Donald Trump présentant un décret sur les droits de douane réciproques lors d'un événement intitulé « Make America Wealthy Again » dans la roseraie de la Maison Blanche, à Washington, mercredi 2 avril 2025 © Chine Nouvelle / SIPA
Donald Trump frappe un grand coup. En annonçant une surtaxe douanière universelle de 10% sur toutes les importations, avec des hausses spécifiques pour certains pays, il engage une guerre commerciale d’une ampleur inédite. La Chine, l’Union européenne et l’Inde figurent parmi les principales cibles, avec des taux respectifs de 34%, 20% et 26%.
Le Maroc n’est pas épargné, bien que ses droits de douane supplémentaires restent relativement plus bas, à 10%. Pourtant, cette décision pourrait impacter lourdement plusieurs filières stratégiques du pays.
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L’agriculture, le textile et l’industrie automobile pourraient être particulièrement touchés, entraînant des ajustements économiques majeurs.
Alors que les États-Unis justifient cette décision par une volonté de protéger leur industrie et de rétablir un équilibre commercial, la riposte des partenaires économiques du pays s’organise déjà.
Le Maroc face à un test de résilience économique
Pour le spécialiste en géopolitique Roudani Cherkaoui, cette taxe de 10% est bien plus qu’un simple ajustement tarifaire. Il y voit un véritable « stress-test pour notre résilience économique ».
« Les secteurs les plus exposés, tels que le textile, l’agroalimentaire et les composants industriels, devront rapidement s’adapter. Nous entrons dans une phase où l’innovation logistique, la compétitivité intelligente et la diplomatie économique agile ne sont plus des options, mais des nécessités vitales », explique-t-il.
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Concrètement, cela signifie que les entreprises marocaines exportant vers les États-Unis devront soit absorber cette taxe en réduisant leurs marges, soit augmenter leurs prix au risque de perdre en compétitivité. Dans un marché mondial déjà sous pression avec l’inflation et l’augmentation des coûts de production, cette nouvelle donne complique davantage la situation.
Un levier pour attirer de nouveaux investisseurs ?
Si cette surtaxe constitue une menace pour certaines industries marocaines, elle pourrait aussi, paradoxalement, jouer en faveur du Royaume. « Le Maroc peut se positionner comme une plateforme stratégique de relocalisation et de co-production régionale », estime Roudani Cherkaoui.
Grâce à sa proximité avec l’Europe, à ses accords de libre-échange avec les États-Unis et plusieurs partenaires africains, mais aussi à son cadre macroéconomique stable, le Royaume pourrait attirer des entreprises cherchant des alternatives aux marchés asiatiques surtaxés.
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Un exemple concret concerne l’industrie textile. Si la Chine doit désormais payer une taxe de 34% pour exporter vers les États-Unis, les entreprises américaines pourraient chercher à diversifier leurs fournisseurs et se tourner vers le Maroc, qui dispose déjà d’un secteur textile dynamique.
Quels produits seront impactés ?
Les secteurs concernés par ces nouvelles taxes sont nombreux :
• Agriculture et agroalimentaire : les fruits, légumes et produits transformés marocains pourraient voir leur compétitivité baisser sur le marché américain.
• Textile et habillement : la taxe de 10% risque de peser sur les exportations de vêtements et de tissus vers les États-Unis.
• Automobile et composants industriels : l’industrie automobile marocaine, qui exporte des pièces et composants, pourrait être touchée indirectement par la surtaxe de 25% imposée aux voitures importées aux États-Unis.
Pour les producteurs marocains, la solution pourrait passer par une montée en gamme et une intégration plus poussée dans les chaînes de valeur régionales.
Les risques d’un chaos économique mondial
À l’échelle internationale, cette annonce de Trump pourrait provoquer un séisme économique.
« Les marchés financiers vont plonger, entraînant une forte volatilité et une perte de confiance des investisseurs », prévient Roudani Cherkaoui. Ce type de mesures protectionnistes pourrait aussi réveiller le spectre de la stagflation, une période où la croissance ralentit tandis que l’inflation grimpe.
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Les chaînes d’approvisionnement mondiales risquent d’être perturbées, forçant les entreprises à revoir leurs circuits logistiques. Par exemple, une hausse des taxes sur les matières premières pourrait renchérir le coût de production pour de nombreux secteurs, allant de l’électronique à l’industrie pharmaceutique.
En réaction, plusieurs pays envisagent déjà des contre-mesures. L’Union européenne et la Chine pourraient imposer des taxes similaires sur les importations américaines, déclenchant une véritable guerre commerciale.
Quelle stratégie pour le Maroc ?
Dans ce contexte incertain, le Maroc doit adapter rapidement sa stratégie économique. Trois axes se dégagent :
• Diversification des marchés : le Royaume pourrait intensifier ses échanges avec l’Europe, l’Afrique et l’Asie pour compenser une éventuelle baisse des exportations vers les États-Unis.
• Montée en gamme des produits : pour rester compétitives, les entreprises marocaines doivent innover et se positionner sur des segments à forte valeur ajoutée.
• Renforcement des partenariats régionaux : le Maroc a tout intérêt à renforcer ses liens commerciaux avec les pays africains et méditerranéens pour réduire sa dépendance aux fluctuations du commerce mondial.
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En instaurant cette taxe universelle, Donald Trump redistribue les cartes du commerce mondial. Pour le Maroc, l’enjeu est double : subir le contrecoup des surtaxes ou tirer parti de cette nouvelle donne pour renforcer son attractivité.
Si certains secteurs risquent d’être durement touchés, d’autres peuvent profiter de cette situation pour s’imposer comme des alternatives crédibles aux marchés saturés ou surtaxés. La clé réside dans la capacité du Maroc à s’adapter rapidement et à jouer intelligemment ses cartes dans ce nouvel ordre économique en mutation.
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