Stress hydrique : le spectre d’une nouvelle année sèche

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Le barrage Al Massira asséchéUn troupeau de moutons sur le sol asséché du barrage Al Massira © DR

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Le Maroc se retrouve aux prises avec les conséquences dévastatrices du changement climatique, confronté à l’angoisse d’une nouvelle saison sèche. Malgré les pluies bénéfiques d’octobre qui semblaient raviver l’espoir, l’absence persistante de précipitations en ce mois de novembre fait vaciller cette lueur d’espoir aussi bien chez le commun des citoyens que chez l’agriculteur. Octobre avait pourtant affiché des précipitations exceptionnelles, surpassant de 25% les normes habituelles. Cette situation climatique difficile s’accompagne également d’une baisse significative des rendements agricoles. Détails.

Le Maroc peine à surmonter les ravages du changement climatique. Les agriculteurs s’inquiètent d’une nouvelle saison sèche. Leur espoir renaissant après les pluies bienfaitrices d’octobre semble vaciller face à l’absence persistante de précipitations en ce mois de novembre. Il faut dire que la moyenne des précipitations pour le mois d’octobre était exceptionnelle avec une hausse de 25% par rapport aux années précédentes. En cette fin du mois de novembre, les températures sont basses. Pas de neige ni de pluie à l’horizon au grand dam des citoyens en général et des agriculteurs en particulier.

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Barrages à sec

Au terme du mois d’octobre 2023, le Maroc a été le témoin d’une météo exceptionnelle, marquée par des précipitations remarquables. Les données météorologiques révèlent un cumul moyen de précipitations s’élevant à 47,7 mm, ce qui représente une hausse spectaculaire de 119% par rapport à la même période l’année précédente. Cette augmentation significative a surpassé de 15% la moyenne enregistrée au cours des 30 dernières années. Mais depuis, le ciel est parcimonieux faisant chuter les réserves d’eau.

La conjoncture météorologique, surtout en cette fin de mois de novembre, préfigure des temps difficiles à venir. Les statistiques les plus récentes émanant du ministère de l’Équipement et de l’Eau, révèlent un taux de remplissage des barrages à l’échelle nationale, s’élevant à moins de 24%. Les réserves des barrages ne dépassent guère les 4 milliards de mètres cubes. Le département dirigé par Nizar Baraka doit d’ailleurs réparer un bug sur son site web qui ne permet plus de suivre la situation journalière des principaux grands barrages du Royaume. La réalité alarmante dans laquelle se trouvent quatre grands barrages, enregistrant un taux de remplissage inférieur à 10%, ne peut être occultée. Parmi ceux-ci, le deuxième plus vaste barrage du Royaume, le barrage Al Massira (dans la région de Casablanca-Settat), figure en tête de liste avec un taux de remplissage critique de seulement 1%.

Lire aussi : Le Maroc renforce son programme «Al Ghait» pour combattre la sécheresse

Pas de pluie à l’horizon et baisse des rendements

Selon les prévisions de Maroc Météo, le ciel sera clair à passagèrement nuageux pour le reste de la semaine. Quelques gouttes de pluie sont à prévoir surtout dans le Nord, mais pas de volume important. Ce temps stable devrait se poursuivre jusqu’à la semaine prochaine au moins. L’anticyclone des Açores empêche la pénétration des perturbations atmosphériques sur le territoire national. Difficile de compter sur le programme «Al Ghait» d’ensemencement artificiel des nuages quand les cellules nuageuses cumuliformes n’atteignent pas le ciel marocain.

Dans sa note de conjoncture du mois de novembre, la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) avait confirmé une bonne entame de la saison agricole actuelle avec une hausse de 119 % des précipitations pour la campagne agricole 2023-2024 par rapport à la saison précédente. La DEPF a précisé que plusieurs mesures ont été prises pour assurer le bon déroulement de cette campagne agricole. Ces actions visent à garantir l’approvisionnement en semences et engrais, soutenir les filières agricoles, gérer l’irrigation, offrir une assurance agricole, ainsi que financer et accompagner les agriculteurs. La production anticipée pour la campagne à venir prévoit une récolte d’agrumes avoisinant 1,69 million de tonnes, en augmentation de 5%. Concernant les olives, la production attendue serait similaire à celle de la campagne précédente, atteignant 1,07 million de tonnes. Enfin, la production de dattes devrait augmenter de 6,5% pour atteindre 115.000 tonnes.

Cependant, le docteur en agronomie et producteur de tomates dans la région de Souss Massa, Mustapha Aouragh, évoque une baisse significative des rendements de tomates. Selon lui, ce déclin est attribué au refroidissement inhabituel des températures. «Avec la fin de l’été, nous avons vu les températures chuter. Les journées commencent à 10 degrés à Agadir. Les rendements en tomates ont ainsi chuté à 500 kg par hectare et par jour en moyenne, avec une récolte toutes les deux journées, comparés aux 1.000 ou 1.200 kg enregistrés il y a à peine deux semaines», explique Aouragh.

En plus du climat, la menace persistante du ToBRFV (virus affectant les tomates) continue d’impacter les volumes récoltés. Aouragh souligne la nécessité d’arracher les plantes contaminées, une solution encore fluctuante d’une semaine à l’autre et d’un producteur à l’autre. «Il est difficile de quantifier les pertes régionales pour cette nouvelle saison, mais la sensibilisation des producteurs à la prévention des contaminations a contribué à réduire ces pertes, conjointement avec la baisse des températures», ajoute-t-il.

Cette incertitude dans la filière de la tomate a poussé certains producteurs, y compris Aouragh lui-même, à se tourner vers des cultures alternatives comme les poivrons, moins sensibles aux pressions virales, et les petits fruits.

Lire aussi : Conjoncture : les agrégats économiques au scanner de la DEPF

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