Pénurie de compétences : plusieurs pays assouplissent leurs lois sur la migration régulière

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Migration interne : l’herbe plus verte ailleurs ?Voyage (illustration) © DR

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La Covid-19 a fortement impacté l’économie mondiale, mais elle a impacté davantage le marché du travail. Les manques de main-d’œuvre et de compétences observés avant la pandémie n’ont fait que s’accentuer. Pour pallier cette pénurie, nombreux sont les pays qui ont assoupli leurs lois sur la migration régulière. Le Portugal et l’Espagne encouragent d’ailleurs certaines compétences à travailler dans leurs pays pour combler leur manque de travailleurs. Précisons.

C’est désormais une évidence, la crise sanitaire a bouleversé le monde du travail. Les pénuries de travailleurs atteignent des records. Une réalité qui a poussé de nombreux pays, surtout d’Europe, à changer leurs lois sur la migration régulière pour attirer des compétences étrangères.

Cette pénurie semble particulièrement marquée dans certains secteurs d’activité, comme la restauration, les services, la construction ou l’hôtellerie, qui sont confrontés à de grandes difficultés de recrutement.

Lire aussi : Emploi : l’ANAPEC adopte une nouvelle organisation

L’Europe veut faciliter la migration « de compétences et de talents »

Il y a quelques mois, la Commission européenne a présenté une directive, afin de faciliter l’arrivée « de compétences et de talents » au sein des États membres, dans de nombreux secteurs en manque de travailleurs, comme la santé, la technologie, la construction ou encore le transport. Le Maroc fait partie des pays visés.

Le but est de favoriser la migration régulière vers un continent vieillissant en attirant des travailleurs jeunes. Pour ce faire, Bruxelles veut entre autres simplifier la procédure permettant aux ressortissants de pays tiers d’obtenir un permis de travail et de résidence dans l’Union européenne (UE), tout en réduisant les délais de traitement.

Le Portugal change sa loi sur la migration pour attirer des travailleurs étrangers

Parmi les pays européens ayant changé leurs lois sur la migration, figure le Portugal. Ce dernier, confronté à une pénurie de main-d’œuvre dans le tourisme et le bâtiment, a modifié la loi dite « des étrangers « . le but est de faciliter la migration et en particulier l’accueil des « nomades numériques », d’après le texte promulgué, jeudi 4 août, par le président de la République.

Cette nouvelle loi de la migration, votée par le Parlement en juillet dernier, prévoit notamment un visa temporaire, d’une durée de 120 jours, pouvant être prolongée de 60 jours, pour les étrangers à la recherche d’un emploi.

L’Espagne assouplit aussi ses règles

Pour sa part, le gouvernement espagnol a adopté, le 26 juillet, une réforme facilitant la migration vers le pays. L’objectif est de combler ses besoins dans les secteurs de l’agriculture et du tourisme.

Cette réforme, adoptée en Conseil des ministres, prévoit «plusieurs mesures d’envergure», destinées à «encourager une migration régulière, ordonnée et sûre», a assuré le ministre de la Sécurité sociale, José Luis Escriva, lors d’une conférence de presse.

Le texte approuve, notamment, l’octroi de visas de travail dans les secteurs d’activité sous tension, avec une simplification et une uniformisation des démarches administratives à accomplir.

Lire aussi :  Migration : la main d’œuvre marocaine est toujours sollicitée

Qu’est ce que cela implique pour les Marocains ?

Interrogé par LeBrief, Mohammed Charef, directeur de l’Observatoire régional des migrations espaces et sociétés (ORMES) d’Agadir, estime qu’«il y a, effectivement, une crise de main-d’œuvre et de compétences généralisée dans l’Union européenne».

Selon lui, cette situation s’explique, entre autres, par le vieillissement de la population, la baisse du taux de chômage, la croissance de l’espérance de vie, l’impact de la crise de la Covid-19 et la forte mobilité des compétences qu’elle a induite.

Notre intervenant souligne que les secteurs les plus touchés sont : l’agriculture, l’hôtellerie avec l’hébergement, la santé, les services sociaux, l’industrie manufacturière, le transport et le commerce. «Il y a donc un double besoin, celui des compétences en particulier, mais aussi celui de la main-d’œuvre», note le responsable.

S’agissant des compétences, on voit de plus en plus de cadres marocains et de jeunes formés qui quittent le Royaule surtout dans le secteur informatique, la médecine et l’ingénierie, poursuit-il.

«Il faut absolument inverser la tendance en modernisant l’image qu’ont ces jeunes du Maroc. Il faut aussi résoudre la question de la lourdeur administrative, simplifier la vie des entreprises et encourager les startups», affirme-t-il. L’objectif de ces mesures est d’endiguer l’exode des compétences et de faire profiter le pays du savoir-faire de ces jeunes.

Lire aussi : Schengen : les Marocains bannis des visas français ?

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