Séisme d’Al Haouz : la reconstruction au point mort
Un enfant joue près des tentes de secours dans le village d'Asni, près de Moulay Brahim, dans la province d'Al-Haouz © AFP
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Les intempéries hivernales, avec des températures glaciales, des pluies et de la neige, rendent la situation encore plus difficile pour les victimes du séisme d’Al Haouz qui continuent de vivre sous le poids des promesses de reconstruction non tenues. Le soutien financier ne comble plus les besoins quotidiens des sinistrés depuis la fin des allocations mensuelles, ce qui les laisse dans une précarité accrue.
Le processus de reconstruction, censé apporter un soulagement rapide après le drame, est loin de répondre aux attentes. Alors qu’un relogement est toujours attendu, les obstacles administratifs, les retards dans les procédures et les difficultés d’accès aux zones montagneuses ralentissent considérablement l’avancée des travaux.
Une promesse de reconstruction qui peine à se concrétiser
Alors que les autorités avaient promis une reconstruction rapide et inclusive des zones sinistrées, les familles se trouvent toujours dans une situation de grande précarité un an et demi après le drame. Un recensement détaillé de la population touchée a été effectué, afin d’évaluer les besoins spécifiques et de déterminer les bénéficiaires des aides financières. Des comités mixtes ont été mis en place pour examiner chaque dossier, en fonction d’une inspection technique des bâtiments endommagés. Mais, malgré ces efforts, de nombreux obstacles empêchent une mise en œuvre rapide et efficace de la reconstruction.
Certes, des progrès ont été réalisés avec la réhabilitation de 15.100 logements, représentant 60% des habitations endommagées, et une diminution significative du nombre de tentes de fortune. Mais la réalité sur le terrain demeure préoccupante, sachant que les camps de tentes comptent toujours plus de 3.000 tentes. En parallèle, bien que des aides financières aient été distribuées, comprenant des subventions de 140.000 ou 80.000 DH en fonction des dégâts, et une allocation mensuelle de 2.500 DH pour le logement temporaire, cela reste insuffisant. D’ailleurs, l’interruption de l’aide mensuelle laisse de nombreuses familles sans ressources suffisantes pour subvenir à leurs besoins quotidiens, alors que la reconstruction ne permet toujours pas de rétablir une situation normale. Désormais, les sinistrés se retrouvent dans une spirale de dépendance, où l’absence de logement stable et de revenu leur empêche de reprendre leurs activités économiques, principalement agricoles, qui étaient leur principale source de revenus avant le séisme.
Lenteur administrative et obstacles à la reconstruction
L’un des principaux obstacles à la reconstruction est l’octroi des permis de construire. Si le processus est encadré par un cahier des charges spécifique, la délivrance des autorisations prend un retard considérable. Cela empêche de nombreuses familles de commencer la reconstruction de leurs maisons, les maintenant dans une situation d’attente prolongée. En l’absence de ces permis, les efforts pour reloger les sinistrés et répondre à leurs besoins urgents se heurtent à des lenteurs administratives paralysantes.
De plus, l’accès aux zones montagneuses, où de nombreuses victimes résidaient, complique encore la logistique de la reconstruction. Les matériaux nécessaires n’arrivent pas assez rapidement, et la reconstruction prend du retard en raison des difficultés d’approvisionnement et des conditions d’accès difficiles.
Contactée par LeBrief, Siham Azeroual, consultante éditoriale et fondatrice de Moroccan Douars, un projet visant à autonomiser les villages par une meilleure gestion de leurs ressources naturelles, pointe la responsabilité du gouvernement dans cette situation. Selon elle, «le gouvernement est à 100 % responsable» de la lenteur du processus de reconstruction. Elle évoque des erreurs dans l’évaluation des sinistrés et des dysfonctionnements dans la gestion des ressources financières allouées à la reconstruction. Une mauvaise gestion et un manque de suivi dans l’utilisation des fonds ont aggravé, dit-elle, la situation, retardant d’autant plus les efforts de relogement et de reconstruction.
Notre interlocutrice souligne surtout la mauvaise gestion des fonds, avec des enveloppes conséquentes comme les 120 milliards de DH destinés à la reconstruction, a alimenté des irrégularités. Le contrôle insuffisant sur le terrain a permis à certains acteurs malintentionnés de détourner des fonds ou de ne pas respecter les normes de construction. Cela a non seulement retardé la reconstruction, mais aussi mis en danger la sécurité des habitants dans les nouvelles constructions.
Ces obstacles à la reconstruction
L’un des principaux obstacles à la reconstruction dans les zones touchées par le séisme d’Al Haouz réside dans l’octroi des autorisations de construire. Bien que le processus soit encadré par un cahier des charges spécifique, la délivrance des permis de construction subit un retard considérable. Cette lenteur empêche de nombreuses familles de commencer la reconstruction de leurs maisons, les laissant dans l’incertitude et l’attente. Parallèlement, des difficultés d’accès aux zones montagneuses aggravent encore la situation. Ces zones isolées compliquent la logistique de la reconstruction et retardent l’arrivée des matériaux nécessaires.
Selon Siham Azeroual, consultante éditoriale et fondatrice du projet Moroccan Douars, «le gouvernement est à 100 % responsable» de la lenteur du processus de reconstruction. Selon elle, des erreurs ont été commises lors de l’évaluation des sinistrés, ce qui a conduit à une gestion inadéquate des ressources. «Le manque de suivi dans l’utilisation des fonds alloués à la reconstruction a également contribué à l’inefficacité du dispositif mis en place», ajoute-t-elle. En outre, les dysfonctionnements dans le traitement des dossiers ont rendu le processus encore plus opaque et chaotique.
Autre facteur majeur soulevé par Siham Azeroual et qui entrave la reconstruction est la mauvaise gestion des fonds alloués. Avec une enveloppe de 120 milliards de DH destinée à la reconstruction, plusieurs irrégularités ont été constatées, allant du contrôle insuffisant à des détournements de fonds. Azeroual déplore également l’attitude des autorités locales qui, selon elle, acceptent passivement des orientations mal adaptées.
En outre, la reconstruction est également freinée par un manque de compétences techniques dans la construction en matériaux naturels. De nombreuses maisons dans la région étaient traditionnellement construites avec des matériaux locaux comme la terre ou la pierre, qui sont durables et bien adaptés aux risques sismiques. Cependant, comme le souligne Siham Azeroual, les ingénieurs en construction au Maroc sont principalement formés à travailler avec des matériaux modernes, comme le béton, et manquent de formation en ingénierie des matériaux naturels.
Enfin, un autre problème récurrent est la présence de tacherons, ces travailleurs non qualifiés qui profitent de la situation pour commettre des fraudes. Plusieurs cas de fraudes ont été signalés, et des arrestations ont eu lieu, y compris dans le cadre d’enquêtes menées par le ministère de l’Intérieur. Dans ce sens, Azeroual plaide pour un renforcement du contrôle, suggérant qu’en plus du Laboratoire public d’essais et d’études (LPEE), une commission composée de spécialistes en matériaux naturels devrait être mise en place pour garantir que la reconstruction soit conforme aux normes parasismiques.
Par ailleurs, Siham Azeroual constate un manque d’organisation parmi les victimes, qui est, selon elle, un facteur qui ralentit la reconstruction. «Les habitants d’Al Haouz ne sont pas unis pour leur cause», regrette la fondatrice de Moroccan Douars. Selon elle, l’absence de mobilisation de la population empêche aussi de faire pression efficacement sur les autorités. Les victimes, bien qu’elles partagent une souffrance commune, n’ont pas réussi à structurer une réponse collective pour accélérer la reconstruction de leurs foyers.
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