Violence scolaire : il est temps d’agir
Violence scolaire (illustration) © DR
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Le décès tragique de Hajar E., enseignante de langue française violemment agressée par un élève à Erfoud, continue de susciter une profonde émotion à travers le pays. Après plusieurs semaines passées dans un coma profond à l’hôpital universitaire Hassan II de Fès, la jeune femme a rendu son dernier souffle le 14 avril, jour qui coïncidait cruellement avec celui de son anniversaire. Ce drame a relancé, une fois encore, le débat autour de la sécurité dans les établissements de formation et le climat de tension croissant auquel sont exposés les enseignants.
Une agression en plein jour
Les faits remontent au 28 mars dernier. En pleine journée du mois de Ramadan, dans les rues d’Erfoud, un élève de 21 ans s’en est pris à son enseignante à l’aide d’un « chakour », une hache artisanale. Motif : un différend disciplinaire que le jeune homme n’aurait pas digéré. L’agression, d’une violence inouïe, a laissé la victime inconsciente, gisant au sol.
Une vidéo filmée juste après l’attaque et largement relayée sur les réseaux sociaux a amplifié l’indignation collective. L’élève, rapidement interpellé par les forces de l’ordre, est depuis en garde à vue dans l’attente des conclusions de l’enquête.
Originaire de Khémisset, Hajar E. s’était engagée depuis 2021 au sein de l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail (OFPPT) d’Erfoud. Ses collègues parlent d’une enseignante investie, appréciée de ses élèves et profondément convaincue du rôle de l’éducation dans l’émancipation sociale.
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Pourtant, son parcours s’est achevé dans des circonstances qui interrogent. À l’heure où les enseignants dénoncent depuis des années un climat de plus en plus hostile, ce drame met en lumière une réalité alarmante : la montée de la violence dans les milieux scolaires n’est plus un phénomène marginal. Selon une étude conjointe de l’UNICEF et du Conseil supérieur de l’éducation, 69% des violences liées au milieu scolaire se produisent à l’intérieur même des établissements, touchant aussi bien les enseignants que les élèves.
Face à ce drame, les syndicats ont tiré la sonnette d’alarme. En signe de protestation et de solidarité avec la défunte, plusieurs mouvements de grève ont été observés, notamment dans la région de Draâ-Tafilalet. Ces actions visent à alerter les autorités sur l’urgence de la situation et à réclamer des mesures concrètes pour protéger les enseignants.
Mais au-delà de la colère immédiate, c’est une profonde lassitude qui s’installe dans les rangs du corps enseignant. Le sentiment d’abandon est de plus en plus partagé, nourri par l’impression que ces violences deviennent une fatalité.
Le hashtag #NousSommesTousHajar, largement relayé sur les réseaux sociaux, incarne cette mobilisation collective. Il ne s’agit plus seulement de rendre hommage à une victime, mais d’exiger des réponses fortes pour éviter que d’autres drames ne se produisent. Et Malgré l’ampleur de l’émotion suscitée dans tout le pays, le ministère de l’Éducation nationale n’a, pour l’heure, pas encore réagi officiellement.
Appel à l’action
Le drame d’Erfoud n’est pas un cas isolé, nous dit Abdessadek Reghioui, secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement affilié à la FDT (SNE/FDT). «Des situations similaires nous sont rapportées dans toutes les régions du pays», alerte-t-il. Selon lui, ces actes de violence sont les symptômes d’un malaise plus large, nourri par une combinaison de facteurs sociaux, économiques et éducatifs. La précarité, le décrochage scolaire, l’absence de dialogue entre familles et établissements, mais aussi le manque d’encadrement psychologique des jeunes, forment un terrain propice à ces dérives violentes.
Plus inquiétant encore, certaines agressions récentes ont été perpétrées par des individus étrangers au milieu scolaire. «Ce phénomène interpelle sur la sécurité des enseignants non seulement à l’intérieur des établissements, mais aussi dans leur environnement immédiat», souligne Reghioui. Il regrette l’absence de réaction cohérente des pouvoirs publics et appelle à repenser les politiques éducatives à la lumière de ces faits. Pour lui, la sensibilisation ne suffit plus : il faut des mesures fortes, durables, et coordonnées entre les ministères concernés.
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Notre interlocuteur regrette l’absence de réaction cohérente des pouvoirs publics et appelle à repenser les politiques éducatives à la lumière de ces faits. Pour lui, la sensibilisation ne suffit plus : il faut des mesures fortes, durables et coordonnées entre les ministères concernés.
Le secrétaire général du SNE/FDT propose ainsi une série de pistes pour lutter efficacement contre ce fléau. Cela passe, selon lui, par un renforcement de la sécurité aux abords des établissements scolaires, mais aussi par un accompagnement psychologique adapté pour les élèves, notamment ceux en situation de vulnérabilité. Il insiste également sur la nécessité de revaloriser le rôle de l’enseignant dans la société, afin de restaurer une autorité mise à mal.
«Le drame d’Erfoud est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase», tranche Reghioui. Il rappelle que ce n’est pas la première fois que le secteur de l’éducation est endeuillé par de tels actes. En novembre 2017 déjà, un professeur avait été agressé à Casablanca, et la même année, un autre enseignant frappé violemment à Ouarzazate. Tous ces événements témoignent d’une même réalité : celle d’un système éducatif fragilisé, où l’urgence d’agir n’a jamais été aussi évidente.
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