Le ministre délégué chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des politiques publiques, Karim Zidane et le président de la CGEM, Chakib Alj © Ministère de tutelle
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Le Maroc franchit un cap important avec l’entrée en vigueur du décret n° 2.25.342, censé révolutionner le soutien public aux très petites, petites et moyennes entreprises (TPME). Ce mécanisme s’inscrit dans la continuité de la Charte nationale de l’investissement et ambitionne d’accroître l’attractivité économique du territoire à travers des incitations ciblées. Cependant, cette réforme suscite de vives critiques, notamment de la part de la Confédération Marocaine des TPE-PME, qui dénonce une exclusion structurelle des très petites entreprises (TPE). Alors que le discours officiel met en avant une volonté de transformation inclusive, la réalité du terrain laisse entrevoir une fracture entre les intentions politiques et les capacités réelles des TPE à bénéficier de ces mesures.
Un dispositif institutionnel ambitieux porté par la Charte nationale de l’investissement
Le décret récemment publié au Bulletin officiel marque la mise en œuvre d’un mécanisme stratégique destiné à dynamiser l’investissement des TPME. Trois leviers principaux structurent ce dispositif : la prime à l’emploi stable, la prime territoriale et la prime sectorielle.
Ces incitations, cumulables jusqu’à 30% du montant de l’investissement éligible, visent à encourager la création d’emplois durables, à réduire les inégalités régionales et à renforcer les secteurs jugés prioritaires par l’État.
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Le ciblage du dispositif est clair : il s’adresse aux entreprises privées marocaines réalisant un chiffre d’affaires compris entre 1 million et 200 millions de dirhams. L’investissement minimum requis pour y accéder est fixé à 1 million de dirhams, avec un apport en fonds propres d’au moins 10 % du coût total du projet.
Ce cadre, structuré et contractualisé, est conçu pour garantir transparence et responsabilité, via des conventions d’investissement rigoureuses signées entre les entreprises et l’État. Les Centres régionaux d’investissement (CRI) sont chargés de piloter ce dispositif sur le terrain, en collaboration avec les autorités locales et l’Agence Maroc PME.
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Le gouvernement ambitionne ainsi de renforcer la résilience économique du tissu entrepreneurial marocain en professionnalisant l’accompagnement public régional et en garantissant un retour sur investissement pour les finances publiques. À travers cette réforme, l’État affirme clairement son intention de faire des TPME un levier de relance économique, d’industrialisation et de transformation territoriale.
Une exclusion de fait des TPE dénoncée par la Confédération marocaine des TPE-PME
Malgré cette vision structurée et ambitieuse, Abdellah El Fergui, président fondateur de la Confédération marocaine des TPE-PME, dresse un constat alarmant : les très petites entreprises ne sont, dans les faits, pas concernées par ce mécanisme. « Les TPE ne vont pas bénéficier de ce fonds de soutien », affirme-t-il sans détour, dénonçant des conditions d’accès calibrées exclusivement pour les PME.
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La critique principale porte sur le seuil minimal de chiffre d’affaires et d’investissement requis, fixé à plus d’un million de dirhams, ce qui exclut d’emblée la majorité des TPE marocaines, surtout dans un contexte post-pandémique marqué par des crises successives, notamment le Covid-19, la sécheresse et l’inflation. « Les banques ne financent pas les TPE », rappelle Abdellah El Fergui, soulignant l’impasse dans laquelle se trouvent ces structures qui représentent pourtant 98,4% de l’écosystème entrepreneurial du pays.
Selon lui, les critères ont été fixés sans concertation avec sa confédération. Le ministère aurait privilégié un dialogue exclusif avec le patronat, laissant de côté les représentants des TPE. Il dénonce également une sélection biaisée des bénéficiaires, soulignant que seules les entreprises disposant déjà de ressources et appartenant à des groupes structurés peuvent prétendre à ces aides. En d’autres termes, les TPE « qui ont besoin de financement n’y auront pas droit », tandis que celles « qui n’en ont pas vraiment besoin » seront soutenues.
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La critique est aussi politique : le gouvernement, estime Abdellah El Fergui, refuse d’admettre qu’il ne finance pas les TPE, puisque ces conditions restrictives permettent de filtrer les candidats sans le dire ouvertement. Cette logique se traduit par l’absence de représentation des TPE dans les organes de décision ou d’arbitrage économique, malgré leur poids numérique et social.
Enfin, le président de la Confédération pointe du doigt l’inefficacité de certains dispositifs d’accompagnement antérieurs, comme des incubateurs financés à hauteur de 250 millions de dirhams par an, qui, selon lui, n’ont produit aucun impact tangible sur les TPE.
La réforme du soutien aux TPME marocaines, bien que porteuse d’espoir pour une partie du tissu entrepreneurial, met en lumière une fracture structurelle entre TPE et PME. Le décret, dans sa conception actuelle, repose sur des critères qui ne reflètent pas la réalité économique des très petites entreprises. Si l’État ambitionne de bâtir un modèle économique résilient, équitable et inclusif, il ne pourra plus ignorer les préoccupations d’un pan essentiel de l’économie marocaine. La mise en œuvre effective de cette réforme devra impérativement intégrer les voix des TPE, sans quoi elle risquera de renforcer les déséquilibres qu’elle prétend corriger.
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