Crise Maroc-Espagne : quel impact sur le tourisme ?

image defaut author user
Temps de lecture :

Les doutes persistent sur la tenue de l'opération Marhaba en 2021 © DR

A
A
A
A
A

À trois semaines du début de la saison estivale, plusieurs interrogations persistent quant à l’arrivée des Marocains résidant à l’étranger (MRE) et des touristes sur le territoire national. Liaisons aériennes suspendues, opération Marhaba en stand-by… l’été s’annonce déjà bien compliqué. De plus, la crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne vient ajouter une couche aux difficultés de déplacements liées à la Covid-19.

Après un été 2020 catastrophique (-74% d’arrivées en moins par rapport à 2019), le tourisme national risque de passer une saison 2021 tout aussi compliquée. En effet, la reprise du tourisme n’est certainement pas pour demain. Le débat est toujours en cours concernant les mesures à appliquer pour cette période estivale. Quelles conditions seront appliquées aux touristes arrivant des pays fortement touchés par la pandémie ? Une quarantaine de 10 jours à l’arrivée au Maroc sera-t-elle conservée ? L’état d’urgence sanitaire sera-t-il prolongé au-delà du 10 juin prochain ? Des interrogations qui n’ont toujours pas de réponses à l’écriture de ces lignes.

Par ailleurs et en plus des problèmes sanitaires liés à la pandémie de la Covid-19, s’est rajoutée cette année la crise diplomatique qui a éclaté entre le Maroc et l’Espagne. Dans ce contexte tendu, l’opération Marhaba risque d’être annulée pour la seconde année de suite. L’affaire Brahim Ghali a déclenché un véritable séisme et un tournant dans le partenariat entre les deux pays. Alors que cette opération mobilisait un dispositif important de part et d’autre par le passé, les choses ont désormais pris une autre tournure.

Lire aussi :Marhaba 2021 : le sort incertain de cette opération

Le parti espagnol d’extrême droite « Vox » a demandé à son gouvernement de suspendre toutes subventions au Maroc et d’annuler l’opération Marhaba ainsi que de suspendre l’octroi de visas d’entrée en Europe à tous les citoyens marocains.

Au delàdes exigencesabusives d’un parti politique historiquement hostile au Maroc, les relations diplomatiques avec le voisin ibérique sont loin d’être au beau fixe. Aux dernières nouvelles, l’Espagne aurait refusé de participer aux manœuvres militaires African Lion 2021, qui auront lieu du 7 au 18 juin au Maroc, en Tunisie et au Sénégal. Officiellement pour des questions budgétaires, le quotidien espagnol El Païs explique lui cette décision par le refus de «donner une légitimité à l’annexion du Sahara». Une décision surprenante quand on sait que les forces armées espagnoles ont participé chaque année à ces exercices. Pour sa part, le magazine Maghreb Intelligence souligne que la presse espagnole «fait dans la désinformation»et assure que c’est le Maroc qui a opté pour que l’Espagne ne prenne pas part à ce rendez-vous. «Pour Rabat, il n’est pas question de donner l’impression que les relations reprennent normalement entre les deux pays avant que soit résolue l’affaire Brahim Ghali», souligne Maghreb Intelligence.

Lire aussi :Affaire Brahim Ghali : quel sort pour les relations Maroc-Espagne ?

Résultat des courses, cette situation complique le transit entre les deux pays. Le quotidien francophone Les Inspirations Éco rapporte, dans son édition du lundi 31 mai, qu’une ouverture contrôlée à partir du mois d’août et après la fin des festivités marquant la célébration de l’Aïd Al Adha est envisageable. Une petite lueur d’espoir persiste alors. Le journal souligne que parmi les scénarios possibles, «une programmation réduite de dessertes, comme dans le cas des dispositifs de rapatriement via le port de Tanger-Med», ne serait pas à exclure,souligne le journal. Mais cela reste à l’heure actuelle, de simples hypothèses. Tout dépendra de l’état d’avancement des relations diplomatiques Maroc-Espagne, de la situation épidémiologique, de l’accélération de la vaccination et enfin d’une éventuelle levée de l’état d’urgence après le 10 juin prochain au Maroc.

Le tourisme national pour sauver les meubles

Au vu des circonstances actuelles, le Maroc mise sur le tourisme interne pour sauver sa saison. Une campagne nationale de promotion du tourisme interne a été lancée le 3 mai dernier. Intitulée «Ntla9aw f bladna», cette dernière est plus que jamais importante pour le pays. Le ministère duTourisme redouble d’efforts pour motiver et inciter les Marocains à voyager dans leurs pays.

Parmi les pistes de relance étudiées, des chèques-vacances. Lemécanisme proposé par la tutelle est en cours d’approbation, avait souligné la ministre du Tourisme Nadia Fettah Alaoui dans une précédente sortie médiatique. Cette dernière a déclaré également que son département est en cours d’élaboration d’études approfondies et de recherches sur le terrain en prévision de la reprise de l’activité touristique.

