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Tueur silencieux : l’hypertension met à l’épreuve le système de santé marocain

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La bataille contre l’hypertension artérielle, souvent surnommée le «tueur silencieux», prend une tournure critique au Maroc. Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), cette affection insidieuse a entraîné la mort de plus de 247.000 personnes en 2019, révélant une crise de santé publique qui nécessite une intervention immédiate.

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L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a publié un rapport alarmant sur l’hypertension au Maroc, révélant 247.000 décès en 2019 et 6,1 millions d’adultes touchés, mais seulement 43% diagnostiqués. Le professeur Amal Bourquia, néphrologue, souligne l’urgence d’une meilleure sensibilisation et d’un diagnostic précoce, notamment chez les femmes. L’OMS appelle à une action accrue pour prévenir jusqu’à 223.000 décès prématurés d’ici à 2040.

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Un rapport alarmant de l’OMS

Le premier rapport global de l’OMS sur l’hypertension artérielle, intitulé «La course contre un tueur silencieux», révèle une situation préoccupante au Maroc. La disparité de genre est notable : 34% des hommes contre 52% des femmes sont diagnostiqués, soulignant le besoin urgent de dépistage et de sensibilisation.

Seulement 29% des personnes diagnostiquées suivent un traitement. Et parmi elles, une faible proportion, 10%, parvient à contrôler efficacement leur hypertension. L’OMS souligne la nécessité d’une prise en charge accrue, estimant qu’un traitement approprié pour 2,4 millions de personnes supplémentaires est nécessaire pour atteindre un taux de contrôle de 50%.

D’autre part, le rapport indique que des avancées pourraient éviter jusqu’à 223.000 décès prématurés d’ici à 2040 si les mesures appropriées sont mises en œuvre. Les maladies non transmissibles, en particulier les maladies cardiovasculaires, continuent de poser un sérieux défi, représentant 127.000 décès en 2019 au Maroc, avec une prédominance notable des complications liées à une pression artérielle élevée.

Bien que certaines initiatives, telles que la gestion de la pression artérielle et la réduction de la consommation de sel, aient été partiellement réussies, le Maroc fait face à des défis persistants. Il s’agit notamment du manque de données fiables sur les causes spécifiques de mortalité. L’OMS recommande de renforcer la prévention, la détection précoce, et la prise en charge de l’hypertension, considérées parmi les interventions les plus rentables pour réduire les risques associés à cette maladie.

Urgence de prévenir une crise silencieuse

Le professeur Amal Bourquia, néphrologue et présidente de l’association REINS, met en lumière la gravité de l’hypertension artérielle (HTA) qui affecte un adulte sur trois à l’échelle mondiale, avec plus de 10 millions de cas au Maroc. Elle insiste sur l’urgence d’une sensibilisation accrue et d’un diagnostic précoce pour combattre cette maladie silencieuse mais mortelle. L’HTA est une cause principale de maladies cardiovasculaires graves comme les accidents vasculaires cérébraux, les crises cardiaques, les insuffisances cardiaques, ainsi que des lésions rénales, aggravant ainsi plusieurs autres conditions de santé.

En plus de son impact direct sur la santé cardiovasculaire et rénale, l’HTA est la deuxième cause principale de dialyse au Maroc. Cette condition est d’autant plus alarmante que près de la moitié des personnes affectées dans le monde n’est pas consciente de son état. Le nombre de personnes souffrant d’HTA a connu une augmentation dramatique, doublant de 650 millions en 1990 à 1,3 milliard en 2019, majoritairement dans les pays à faibles et moyens revenus.

Globalement, les maladies cardiovasculaires demeurent la première cause de décès, avec environ 17,9 millions de décès en 2019, soit 32% de l’ensemble des décès. La majorité de ces décès, survenant à la suite de crises cardiaques ou d’accidents vasculaires cérébraux, sont directement liés à l’HTA et auraient pu être évités avec des interventions appropriées.

Le professeur Bourquia souligne également que plus de la moitié des patients souffrant de maladie rénale chronique sont également affectés par l’HTA, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux complications cardiaques. Elle met en avant l’importance de lutter contre les facteurs de risque modifiables tels que le régime alimentaire riche en sel, le manque d’exercice et le tabagisme, qui peuvent tous exacerber le risque d’hypertension.

Lire aussi : Maladies non transmissibles : quel coût budgétaire ?

Optimisation de la gestion de l’hypertension

Selon Amal Bourquia, des changements de mode de vie, comme adopter une alimentation saine, arrêter de fumer et augmenter l’activité physique, sont essentiels pour réduire la tension artérielle. De plus, certains patients nécessitent des médicaments pour contrôler efficacement leur hypertension et prévenir les complications liées. L’utilisation de protocoles de traitement standardisés, spécifiques à chaque médicament et à chaque dose, pourrait améliorer l’adhésion des patients aux traitements.

L’HTA peut être gérée efficacement avec des schémas thérapeutiques simples et économiques. Toutefois, les programmes de contrôle de l’HTA ne sont souvent pas prioritaires et sont négligés. Le renforcement de la lutte contre l’HTA devrait être intégré dans les soins de santé primaires.

Le numérique offre des possibilités pour améliorer le diagnostic et la gestion de l’HTA. Des solutions technologiques innovantes peuvent améliorer le diagnostic, le contrôle, l’observance des patients, et par extension, leur qualité de vie. Des systèmes d’information centrés sur l’utilisateur permettent une saisie rapide et efficace des données essentielles et réduisent le fardeau administratif pour les professionnels de santé. Ils facilitent, de plus, l’expansion rapide des services tout en préservant ou améliorant la qualité des soins.

La détection précoce et la gestion efficace de l’HTA sont parmi les mesures les plus rentables en santé et devraient être une priorité au sein des prestations de santé primaires. Les bénéfices économiques d’une amélioration des programmes de traitement de l’HTA sont considérables. Comme l’HTA est souvent asymptomatique et connue comme un «tueur silencieux», le dépistage reste essentiel pour identifier cette condition, soulignant l’importance d’améliorer la sensibilisation et la gestion de l’HTA pour protéger la santé publique mondiale.

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