Les avocats reprennent le chemin des tribunaux

Mbaye Gueye
Temps de lecture :

Nouveau code de procédure civile : la réforme a du mal à passerCode de procédure civile les avocats-observent un-sit-insamedi devant le Parlement © DR

A
A
A
A
A

Le système judiciaire marocain a été totalement paralysé, depuis le 1 novembre, par la grève des avocats sur ordre de l’Association des Barreaux du Maroc. Cette dernière a durci le ton après plusieurs mois de revendications face aux réformes judiciaires en cours. C’est dans ce contexte que le ministère de la Justice a décidé d’ouvrir les discussions avec les partes concernées et trouver une solution à la crise. Détails.

L’Association des Barreaux des Avocats du Maroc, a décidé de suspendre la grève. Cette annonce intervient après deux réunions tenues le ministère de la Justice. La première avait eu lieu le week-end passé, à l’initiative des commissions de la Justice, de la législation et des Droits de l’Homme des deux chambres du Parlement. A l’issue de cette rencontre l’ABAM avait indiqué avoir trouvé un accord avec la tutelle.

Cette entente prévoit une institutionnalisation du dialogue entre les deux parties et la création d’une commission thématique commune pour l’examen des projets de lois relatifs à la profession d’avocat et pour aborder d’autres questions d’intérêt commun. Cette commission est aussi chargée d’examiner les projets de lois selon un ordre du jour convenu, avec un enregistrement des travaux dans des procès-verbaux consultables au besoin.

Lire aussi : Dialogue relancé entre la Justice et les avocats

Lors de cette réunion, le ministère de la Justice s’est engagé à ouvrir les discussions en collaboration avec les parties concernées. C’est ce qui a aboutit à la seconde rencontre qui a eu lieu en début de semaine. Ceci a permis la suspension de la grève entamée depuis le 1 novembre.

Les promesses du ministère de la Justice

Lors de la rencontre du 11 novembre, les représentants de l’ABAM ont présenté plusieurs propositions visant à moderniser la profession tout en protégeant les intérêts des avocats. Le ministère de la Justice a montré une ouverture aux échanges, réaffirmant son engagement à collaborer avec l’ABAM. Les discussions formelles commenceront le 15 novembre, avec l’objectif de parvenir à un consensus équilibré. En contrepartie, les avocats ont décidé de suspendre temporairement leur mouvement de grève, initialement lancé en réaction aux réformes jugées défavorables, pour rejoindre les tribunaux .

Parallèlement, l’ABAM organise des consultations internes avec ses bureaux régionaux et des représentants des jeunes avocats pour garantir une approche inclusive et représentative des différents enjeux. Ces consultations visent à renforcer la position de l’ABAM et à s’assurer que toutes les voix soient prises en compte dans le processus de négociation.

Lire aussi : Code de procédure civile : la réforme a du mal à passer

L’ABAM attend désormais des garanties concrètes du ministère de la Justice concernant l’application effective des réformes promises. L’association insiste sur la nécessité d’adopter des mesures respectant les spécificités de la profession et assurant une stabilité pour les cabinets d’avocats. De son côté, le ministère de la Justice s’engage à maintenir un climat de dialogue constructif, dans l’espoir de sortir de la crise actuelle et de permettre une reprise normale des activités dans le secteur judiciaire.

Les revendications de l’ABAM

Il faut souligner que l’Association des Avocats du Maroc (ABAM) s’oppose aux réformes judiciaires en cours. Les avocats dénoncent ce qu’elle considère comme des «réformes unilatérales» imposées par les autorités, qui ne tiennent pas suffisamment compte des réalités du terrain et des intérêts des parties prenantes, notamment les avocats et les justiciables.

Lire aussi : Grève des avocats : accord entre le ministère de la Justice et l’ABAM

L’un des points de discorde réside dans les réformes affectant l’accès à la justice. Selon l’ABAM, les nouvelles mesures risquent de créer une discrimination entre les différentes catégories de justiciables. Avec l’augmentation des frais de procédure pour les recours en appel, qui vont passer de 5.000 DH à 30.000 DH. Ceci risque de pénaliser les citoyens à faibles revenus. L’ABAM avait également déploré l’expansion des procédures «orales», où l’assistance juridique semble ne plus être obligatoire, ce qui va à l’encontre des droits des justiciables.

Par ailleurs dans leurs revendications, les robes noires dénoncent des mesures fiscales injustes, comme l’obligation de payer plusieurs acomptes d’impôt sur le revenu, et se battent contre les révisions fiscales de la loi de Finances 2023, qui ont lourdement affecté leur profession. Bien que des ajustements aient été faits après des manifestations et des revendications. Ils estiment qu’il reste encore beaucoup à faire pour garantir une véritable équité fiscale et juridique.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Rabat : grande marche populaire en soutien au peuple palestinien

Société - Rabat a vu affluer des milliers de Marocains venus exprimer leur solidarité avec Gaza et dénoncer les massacres perpétrés contre les civils palestiniens.

Hajar Toufik - 5 octobre 2025
Vidéo – Tbourida : la Sorba du Moqaddem Benkheda sacrée au Salon du cheval d’El Jadida

Société - La Sorba de Béni Mellal-Khénifra a brillé à El Jadida, s’adjugeant le prestigieux Grand Prix le roi Mohammed VI de Tbourida.

Ayoub Jouadi - 5 octobre 2025
Trafic de drogue : 33 kg de cocaïne interceptés au port Tanger Med

Société - Une opération conjointe entre la DGSN et la DGST a permis de saisir 33 kg de cocaïne brute dissimulés dans un conteneur au port Tanger Med.

Hajar Toufik - 5 octobre 2025
Trafic de drogue : plus de 53 kg de cocaïne interceptés à El Guerguerat

Société - Une importante cargaison de cocaïne a été saisie au poste-frontière d’El Guerguerat lors d’une opération conjointe entre la Sûreté nationale et la Douane.

Hajar Toufik - 5 octobre 2025
Huitième jour de mobilisation : la « GenZ 212 » poursuit son mouvement dans le calme

Société - Huit jours après le lancement du mouvement « GenZ 212 », les jeunes continuent de se mobiliser pour défendre leurs revendications sociales.

Hajar Toufik - 5 octobre 2025
Kénitra : 17 personnes déférées devant la justice après les violences à Sidi Taibi

Société - 17 individus, dont 9 mineurs, ont été déférés devant la justice à Kénitra après les graves incidents survenus mercredi dernier à Sidi Taibi.

Hajar Toufik - 4 octobre 2025
Voir plus
Travaux : les Casablancais n’en peuvent plus !

Dossier - Des piétons qui traversent d’un trottoir à l’autre, des voitures qui zigzaguent… À croire que les Casablancais vivent dans un jeu vidéo, sans bouton pause.

Sabrina El Faiz - 12 avril 2025
Mariages marocains : l’amour au prix fort

Société - Au Maroc, on peut rater son permis de conduire, son bac… Mais rater son mariage ? Inenvisageable !

Sabrina El Faiz - 23 août 2025
La classe moyenne marocaine existe-t-elle encore ?

Dossier - Au Maroc, pour définir le terme classe moyenne, nous parlons de revenus. Cela ne veut pourtant plus rien dire.

Sabrina El Faiz - 5 juillet 2025
Faux et usage de faux, la dangereuse fabrique de l’illusion

Dossier - Un faux témoignage peut envoyer un innocent en prison ou blanchir un coupable. Un faux diplôme casse la méritocratie. Un faux certificat peut éviter une sentence.

Sabrina El Faiz - 24 mai 2025
Le Maroc des voisins qu’on n’a pas choisis

Dossier - Les voisins ont bien changé. Les balcons étaient les réseaux sociaux d’antan. On y partageait les breaking news du quartier et les hommes étaient aussi bien surveillés que les enfants !

Sabrina El Faiz - 12 juillet 2025
Casablanca : les malls en perte de vitesse, sauf exceptions

Société - Les mails de Casablanca traversent une période de transformation, entre défis liés à l’entretien, évolution des attentes et adaptation à un nouveau contexte économique.

Hajar Toufik - 8 août 2025

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire