Produits alimentaires : le non-respect de la chaîne du froid, une menace invisible

Mbaye Gueye
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Produits frais et surgelés : quand le non-respect de la chaîne du froid menace les consommateursLes produits périssables © DR

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La conservation et le transport des produits alimentaires périssables au Maroc posent de sérieux défis. Si les produits surgelés bénéficient de normes strictes, le transport des denrées fraîches reste souvent chaotique. Cette situation expose les consommateurs à des risques sanitaires, tandis que les autorités peinent à assurer un contrôle systématique. La Fédération marocaine des droits des consommateurs (FMDC) appelle à une meilleure organisation et au respect rigoureux de la chaîne du froid afin de protéger la santé publique. Détails.

Garantir le transport des produits alimentaires a toujours constitué un défi de taille pour les commerçants. Lorsque les denrées sont périssables, ce défi devient encore plus complexe, car il impose le respect rigoureux de conditions de conservation spécifiques. Au Maroc, le non-respect de la chaîne du froid dans le transport des produits périssables est devenu un problème préoccupant.

Les produits sensibles tels que les viandes, poissons, produits laitiers ainsi que les fruits et légumes frais nécessitent une réfrigération continue afin d’éviter la prolifération de bactéries et les risques d’intoxication alimentaire. Une rupture, même de courte durée, de la chaîne du froid suffit à altérer la qualité microbiologique des aliments et à exposer les consommateurs à des risques sanitaires majeurs.

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Ces pratiques résultent souvent d’un manque d’organisation et d’un contrôle insuffisant. Si le transport des surgelés et des congelés est généralement mieux encadré grâce à des normes précises, celui des produits frais demeure marqué par de nombreuses irrégularités. Or, dans un pays où les températures dépassent régulièrement les 40 °C en été, la vigilance devrait être absolue.

Exigences techniques du transport des produits périssables

Le président de la Fédération des droits du consommateur, Bouazza Kherrati, estime que transporter un produit périssable ne se limite pas à le placer dans un camion réfrigéré. La chaîne du froid exige une parfaite maîtrise des techniques et un matériel adapté. Le choix du moyen de transport dépend du type de produit et de la distance à parcourir.

Il a ajouté que, pour le transport de produits frais sur de courtes distances (moins de 80 km), l’utilisation d’engins isothermes — des conteneurs qui isolent de la température extérieure — est recommandée. En revanche, pour les longs trajets, un engin frigorifique est indispensable. Celui-ci, en plus d’être isotherme, est doté de dispositifs produisant du froid positif ou négatif, selon les besoins, précise l’expert en contrôle qualité.

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Mais disposer du matériel adéquat ne suffit pas. Les transporteurs doivent se conformer à des règles strictes : véhicules agréés par les autorités, présence de traceurs et d’enregistreurs de température, systèmes d’alarme en cas de hausse anormale de chaleur et, surtout, formation spécifique du personnel. « Le chauffeur, par exemple, doit savoir organiser la répartition des produits, éviter les manipulations inappropriées et adopter les bons réflexes en cas d’incident », explique-t-il.

Un cadre réglementaire incomplet

Au Maroc, le transport des produits périssables est régi par le décret du 23 mars 1999, qui définit les différents types d’engins, leurs caractéristiques techniques et leurs modalités d’usage. Ce texte a permis d’encadrer efficacement le transport des produits congelés et surgelés, généralement mieux maîtrisé par les opérateurs.

Selon Bouazza Kherrati, le transport des produits frais reste un défi pour le secteur, en raison de l’absence de contrôles systématiques et de l’application inégale de la réglementation. Cette situation engendre une anarchie préoccupante. « Il n’est d’ailleurs pas rare de voir des denrées sensibles transportées dans des véhicules non conformes, sans respect des températures exigées », martèle-t-il.

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Ces pratiques ont une double conséquence. D’une part, les professionnels sérieux, qui investissent dans des équipements coûteux et respectent les normes, subissent une concurrence déloyale. D’autre part, les consommateurs se retrouvent exposés à de réels risques alimentaires.

La maîtrise du froid constitue un levier indispensable pour garantir une alimentation sûre et de qualité. Si le Maroc dispose déjà d’un cadre législatif, celui-ci demeure insuffisamment appliqué. Le renforcement des contrôles, la sensibilisation des transporteurs et la formation continue des professionnels apparaissent aujourd’hui comme des priorités urgentes.

Dans un contexte marqué par la progression de la consommation de produits frais et l’évolution des habitudes alimentaires, négliger la chaîne du froid reviendrait à fragiliser tout un pan de la sécurité alimentaire du pays. Autorités, transporteurs et commerçants doivent agir de concert pour faire de ce maillon essentiel une véritable garantie au service du consommateur.

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