Méthadone : que sait-on de la pénurie ?

Mbaye Gueye
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Méthadone : que sait-on de la pénurie ?Méthadone, médicament essentiel dans le traitement des dépendances aux opioïdes. DR

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Le Maroc fait face à une rupture de stock de méthadone, un médicament crucial pour le traitement des dépendances aux opioïdes. Les autorités ont pris des mesures drastiques pour y faire face, mais elles suscitent des inquiétudes quant à leurs conséquences sur la santé des patients.

Depuis quelques mois, le Maroc fait face à une rupture de stock de certains médicaments. La dernière en date concerne la méthadone. C’est un médicament essentiel dans le traitement des dépendances aux opioïdes, tels que l’héroïne, la morphine et la codéine. La méthadone est disponible sous forme de sirop ou de gélules. ​ Le traitement par méthadone permet de réduire les risques liés à la consommation d’opioïdes, notamment les infections par le VIH et l’hépatite C, ainsi que les overdoses. La méthadone aide à gérer les symptômes de sevrage et améliore la qualité de vie des patients grâce à un accompagnement médical, psychologique et social.

Lire aussi : Pénurie de médicaments : état des lieux, causes et solutions

Face à la pénurie, le ministère de la Santé et de la Protection sociale a décidé de réduire automatiquement les doses pour tous les patients. Cette décision est dénoncée par les associations de la société civile à travers un communiqué conjoint, réunissant l’Association Hasnouna de soutien aux usagers de drogues (AHSUD), l’Association Nationale de Réduction des Risques de Drogues (RdR-Maroc), l’association de lutte contre le sida (ALCS) et la Coalition internationale pour la préparation au traitement en Afrique du Nord et Moyen-Orient (ITPC-MENA).

Tout en saluant les efforts du ministère, ces dernières estiment que ces solutions sont insuffisantes et risquent d’entraîner de graves conséquences. La réduction des doses doit respecter les protocoles internationaux et se faire avec le consentement du patient. Une modification brutale du traitement peut provoquer des complications de santé et des souffrances physiques et psychologiques.

Une solution qui ne fait l’unanimité

Selon elles, les risques sont nombreux. La réduction soudaine des doses peut entraîner une augmentation des cas de rechute et de reprise de la consommation de drogues. Les patients risquent également de souffrir de symptômes de sevrage sévères, sans alternatives médicales disponibles. L’intégration sociale et professionnelle des personnes sous traitement pourrait être compromise. De plus, la peur et l’anxiété causées par cette situation risquent de décourager les patients à participer aux programmes de prévention et de sensibilisation.

Lire aussi : Le mésusage des médicaments, un enjeu pour les professionnels de la santé

La santé est un droit fondamental, et l’accès à la méthadone doit être garanti. Cette crise menace les progrès du programme national de lutte contre le sida, compromettant l’objectif d’éradiquer la maladie d’ici 2030, préviennent-elles.

Ainsi, les associations demandent aux autorités compétentes de prendre des mesures urgentes. Il est essentiel de reconstituer les stocks de méthadone en collaborant avec des partenaires internationaux. Toute modification du traitement doit se faire avec le consentement des patients, conformément aux protocoles médicaux. Des solutions alternatives doivent être envisagées sous surveillance médicale pour éviter toute souffrance inutile. La gestion des stocks doit être renforcée afin d’éviter de nouvelles pénuries. Par ailleurs, elles exigent une implication dans la recherche de solutions durables pour garantir que les droits et les besoins des patients restent une priorité.

Un médicament qui s’ajoute à une liste déjà longue

Il faut souligner que cette rupture de stock de la méthadone n’est que l’une des nombreuses pénuries qui frappent le secteur de la santé. En plus de la méthadone, d’autres médicaments essentiels comme le potassium injectable, utilisé pour traiter des affections graves comme l’hypokaliémie, font défaut. De plus, le Maroc connaît également des pénuries dans les traitements pour des maladies chroniques, telles que le diabète, l’hypertension, la tuberculose, ainsi que certains médicaments contre le cancer et l’épilepsie, liste le quotidien Assabah.

Le ministre du Commerce et de l’Industrie, Ryad Mezzour, a récemment annoncé qu’une amélioration a eu lieu cette année, avec seulement six médicaments en rupture de stock, contre trente l’année précédente. Cependant, cette légère réduction ne dissimule pas les défis structurels auxquels le système de santé marocain est confronté. La pénurie de médicaments essentiels, y compris la méthadone, souligne les fragilités du secteur de la santé et l’urgence d’adopter des solutions durables pour garantir un approvisionnement continu et fiable.

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