Législatives 2026 : Benkirane dévoile sa stratégie de retour
Le secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelilah Benkirane © DR
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À un peu plus d’un an des prochaines élections législatives, Abdelilah Benkirane sort du silence. Dans une allocution diffusée samedi 2 août sur les réseaux sociaux du Parti de la justice et du développement (PJD), l’ancien chef du gouvernement a livré un discours à la fois introspectif, mobilisateur et offensif. Intitulé en creux «Le fiasco de 2021 ne se répétera pas», ce message marque l’entrée en campagne du secrétaire général du PJD, déterminé à tourner la page de la déroute électorale subie par sa formation il y a quatre ans.
Assis dans un cadre domestique familier, Benkirane adopte le ton de la proximité. Il s’adresse directement aux militants de la base, les appelant à renouer avec la «Marjiaiya» (la référence spirituelle du parti) et à s’engager dans une reconquête politique qu’il veut à la fois morale, citoyenne et stratégique.
Une réponse au discours royal
Quelques jours après le discours royal appelant à un «nouvel élan» pour le Maroc, et à la suite d’une réunion entre le ministre de l’Intérieur et les chefs de partis, Benkirane se positionne comme l’un des premiers à en proposer une lecture politique. «J’ai compris que le Souverain veut davantage de justice sociale et une démocratie plus accomplie», analyse-t-il, avant d’ajouter : «Il ne veut plus seulement en entendre parler, il veut que cela se réalise».
Pour l’ancien chef du gouvernement, cette volonté royale engage directement les partis politiques. Et plus particulièrement le PJD, qui se veut porteur de cette aspiration. «Nous devons être les premiers à répondre sérieusement à ce discours», insiste-t-il, appelant son parti à se hisser au niveau des attentes nationales.
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Un bilan critique mais assumé
Benkirane n’élude pas la débâcle électorale de 2021, qu’il qualifie de «fiasco». Un terme fort, répété à plusieurs reprises. L’ancien dirigeant n’épargne ni ses successeurs au gouvernement, qu’il accuse de corruption et d’inefficacité, ni son propre camp : «Nous avons notre part de responsabilité, sans aucun doute».
Cette autocritique sert de point de départ à une stratégie de reconquête articulée autour de trois axes : l’ancrage spirituel, la mobilisation citoyenne et la réforme du cadre électoral. Le discours se veut lucide, mais aussi porteur d’un projet renouvelé pour le parti, reposant sur un retour aux fondamentaux éthiques et religieux du PJD.
Une campagne fondée sur la spiritualité
Dans un ton mêlant le politique et le spirituel, Benkirane appelle les militants à un engagement intense : prière à l’heure, lecture du Coran, jeûne surérogatoire, invocation et supplication. «Nous devons consacrer ces deux prochaines années au dhikr et au douaâ», lance-t-il, comparant même cette élévation intérieure à d’autres traditions philosophiques comme le confucianisme, tout en affirmant la supériorité morale de l’Islam.
Ce programme spirituel n’est pas une fin en soi, mais un levier pour restaurer la crédibilité du parti. «Le PJD n’a jamais touché à l’argent public, et cela est reconnu même par ses ennemis», souligne-t-il, réaffirmant la probité comme marqueur distinctif du parti islamiste.
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Combat contre l’abstention et pour la transparence
Sur le front électoral, Benkirane fixe plusieurs priorités : combattre l’abstention, restaurer la confiance des citoyens, et exiger des conditions électorales équitables. Il appelle chaque militant à jouer un rôle actif : «Contactez vos proches, incitez-les à s’inscrire et à voter, même s’ils ne votent pas pour nous», martèle-t-il.
Il critique en revanche l’inflation du nombre de bureaux de vote, difficile à surveiller pour les partis aux moyens limités. Il propose de soumettre au ministère de l’Intérieur un mémorandum en 5 à 10 points essentiels, axé notamment sur la lutte contre l’argent sale et l’ingérence des autorités dans le processus électoral.
Cette exigence de transparence est d’autant plus pressante, selon lui, que le pays s’apprête à accueillir des événements internationaux majeurs, comme la Coupe du monde 2030. «L’image du Maroc est en jeu», prévient-il.
Restaurer la confiance, reconquérir la jeunesse
Au cœur de la stratégie de Benkirane, un constat simple : sans confiance citoyenne, il n’y a ni légitimité ni participation. «Même si certains ont vu leurs salaires augmenter ou reçu des aides, cela ne suffit pas. Il faut restaurer la confiance dans le processus démocratique», analyse-t-il.
Enfin, le secrétaire général du PJD désigne la jeunesse comme fer de lance de cette mobilisation. «Votre travail sera reconnu. Soyez proactifs. N’attendez pas les ordres de la direction», leur dit-il, les invitant à observer, documenter et alerter sur les dysfonctionnements dans leurs localités.
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