Sahara : un rapport américain met en lumière le soutien de l’Iran au Polisario

Mbaye Gueye
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Sahara : un rapport américain met en lumière le soutien de l'Iran au PolisarioImage d'illustration © DR

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Alors que l’Iran cherche à étendre son influence dans le Maghreb par l’entremise du Polisario, les États-Unis réaffirment leur soutien sans faille à la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Une position stratégique qui conforte Rabat comme allié incontournable dans une région en tension.

Le Front Polisario cherche désormais à s’imposer dans l’échiquier géopolitique au-delà des frontières du Maghreb. Le groupe, soutenu depuis des décennies par l’Algérie, est aujourd’hui présenté comme un levier d’influence grandissant pour l’Iran en Afrique du Nord, un vecteur stratégique par lequel Téhéran cherche à projeter son pouvoir.

Un rapport publié par le think tank américain spécialisé dans les questions stratégiques et sécuritaires, the Foundation for Defense of Democracies (FDD)   révèle que des combattants du Front Polisario auraient été formés par le Hezbollah, bras armé de l’Iran au Liban, avant d’être transférés vers la Syrie pour appuyer les forces pro-Assad. Cette révélation confirme une dynamique plus ancienne : dès 2018, le Maroc accusait Téhéran de livrer armes et équipements militaires au Polisario via le Hezbollah, une ingérence qui avait conduit Rabat à rompre ses relations diplomatiques avec l’Iran.

Une montée en puissance militaire préoccupante

Les ramifications de ce soutien sont multiples. D’un point de vue militaire, l’Iran aurait fourni au Polisario des systèmes de missiles sol-air et des drones kamikazes, comme en témoignent des images présentées par le Maroc aux Nations Unies en 2022. Plus récemment, des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont simulé des attaques de drones menées par le groupe contre des positions marocaines. Ces nouvelles capacités, auparavant impensables pour un mouvement limité à la guérilla terrestre, illustrent une montée en gamme inquiétante.

Lire aussi : Les Etats-Unis réaffirment leur reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara

L’Iran, isolé sur la scène internationale et confronté à des sanctions sévères, trouve dans le Polisario un allié utile pour déstabiliser une région stratégique : le Maghreb. L’Algérie, soutien historique du Polisario, facilite cette alliance en fournissant un sanctuaire logistique dans les camps de Tindouf, où les combattants sont entraînés, équipés et encadrés. Cette triangulation Alger-Téhéran-Polisario devient un outil indirect de pression contre le Maroc, partenaire stratégique des États-Unis et pivot de la stabilité régionale.

Au-delà des considérations militaires, le danger réside dans l’ancrage du Polisario dans des réseaux terroristes transnationaux. Des figures comme Adnan Abou al-Walid al-Sahraoui, ex-chef de Daech et ancien cadre du Polisario, illustrent la porosité inquiétante entre séparatisme et terrorisme. Le risque est clair : voir l’Iran s’appuyer sur un acteur hybride, à mi-chemin entre milice politique et groupe armé, pour projeter son influence dans une région vulnérable.

Dans ce contexte, plusieurs voix appellent à la désignation du Polisario comme organisation terroriste. Une telle classification renforcerait les efforts internationaux de lutte contre l’extrémisme et limiterait l’accès du groupe à des soutiens logistiques et financiers extérieurs.

Soutien américain à la souveraineté marocaine : une constante stratégique

Mais c’est compter sans la détermination des États-Unis. Le pays de l’oncle Sam, qui a reconnu en 2020 la souveraineté marocaine sur le Sahara, affirme que le plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007 constitue l’unique base d’une solution juste et durable.

Cette position a d’ailleurs été réitérée par le secrétaire d’État américain Marco Rubio, qui a officiellement réaffirmé le soutien ferme des États-Unis à la souveraineté du Maroc, ainsi qu’au plan d’autonomie, lors d’un entretien à Washington avec le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita.

Marco Rubio a salué le plan présenté par Rabat comme étant « sérieux, crédible et réaliste », le qualifiant de « seule solution faisable » pour résoudre ce dossier de longue date. Cette déclaration confirme la continuité de la position américaine adoptée en décembre 2020, lorsque le président Donald Trump avait reconnu la souveraineté du Maroc. Depuis, cette orientation stratégique a été maintenue par les administrations américaines successives jusqu’en 2025, démontrant une constance rare dans la politique étrangère des États-Unis.

Lire aussi : Sahara : quels sont les intérêts pour les États-Unis ?

Selon une étude du Policy Center for the New South intitulée Sahara marocain : l’appui américain renouvelé et ses implications régionales, cette confirmation intervient dans un contexte géopolitique tendu : instabilité persistante au Sahel, tensions au Moyen-Orient et influence croissante d’acteurs non étatiques soutenus par des puissances étrangères. Parallèlement, le soutien international au Front Polisario s’est affaibli au profit du plan marocain d’autonomie.

De nombreux pays européens, arabes et africains ont récemment exprimé leur adhésion à cette solution politique, jugée plus pragmatique et réaliste face à l’impasse des négociations onusiennes. Ce positionnement américain renforce non seulement la légitimité internationale du Maroc sur le dossier du Sahara, mais conforte également Rabat dans son rôle de partenaire stratégique de Washington pour la stabilité en Afrique du Nord et au Sahel.

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