Lire aussi :Tourisme : entre volonté de relance et peur du variant

«Le développement du tourisme interne constitue une priorité pour le ministère, non seulement en tant que facteur de résilience à court terme, mais aussi pour en faire un levier de développement à long et moyen terme», souligne la ministre. Le Marocain est donc une nouvelle foisconsidéré comme un touriste potentiel reconnu et convoité.

Cependant,etmême si cette période estivale et les fêtes de fin d’annéepourraient connaître uneforte affluence sur les différentes destinations du Royaume, l’année touristique 2021 ne réussira jamaisà atteindre les 13 millions de touristes franchis en 2019 (+5,2 % par rapport à 2018) et bien loin de l’ambition : 20 millions de touristes en 2020.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Cheptel : 3,172 MMDH mobilisés pour soutenir les éleveurs

Économie - Plus de 750.000 éleveurs soutenus et 3,172 milliards de DH mobilisés pour renforcer le cheptel national et assurer la résilience du secteur de l’élevage.

Hajar Toufik - 21 novembre 2025
Inflation : légère hausse de 0,1% enregistrée en octobre

Économie - L’inflation reste quasi stable en octobre, avec une hausse annuelle limitée à 0,1%, portée par la légère progression des prix non alimentaires malgré le recul des produits alimentaires.

Hajar Toufik - 21 novembre 2025
Maroc-Japon : accord de prêt de 3,9 MMDH pour moderniser l’irrigation dans la plaine du Gharb

Économie - Le Maroc et le Japon signent un prêt de 3,9 MMDH pour moderniser l’irrigation de la plaine du Gharb, renforçant sécurité alimentaire et coopération bilatérale.

Hajar Toufik - 20 novembre 2025
COP30 : quand le Maroc tisse une transition climatique qui unit tourisme, sport, jeunesse et territoires

Économie - Au cœur de la COP30 à Belém, le Maroc multiplie les initiatives pour ancrer l’action climatique dans les territoires, renforcer l’éducation, verdir le tourisme, mobiliser le sport et consolider la coopération internationale, affirmant un modèle durable et inclusif.

Ilyasse Rhamir - 20 novembre 2025
Budget citoyen 2026 : un guide clair pour comprendre les priorités nationales

Économie - Un document pédagogique du ministère des Finances présente les grandes lignes du Budget 2026 de manière simple et accessible, en éclairant les citoyens sur les priorités publiques, les choix fiscaux et les projets majeurs prévus pour l’année à venir.

Ilyasse Rhamir - 20 novembre 2025
Vidéo – La SGTM franchit un cap stratégique avec son entrée en Bourse

Économie - La SGTM ouvre une nouvelle phase de son expansion avec une entrée en Bourse destinée à renforcer sa croissance, diversifier son actionnariat et consolider son rôle dans les grands projets d’infrastructures au Maroc et en Afrique.

Ilyasse Rhamir - 20 novembre 2025
Voir plus
Visa Schengen : le cauchemar européen à prix d’or

Dossier - Entre les délais interminables, les coûts exorbitants et les parcours semés d’embûches, obtenir un visa Schengen c’est devenu…

Sabrina El Faiz - 26 juillet 2025
Coût, impact… tout savoir sur la nouvelle LGV Kénitra-Marrakech

Économie - Le Maroc lance l’extension de sa LGV vers Marrakech, un projet structurant qui transformera durablement la mobilité, l’économie et la connectivité entre les grandes villes.

Hajar Toufik - 25 avril 2025
Où en est l’avancement du gazoduc Nigeria-Maroc ?

Économie - Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc progresse : 13 pays engagés, signature intergouvernementale à venir et lancement d’un premier tronçon entre Nador et Dakhla.

Hajar Toufik - 14 juillet 2025
BTP : le Maroc bétonne ses règles

Dossier - Pas d’attestation, pas de chantier. C’est simple, non ? Pas de couverture décennale, pas de livraison. N'y réfléchissons pas trop !

Sabrina El Faiz - 19 juillet 2025
Régions : qui profite vraiment du Maroc des grands chantiers ?

Économie - Le Maroc construit partout, mais se développe-t-il partout ? Analyse région par région…

Sabrina El Faiz - 25 octobre 2025
Indemnités CNSS 2025 : nouveaux plafonds et conditions d’exonération

Économie - Un arrêté du 19 mai 2025 redéfinit les règles d’exonération des indemnités liées au transport, à la représentation ou aux aides sociales. La CNSS est désormais dotée d’un cadre harmonisé avec la fiscalité, garantissant plus de clarté pour les employeurs.

Ilyasse Rhamir - 20 octobre 2025
pub

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire