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À l’occasion de la Journée mondiale des Petites et Moyennes Entreprises (PME), la Banque européenne d’investissement (BEI), en partenariat avec l’Union européenne, publie un rapport inédit intitulé Panorama des PME au Maroc en 2025. Menée dans le cadre du programme Trade & Competitiveness, cette enquête propose un éclairage actuel sur les défis majeurs auxquels font face les petites et moyennes entreprises marocaines dans un contexte de mondialisation intense.
Réalisée auprès de 150 dirigeants de PME opérant dans les chaînes de valeur exportatrices prioritaires (automobile, agroalimentaire et textile) l’enquête interroge la capacité réelle de ces entreprises à se projeter à l’international. Si leur contribution à l’économie nationale est indéniable, représentant près de 40% du PIB, leur potentiel reste encore largement freiné par des contraintes bien identifiées : saturation des marchés, manque de financement et freins logistiques.
Marchés saturés et pression concurrentielle, freins majeurs à la croissance
Selon l’enquête, trois PME marocaines sur cinq pointent la saturation des marchés et la concurrence accrue comme les principaux obstacles à leur développement. Ce constat domine largement les préoccupations des chefs d’entreprise interrogés, loin devant l’accès au financement ou le manque de capital.
Dans un environnement régional et international de plus en plus compétitif, beaucoup d’entreprises peinent à maintenir leur position ou à conquérir de nouveaux segments.
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La montée en gamme, la différenciation produit et l’innovation deviennent des conditions indispensables pour rester dans la course, mais elles exigent des ressources et des compétences souvent hors de portée.
Les dirigeants soulignent que cette pression concurrentielle ne se limite pas au marché domestique : elle freine également les ambitions à l’export. Dans ce contexte, le programme Trade & Competitiveness, cofinancé par l’UE, propose un accompagnement technique à travers des sessions de formation sur des thématiques importantes : respect des normes, transition verte, traçabilité, ou encore réglementation européenne.
Un accès au financement toujours difficile pour exporter
Deuxième frein majeur identifié : le manque de financement. L’enquête montre que 47% des PME interrogées estiment que l’accès au crédit constitue un obstacle majeur à leur développement à l’international. Si 73% déclarent exporter, seule une PME sur trois le fait régulièrement, et une sur cinq reste encore à l’écart des marchés mondiaux.
Le financement est décisif pour adapter les processus de production, se conformer aux standards internationaux, assurer une présence commerciale à l’étranger ou encore moderniser les outils de travail. Or, beaucoup de PME n’ont ni les garanties, ni les profils de risque jugés acceptables pour les établissements bancaires classiques.
C’est dans cette optique que le Trade & Competitiveness Programme intègre un dispositif financier complémentaire. Des lignes de crédit spécifiques sont mises à disposition via des banques partenaires, avec des conditions adaptées aux réalités des petites entreprises. Des mécanismes de garantie allégée sont également prévus pour faciliter l’accès à l’investissement. Toutefois, ces solutions restent encore peu connues, voire peu accessibles pour une partie du tissu entrepreneurial marocain.
Logistique, conformité, absence de relais : les limites à l’intégration mondiale
Outre les contraintes économiques, les PME marocaines font également face à des obstacles logistiques et structurels lorsqu’il s’agit d’exporter. L’étude révèle que plus de 55% des dirigeants identifient des freins liés aux coûts de la logistique, aux procédures douanières ou encore à la complexité de la mise en conformité avec les normes internationales.
La lourdeur des formalités, les délais, les exigences réglementaires et le manque de transparence dans les procédures constituent autant de barrières invisibles. Les chefs d’entreprise évoquent aussi la difficulté d’identifier des partenaires commerciaux fiables à l’étranger, faute de réseaux ou de données fiables sur les marchés cibles.
Pour répondre à ces enjeux, le programme Trade & Competitiveness inclut des sessions de formation technique sur la conformité, l’intégration dans les chaînes de valeur, l’utilisation des plateformes logistiques, ou encore les opportunités offertes par la digitalisation des formalités douanières. L’objectif est de renforcer la capacité des PME à franchir ces barrières opérationnelles sans y laisser leurs marges.
Un programme de soutien encore perfectible mais structurant
Le Trade & Competitiveness Programme, développé par la BEI et cofinancé par l’Union européenne, se veut une réponse structurée aux défis des PME marocaines. Il repose sur deux piliers : l’accompagnement technique pour améliorer les compétences exportatrices, et le soutien financier pour renforcer les capacités d’investissement.
Le programme cible en priorité trois secteurs à fort potentiel exportateur (textile, agroalimentaire, automobile) dans une logique de montée en gamme et d’intégration aux chaînes de valeur mondiales. Il vise à créer un socle entrepreneurial résilient, capable de répondre aux standards internationaux tout en contribuant à la croissance inclusive du pays.
Cependant, malgré son ambition, plusieurs limites sont soulignées par les observateurs : faible visibilité du programme auprès des très petites entreprises, critères d’éligibilité restrictifs, ou encore besoin d’un accompagnement plus individualisé. L’enjeu à moyen terme sera donc de mieux adapter les dispositifs aux réalités du terrain, notamment en dehors des grands pôles économiques comme Casablanca, Tanger ou Rabat.
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L’enquête de la BEI met en lumière une réalité contrastée : les PME marocaines sont à la fois essentielles à l’économie du pays et structurellement freinées dans leur développement international. Si des dispositifs existent pour améliorer leur compétitivité, l’enjeu aujourd’hui est moins de multiplier les programmes que de les rendre accessibles, visibles et adaptés à la diversité du tissu entrepreneurial. Dans un environnement mondialisé de plus en plus exigeant, seule une approche intégrée (financière, technique et logistique) permettra aux PME marocaines de franchir durablement le cap de l’internationalisation.
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