Le piège de la dette : 3,4 milliards de vies sous contrainte
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Le recours à la dette publique peut être un levier essentiel pour financer le développement, investir dans les infrastructures et répondre aux besoins sociaux. Mais lorsque son poids devient insoutenable, elle se transforme en piège, menaçant la stabilité économique et sociale. C’est le cas aujourd’hui dans de nombreux pays du Sud, confrontés à une accumulation rapide de dettes, des taux d’intérêt élevés et un accès inégal aux financements internationaux.
Le rapport 2025 de la CNUCED, intitulé A World of Debt, tire la sonnette d’alarme. Il documente l’explosion de la dette publique mondiale, les inégalités criantes entre pays développés et en développement, et l’impact concret sur les populations. Alors que le monde s’éloigne toujours plus des Objectifs de développement durable (ODD), l’urgence d’une réforme du système financier international devient une évidence.
Une dette mondiale hors de contrôle
En 2024, la dette publique mondiale a franchi un cap historique, atteignant 102.000 milliards de dollars, soit 5.000 milliards de plus qu’en 2023. Ce gonflement rapide est alimenté par une succession de crises notamment la pandémie de Covid-19, l’inflation persistante, les tensions géopolitiques et le ralentissement économique mondial. Les pays développés concentrent encore la majorité de cette dette (69%), mais ce sont les pays en développement qui en paient le prix fort.
Lire aussi : L’OCDE alerte sur l’impact de la de la dette publique et privée
Leur part dans la dette mondiale a doublé en une décennie, passant de 16% en 2010 à 31% en 2024. Pourtant, ces pays ne représentent que 39% du PIB mondial, alors qu’ils abritent 83% de la population mondiale. En Afrique, la dette publique représente désormais 58% du PIB, contre 64,5% en Amérique latine et 38% en Asie. Dans plus de 40% des pays en développement, la dette dépasse même le seuil critique des 60% du PIB.
Le piège de la dette extérieure
La dette extérieure peut, en théorie, renforcer les capacités d’investissement. Mais dans la réalité actuelle, elle accroît la vulnérabilité des pays du Sud. En 2023, leur dette extérieure atteignait 3.300 milliards de dollars, et pour la moitié d’entre eux, elle représentait au moins 88% de leurs recettes d’exportation.
La situation est d’autant plus critique que la part de cette dette détenue par des créanciers privés a explosé, atteignant 60% en 2023. Ce recours massif aux marchés financiers internationaux rend le système plus instable : en période de crise, les capitaux fuient, les devises locales se déprécient, et les coûts d’emprunt explosent. Le résultat est qu’en 2023, les pays en développement ont versé 48 milliards de dollars de plus aux créanciers privés qu’ils n’en ont reçu en nouveaux prêts. Un flux net négatif qui aggrave les difficultés budgétaires.
Des choix impossibles pour les gouvernements
Face à cette spirale, les gouvernements sont confrontés à des arbitrages douloureux. En 2023, les pays en développement ont déboursé 921 milliards de dollars en intérêts sur leur dette, soit une augmentation de 10% par rapport à l’année précédente. Dans la moitié de ces pays, ces paiements représentent désormais plus de 8% des recettes publiques, un niveau deux fois plus élevé qu’il y a dix ans.
Cette pression financière se fait au détriment des services publics essentiels. En Afrique, entre 2021 et 2023, les dépenses par habitant pour les intérêts (70$) ont dépassé celles pour l’éducation (63$) et la santé (44$). À l’échelle mondiale, 3,4 milliards de personnes vivent dans des pays qui consacrent plus d’argent aux intérêts qu’à la santé ou à l’éducation. Cette situation n’est pas seulement injuste, elle est insoutenable.
Par ailleurs, l’aide publique au développement, censée soutenir les pays les plus vulnérables, évolue de manière inquiétante. Si son montant a atteint 167 milliards de dollars en 2023, cette hausse est trompeuse : en termes réels, elle diminue depuis trois ans. De plus, les subventions sont de plus en plus remplacées par des prêts, renforçant la dépendance à l’endettement.
Un appel à la réforme du système financier international
Dans ce contexte, les appels à une réforme du système financier mondial se multiplient. Lors de l’Assemblée générale des Nations unies de 2024, 60 pays ont plaidé pour une restructuration en profondeur de l’architecture financière internationale. L’ONU propose une feuille de route articulée autour de quatre piliers :
• Un système plus inclusif, permettant aux pays du Sud de participer pleinement à sa gouvernance et à l’élaboration des règles.
• Une plus grande disponibilité de liquidités en cas de crise, notamment via une meilleure mobilisation des Droits de tirage spéciaux (DTS) du FMI et la suspension temporaire des surcharges.
• Un mécanisme de traitement des dettes efficace, capable d’impliquer les créanciers privés et d’intervenir rapidement pour éviter des restructurations tardives et coûteuses.
• Un financement concessionnel renforcé, avec plus de subventions, une transformation des banques de développement, et un soutien technique accru en matière de gestion de la dette.
Dette extérieure : les pays pauvres ont payé 1.400 milliards de dollars d’intérêts en 2023
Ces mesures visent à empêcher que les pays ne soient contraints de choisir entre rembourser leurs dettes ou répondre aux besoins fondamentaux de leur population.
Le monde est à un tournant. La dette, censée financer l’avenir, se mue en obstacle au développement. Les déséquilibres du système financier mondial, l’injustice des conditions d’emprunt et l’inefficacité des mécanismes actuels de gestion de crise exigent une réponse urgente, ambitieuse et collective.
À l’occasion de la 4e Conférence internationale sur le financement du développement, qui se déroule actuellement à Séville, la communauté internationale a l’occasion, peut-être la dernière, d’enclencher une véritable réforme. Il ne s’agit plus de débattre. Il s’agit d’agir.
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