Temps de lecture : 4 minutes

Accueil / Société / Réforme de la Moudawana : à quoi faut-il s’attendre ?

Réforme de la Moudawana : à quoi faut-il s’attendre ?

Temps de lecture : 4 minutes

Gros plan

Temps de lecture : 4 minutes

En 2004, la Moudawana apparaissait comme étant le début d’une révolution juridique et social, qui a consacré l’égalité du genre tout en améliorant le droit des femmes au sein de la cellule familiale. Aujourd’hui, ce Code de la famille est jugé non adapté au contexte actuel. Une révision fondamentale s’avère donc nécessaire. Alors, à quoi faut-il s’attendre ?

Temps de lecture : 4 minutes

Le dernier discours de la fête u Trône, prononcé par le roi Mohammed VI le 30 juillet dernier, a ouvert la voie à une nouvelle révision à la question du Code de la famille, en lui redonnant sa place parmi les vecteurs du développement du Royaume.

«En qualité d’Amir Al-Mouminine, et comme Je l’ai affirmé en 2003 dans le discours de présentation du Code devant le parlement, Je ne peux autoriser ce que Dieu a prohibé, ni interdire ce que le Très-Haut a autorisé, en particulier sur les points encadrés par des textes coraniques formels», a déclaré le Souverain.

Depuis quelques semaines, le sujet fait l’objet de débats et discussions, appelant à de profonds changements dans le but de dépasser les défaillances et de placer les droits des deux sexes sur un même pied d’égalité, conformément à la Constitution de 2011 et aux accords internationaux ratifiés par le Maroc.

Lire aussi : Code de la famille : le CESE appelle à un débat public responsable

Les ambitions d’Abdellatif Ouahbi

Relations sexuelles hors mariage, mariage des mineures, les mères célibataires, l’avortement… plusieurs mesures ont été annoncées par Abdellatif Ouahbi, en marge d’une rencontre organisée, le 2 novembre dernier à Salé, par la Fondation Fkih Tétouani pour la science, la littérature et les œuvres sociales.

Pour le ministre, il est désormais urgent de réfléchir à la possibilité de mise en place d’un système intégré de justice familiale, compatible avec les besoins sociaux et culturels de la société.

Concernant l’épineuse problématique des mères célibataires, la mesure qui devrait être introduite dans le Code pénal permettra de responsabiliser davantage les parents biologiques. «Si l’ADN prouve qu’une relation extraconjugale entre un homme et une femme a conduit à la grossesse puis à la naissance d’un enfant, l’un des parents de ce dernier doit le prendre en charge jusqu’à ce qu’il atteigne ses 21 ans», a lâché le ministre.

Au sujet du test ADN, Ouahbi a reconnu que celle-ci pose toujours un problème majeur dans le Code pénal, relatif à la religion. «Il faut faire appel à nos oulémas pour une fatwa en la matière», a-t-il ajouté.

Autre point : l’avortement. Le ministre a d’ailleurs exprimé son désaccord vis-à-vis de la procédure actuelle, car selon lui, l’avortement peut être permis dans le cas où la femme enceinte serait d’accord avec son médecin, sans complications juridiques. «C’est le médecin qui doit assumer la responsabilité entière», a-t-il insisté.

Parmi les autres mesures, on cite la criminalisation des pratiques liées au mariage des mineures. En outre, de nouvelles restrictions seraient imposées dans la procédure d’octroi de l’autorisation de polygamie. C’est en effet une plateforme digitale qui permettrait de suivre, avec précision, les cas des mariages et des divorces jusqu’au décès de l’intéressé.

Enfin, Abdellatif Ouahbi a assuré que les indemnités de la femme dans le divorce seront aussi parmi les questions qui seront soulevées. Aussi, la problématique du mariage mixte sera aussi abordée. Plusieurs modifications sont d’ailleurs prévues.

Lire aussi : Pourquoi une réforme de la Moudawana s’impose ?

Droits des femmes : le constat des ONG

Si la Moudawana de 2004 a été porteuse d’espoir d’émancipation pour toutes les femmes marocaines, elle nécessite, selon les associations qui luttent en faveur des droits des femmes, une nouvelle évaluation pour réviser un certain nombre de dispositions dont l’application a montré ses limites et fait encore des victimes.

En exemple, les ONG appellent à repenser à la question de gestion du divorce, à bannir l’article 173 de la Moudawana, qui donne la possibilité au père de faire retirer la garde de l’enfant à la mère, si celle-ci se remarie. Elles exigent, par ailleurs, un large débat impliquant toutes les parties concernées pour un changement majeur et global dans la cohérence et l’égalité.

En conclusion, il reste encore du chemin à faire. Si le référentiel de 2004 semble sur le point d’être abandonné au profit d’un nouveau, il est très important d’établir des mécanismes de responsabilisation pour s’assurer de son application, tout en répondant à l’évolution de la société marocaine.

Laissez-nous vos commentaires

Temps de lecture : 4 minutes

La newsletter qui vous briefe en 5 min

Chaque jour, recevez l’essentiel de l’information pour ne rien rater de l’actualité


Et sur nos réseaux sociaux :

Moudawana

Les réalités auxquelles s’est heurté le RAMED

En 2012, après quatre années de tests pilotes, le Maroc déployait le programme RAMED, une initiative ambitieuse visant à démocratiser l'accè…
Moudawana

Qu’est ce qui bloque le lancement de la 5G ?

En répondant à une question orale sur « le lancement de la 5G » présentée par le groupe parlementaire du Rassemblement national des indépend…
Moudawana

Opération Marhaba : c’est parti pour la 24e édition !

Sous la présidence effective du roi Mohammed VI, la Fondation Mohammed V pour la Solidarité annonce le lancement de la 24e édition de l’opér…
Moudawana

Santé numérique : quel intérêt pour le Maroc ?

Au Maroc, comme partout ailleurs, l’on s’inquiète de la protection des données personnelles. D’autant plus lorsqu’il s’agit de données sensi…
Moudawana

Réseaux sociaux : quels sont les favoris des Marocains en 2024 ?

Trois applications du groupe Meta sont les plus utilisées quotidiennement au Maroc. C'est ce que révèlent les derniers chiffres de Sunergia.…
Moudawana

Fondation Zakoura : 27 ans de réalisations et de nouveaux horizons pour l’éducation

Lors de la conférence de presse tenue à Casablanca ce jeudi, la Fondation Zakoura a célébré son 27ᵉ anniversaire. L'occasion pour l'institut…
Moudawana

Aïd Al Adha : une fête à prix d’or

À l’occasion de Aïd Al Adha, les prix des moutons ont connu une augmentation par rapport à l’année précédente, constituant un véritable coup…
Moudawana

Acte de mariage dans les hôtels : les règles changent

Depuis des années, de nombreux hôteliers imposent aux clients nationaux la présentation d’un acte de mariage pour accéder à leurs établissem…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire