Obésité : la chirurgie, et après ?
Chirurgie esthétique (illustration) © DR
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Le décès récent de la célèbre TikTokeuse marocaine Salma, survenu quelques semaines après une opération de chirurgie bariatrique en Turquie, a bouleversé ses fans et ravivé les inquiétudes autour de ces interventions médicales en vogue. Ce drame n’est pas un cas isolé. En mars dernier, une autre influenceuse marocaine a également perdu la vie à la suite d’une opération similaire, réalisée cette fois-ci au Maroc. À chaque fois, le même scénario : une perte de poids rapide recherchée à travers une intervention lourde et suivie d’un suivi post-opératoire jugé insuffisant.
Derrière ces tragédies se dessine une tendance préoccupante. De plus en plus de jeunes Marocains se tournent vers la chirurgie bariatrique pour venir à bout d’un surpoids souvent lié à des problématiques plus profondes, qu’elles soient psychologiques ou sociales. Pour mieux comprendre ce phénomène, Dr Lamyaa Cherkab, chirurgienne esthétique à Casablanca, nous livre son regard de praticienne sur une pratique médicale en pleine expansion, mais encore trop mal encadrée.
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La chirurgie, une tendance portée par la pression sociale
«On constate une nette augmentation des chirurgies de l’obésité chez les jeunes ces dernières années», confirme Dr Cherkab. Cette recrudescence s’explique à la fois par la progression inquiétante du surpoids chez les adolescents marocains, mais aussi par une meilleure information (ou parfois désinformation) sur les options chirurgicales disponibles, souvent relayées sur les réseaux sociaux.
Face aux kilos en trop, certains jeunes choisissent une voie radicale : celle de la chirurgie. Parmi les interventions les plus courantes, trois techniques se distinguent. La sleeve gastrectomie, qui consiste à retirer environ 70 à 80% de l’estomac : «C’est la méthode la plus utilisée aujourd’hui. Elle est efficace, moins invasive et permet une perte de poids significative», précise la chirurgienne. Le bypass gastrique, plus complexe, modifie le trajet digestif et est souvent recommandé en cas de diabète associé. Ses résultats sont durables, mais les risques postopératoires sont plus élevés. Enfin, l’anneau gastrique, une technique de plus en plus délaissée, car ses effets sont souvent moins durables.
Au-delà de la technique choisie, le profil du patient reste déterminant : «Chaque intervention doit être adaptée, en fonction des antécédents médicaux, du poids, de la motivation psychologique et de l’accompagnement que le patient est prêt à suivre», ajoute notre interlocutrice. L’enjeu ne se limite pas à l’acte chirurgical. Il s’inscrit dans un parcours thérapeutique global, où la psychologie joue un rôle central. Chez les jeunes, les motivations sont souvent multiples : douleurs physiques liées au surpoids, fatigue chronique, mais aussi manque de confiance en soi, harcèlement scolaire ou en ligne, et bien sûr l’influence d’un idéal de minceur diffusé en boucle sur les réseaux sociaux.
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Des risques réels et un suivi souvent négligé
Si les chirurgies de l’obésité peuvent transformer une vie, elles ne sont pas sans danger. Parmi les risques majeurs d’une sleeve gastrectomie, Dr Cherkab cite les fuites digestives, les hémorragies, les carences nutritionnelles, ou encore des troubles digestifs durables. «Sans un suivi médical rigoureux, et surtout durable, ces complications peuvent non seulement s’aggraver, mais compromettre totalement l’objectif de perte de poids», alerte-t-elle.
Ce suivi est pourtant le maillon faible du système, en particulier dans les cas d’opérations réalisées à l’étranger. De plus en plus de patients marocains optent pour des cliniques en Turquie, séduits par des prix compétitifs, une prise en charge rapide, et des infrastructures modernes. Mais cette attractivité a son revers.
«Le suivi postopératoire est souvent insuffisant. Il y a la barrière de la langue, l’éloignement géographique, et parfois un manque de clarté sur la qualité ou la transparence des soins. Or, une chirurgie réussie ne se limite pas à l’opération elle-même : c’est surtout un accompagnement médical, nutritionnel et psychologique à long terme qui garantit son succès», avertit le Dr Cherkab.
Ces lacunes sont particulièrement critiques chez les jeunes influençables ou déjà fragilisés psychologiquement. L’effet boule de neige des réseaux sociaux, où le culte de la minceur se mêle à la valorisation de transformations radicales, pousse parfois certains à sous-estimer les risques. Dans le cas de Salma, comme dans celui d’autres jeunes influenceurs, le suivi après l’opération semble avoir été inexistant ou inadapté. Et cela a pu coûter la vie.
Le drame de Salma relance donc la question d’un meilleur encadrement des chirurgies bariatriques, en particulier pour les jeunes et les patients vulnérables. «Ces opérations ne doivent jamais être perçues comme une solution miracle. Elles nécessitent une préparation sérieuse, un engagement sur le long terme, et un réseau médical solide autour du patient. Sans cela, on s’expose à des drames évitables», conclut Dr Cherkab.
En attendant une éventuelle régulation renforcée, les familles, les médecins, mais aussi les influenceurs eux-mêmes ont un rôle à jouer pour briser le tabou des complications, encourager la prudence, et rappeler qu’une transformation réussie passe avant tout par un parcours de soin sécurisé.
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