ 212 » : 60 personnalités marocaines exhortent le Roi à engager des réformes profondes

Société - Soixante figures marocaines appellent le roi Mohammed VI à lancer des réformes profondes en phase avec les revendications de la jeunesse.

Hajar Toufik - 8 octobre 2025
Travaux : les Casablancais n’en peuvent plus !

Dossier - Des piétons qui traversent d’un trottoir à l’autre, des voitures qui zigzaguent… À croire que les Casablancais vivent dans un jeu vidéo, sans bouton pause.

Sabrina El Faiz - 12 avril 2025
Manifestations de la « GenZ 212 » : appel à boycotter les entreprises liées à Akhannouch

Société - Les manifestations de la « GenZ 212 », poursuivent leur mobilisation à travers un appel au boycott des entreprises liées à Aziz Akhannouch.

Ilyasse Rhamir - 7 octobre 2025
Mariages marocains : l’amour au prix fort

Société - Au Maroc, on peut rater son permis de conduire, son bac… Mais rater son mariage ? Inenvisageable !

Sabrina El Faiz - 23 août 2025
La classe moyenne marocaine existe-t-elle encore ?

Dossier - Au Maroc, pour définir le terme classe moyenne, nous parlons de revenus. Cela ne veut pourtant plus rien dire.

Sabrina El Faiz - 5 juillet 2025
Faux et usage de faux, la dangereuse fabrique de l’illusion

Dossier - Un faux témoignage peut envoyer un innocent en prison ou blanchir un coupable. Un faux diplôme casse la méritocratie. Un faux certificat peut éviter une sentence.

Sabrina El Faiz - 24 mai 2025
pub

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire