Renouveau du football africain : innovation, coopération et identité
Photo prise du panel au WFS de Rabat © LeBrief.ma
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Le football africain est en pleine transformation. C’est ce qui ressort clairement d’un récent panel tenu lors du WFS à Rabat, réunissant dirigeants de clubs africains et européens, experts du sport et figures du monde du marketing sportif. À travers des échanges riches et passionnés, les intervenants ont dressé un portrait lucide, mais optimiste de l’avenir du football sur le continent.
L’alliance Afrique-Europe : au-delà du transfert de joueurs
Pendant longtemps, les relations entre clubs européens et africains se sont limitées à l’exportation de talents. Jose Collado, responsable des projets sportifs internationaux du Sevilla FC, affirme cependant que cette époque évolue. «Nous voulons bâtir des ponts durables, pas seulement chercher la prochaine pépite», confie-t-il. Le club espagnol a ainsi initié des collaborations avec des structures nigérianes pour développer les jeunes talents sur place, en partageant son savoir-faire technique et méthodologique.
D’ailleurs, Feyenoord Rotterdam, autre grand nom du football européen, suit une approche similaire. Son directeur international, Mohamed Hamdi, évoque un partenariat stratégique avec Microsoft, axé sur la collecte de données précises : profil des joueurs, parcours éducatif, environnement familial. Pour lui, «comprendre le joueur, c’est aussi comprendre l’humain», insistant sur une démarche holistique qui dépasse la simple performance sportive.
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Le cas inspirant des Young Africans de Tanzanie
L’exemple le plus frappant de transformation vient de Tanzanie. Hersi Said, président du club des Young Africans, relate une incroyable mutation opérée en seulement quelques années. En effet, en 2016, «le club était au bord du gouffre financier, puis en 2020, il lance le projet Transformation». Ce dernier s’inspire du modèle espagnol de La Liga. Résultat. Un bond spectaculaire des revenus issus des membres : de 10.000 dollars à 1 M de dollars par an.
Cette révolution repose sur trois piliers : la structuration administrative, la diversification des départements (communication, marketing, développement du football) et l’engagement des fans. Grâce à un partenariat avec une banque tanzanienne, les supporters peuvent aujourd’hui s’enregistrer, payer leurs cotisations via une carte bancaire co-marquée, et devenir acteurs du développement de leur club.
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Les défis persistants : infrastructures, gouvernance et jeunesse
Malgré ces avancées, les défis sont encore nombreux. Tous les intervenants s’accordent à dire que l’infrastructure reste le talon d’Achille des clubs africains. «Tu ne peux pas espérer des performances de haut niveau sans un terrain d’entraînement décent ni un centre médical digne de ce nom», souligne Hersi Said. Cette lacune freine non seulement la progression des talents, mais aussi la rentabilité des clubs.
Le manque de régulation dans la formation des jeunes est un autre point sensible. Sarah Solémalé, membre de l’European Club Association, déplore l’absence d’encadrement rigoureux pour les académies privées. Trop souvent, les jeunes sont livrés à eux-mêmes ou manipulés par des agents peu scrupuleux. Pour y remédier, une coordination entre les fédérations nationales et les structures privées devient indispensable.
Dans ce sens, la technologie se présente comme un espoir pour surmonter ces obstacles réside dans l’utilisation stratégique de la technologie. Des outils abordables permettent aujourd’hui aux clubs africains de collecter des données, de mieux gérer leurs effectifs, et même d’engager leur base de fans. Les clubs européens insistent sur l’importance de la maîtrise des données pour bâtir des modèles économiques solides. «Le football ne se joue plus seulement sur le terrain, il se joue dans les chiffres», affirme Mohamed Hamdi.
L’ACA : un nouveau souffle continental
Pour structurer cet élan de transformation, l’African Club Association (ACA), récemment fondée sous l’impulsion de la CAF, promet de devenir un levier majeur. Basée au Maroc, cette plateforme vise à fédérer tous les clubs du continent pour partager les bonnes pratiques, construire des modèles viables et renforcer la voix du football africain sur la scène mondiale. Hersi Said se réjouit de voir des clubs du Kenya, du Botswana ou du Congo venir s’inspirer de l’expérience tanzanienne : «Avant d’aller copier l’Europe, apprenons déjà les uns des autres».
Cependant, face à la tentation du «copier-coller» européen, les intervenants de ce panel estiment qu’il faut «garder l’ADN local, c’est notre force». L’idée n’est pas de renier l’ambition internationale, mais de la construire à partir de ce qui fait l’unicité des clubs africains. Cela passe par une meilleure valorisation de la culture locale, un storytelling assumé et des produits ciblés pour la diaspora.
Des clubs comme les Young Africans l’ont bien compris. En mêlant tradition et innovation, en dialoguant avec leur public local tout en créant des offres spécifiques pour les fans à l’étranger, ils montrent la voie d’une croissance maîtrisée.
Le mot de la fin revient à la modératrice de la session : «Nous devons raconter nos propres histoires». Car au-delà des chiffres et des infrastructures, c’est bien de narration qu’il s’agit. L’Afrique ne manque ni de talent, ni de passion, ni de potentiel. Elle manque souvent d’écoute, de reconnaissance et de relais. Grâce à des initiatives comme l’ACA et à une coopération plus équilibrée avec l’Europe, une nouvelle page du football africain est en train de s’écrire par et pour les Africains.
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