Nutrition et cancer : quand l’alimentation devient un allié thérapeutique
Une patiente reçoit sa chimiothérapie dans un service spécialisé © DR
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Sous traitement anticancéreux, la perte de poids est fréquente et souvent sévère. « L’état nutritionnel du patient influence directement la tolérance et l’efficacité des traitements anticancéreux. Ce n’est pas seulement une question d’esthétique, mais une véritable perte de masse musculaire et une diminution des réserves protéiques », explique Dr Hamdi. Cette dénutrition aggrave le pronostic du patient et peut même conduire à l’interruption du traitement.
Les chimiothérapies, radiothérapies ou immunothérapies entraînent nausées, vomissements, altération du goût et perte d’appétit. Résultat : les apports alimentaires diminuent, tandis que les besoins énergétiques augmentent.
Pour y remédier, le médecin recommande de fractionner les repas : « Il faut manger plus souvent, cinq à huit fois par jour si nécessaire, et enrichir les plats en glucides complexes, en bons lipides et en protéines de qualité ». Les collations riches en calories deviennent alors un véritable outil thérapeutique.
Compléments nutritionnels et suivi médical : prudence et adaptation
Lorsque l’alimentation seule ne suffit plus, le recours à des compléments nutritionnels oraux peut être envisagé. « Ces produits hyperprotéinés et hypercaloriques peuvent être utiles, mais ils ne doivent jamais se substituer à une alimentation équilibrée », avertit notre interlocuteur. Une perte de plus de 10% du poids initial en quatre semaines constitue un signal d’alerte, nécessitant une consultation rapide pour réévaluer la prise en charge.
Le médecin insiste sur la nécessité d’un suivi personnalisé. « Chaque type de cancer et chaque traitement impose une adaptation spécifique », précise-t-il. Ainsi, un cancer digestif demandera une vigilance accrue quant à la digestion et à la tolérance des aliments, tandis qu’un cancer ORL nécessitera une modification des textures pour faciliter la mastication ou la déglutition.
Après le traitement, les experts s’accordent sur un modèle alimentaire : le régime méditerranéen. Il représente, selon Dr Hamdi, « le régime le plus équilibré et le plus protecteur, riche en fibres, en antioxydants, en huile d’olive et en poissons ».
Adopter cette alimentation, typiquement marocaine, c’est renouer avec une tradition culinaire fondée sur les végétaux : fruits, légumes, légumineuses et céréales complètes. À cela s’ajoutent la réduction de la consommation de viande rouge, l’élimination des viandes transformées et la limitation des boissons sucrées.
Le chercheur rappelle également que « les compléments alimentaires ne préviennent pas le cancer ». Les gélules miraculeuses vendues dans le commerce n’ont aucune base scientifique solide. « Seule une alimentation variée, naturelle et équilibrée protège réellement l’organisme », insiste-t-il.
Prévenir le cancer par l’hygiène de vie
Le maintien d’un poids santé demeure essentiel. « Il ne s’agit pas d’une question d’esthétique, mais bien de santé : le surpoids et l’obésité sont des facteurs de risque majeurs de cancer », souligne Dr Hamdi.
La pratique régulière d’une activité physique, au moins trois fois par semaine, contribue à la stabilité du poids, améliore la circulation et renforce le système immunitaire. Chez les femmes, l’allaitement maternel prolongé constitue également un facteur protecteur reconnu contre certains cancers, notamment celui du sein.
Les effets secondaires des traitements anticancéreux exigent souvent des ajustements alimentaires. En cas de nausées, il est conseillé de fractionner les repas et d’éviter les plats chauds ou trop odorants. « Mieux vaut privilégier les aliments secs, comme le pain grillé, et boire entre les repas, jamais pendant », recommande l’expert.
En cas de perte d’appétit, il est recommandé d’enrichir les repas en calories : ajouter de la crème, de l’huile d’olive, du fromage ou opter pour des smoothies à base de lait et de fruits.
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Les altérations du goût, fréquentes pendant la chimiothérapie, nécessitent également quelques stratégies pratiques : éviter la viande rouge, privilégier le poisson ou la volaille, et utiliser des ustensiles non métalliques pour la cuisson afin de limiter le goût métallique des aliments.
La baisse des globules blancs rend les patients plus vulnérables aux infections. « L’immunité étant affaiblie, il faut absolument éviter les aliments crus, les produits laitiers non pasteurisés, les œufs insuffisamment cuits et les charcuteries », avertit le chercheur. Tous les aliments doivent être parfaitement cuits et soigneusement lavés. Le risque microbien, souvent sous-estimé, peut en effet entraîner des complications graves chez un organisme déjà fragilisé.
Ce qui semble sain peut nuire
Certaines pratiques à la mode, comme le jeûne thérapeutique, peuvent se révéler dangereuses. « Le jeûne ou les régimes restrictifs sont à proscrire pendant le traitement : ils aggravent la perte de poids et réduisent la masse musculaire, rendant le traitement moins efficace », insiste Dr Hamdi.
La même prudence s’impose pour les compléments antioxydants, notamment les vitamines C et E, qui peuvent interférer avec la chimiothérapie. « Avant toute supplémentation, il faut impérativement consulter son médecin », avertit-il.
Pour Dr Tayeb Hamdi, l’alimentation ne guérit pas le cancer, mais elle soutient puissamment le traitement. « Un patient bien nourri tolère mieux les cures, cicatrise plus rapidement, évite les interruptions et maximise ses chances de guérison ». L’alimentation devient ainsi un véritable cofacteur de la réussite thérapeutique.
Un état nutritionnel satisfaisant réduit les hospitalisations liées aux effets secondaires, permet de maintenir le calendrier des séances de chimiothérapie et optimise la réponse immunitaire.
Loin des promesses illusoires des régimes miracles, le message du Dr Hamdi est clair : « La clé, c’est la régularité, la variété et la modération. L’alimentation est un soin quotidien, pas un médicament ponctuel ». Revenir à une alimentation méditerranéenne, naturelle et équilibrée, permet non seulement de prévenir le cancer, mais aussi de mieux vivre avec la maladie.
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