La BAD prévoit une croissance de 3,9% pour le Maroc

Mbaye Gueye
Temps de lecture :

Cap-Vert : croissance projetée de 5,3% en 2025 et de 4,9% en 2026Adesina, président de la BAD. © DR

A
A
A
A
A

Le dernier rapport de la BAD montre que le Maroc continue de se positionner comme un moteur de croissance en Afrique du Nord, avec des prévisions de croissance optimistes. Entre réformes industrielles, investissements en infrastructures et soutien au secteur privé, le pays cherche à renforcer sa résilience face aux fluctuations économiques mondiales. Cependant, le document met en lumière une disparité dans l’évolution de la croissance entre les différentes régions du continent. Détails.

Le Maroc, l’une des économies les plus dynamiques d’Afrique du Nord, bénéficie d’un rebond économique après les défis rencontrés ces dernières années. Selon le dernier rapport de la Banque Africaine de Développement (BAD), sur la performance macroéconomique du continent, la croissance du PIB réel du Maroc devrait s’établir à 3,9% en 2025 contre 2,9% en 2024, et 3,6 % en 2026, soit une moyenne de 3,8% sur cette période. Cette évolution positive repose sur plusieurs facteurs.

En premier lieu, il convient de noter la reprise de la production agricole, fragilisée ces dernières années par des conditions météorologiques défavorables. Si la production agricole reste sujette à de fortes fluctuations climatiques, les secteurs non agricoles poursuivent leur croissance, notamment grâce aux industries manufacturières et aux infrastructures de qualité. La Banque Africaine de Développement (BAD) souligne que cette résilience découle d’efforts soutenus.

Lire aussi : CDM 2030 : la BAD investit 650 M€ au Maroc

Au-delà du secteur agricole, la BAD estime que d’autres facteurs viendront soutenir cette reprise, notamment l’augmentation des recettes touristiques, un afflux d’Investissements directs étrangers (IDE) stimulant la production industrielle et les exportations, ainsi que les investissements liés aux infrastructures pour la Coupe du Monde 2030, organisée avec l’Espagne et le Portugal.

Selon le rapport de la BAD, l’expérience marocaine illustre les bénéfices d’une stratégie d’investissement ambitieuse. Dès le milieu des années 2000, le pays a misé sur le développement des infrastructures de transport et de logistique. Le Plan d’accélération industrielle 2014-2020 a renforcé cette orientation en intégrant le Maroc aux chaînes de valeur mondiales à forte intensité technologique.

Lire aussi : AIF 2024 : signature de trois accords entre le Maroc et la BAD

Le développement de pôles industriels et logistiques, soutenu par des politiques incitatives, a attiré des entreprises manufacturières majeures. Le secteur automobile, en particulier, a bénéficié d’investissements significatifs. La part des IDE dans l’industrie manufacturière est ainsi passée de 15% en 2010 à 37% en 2019.

Une croissance disparate

Par ailleurs, le rapport a mis en lumière une disparité croissante entre les régions. Certaines zones affichent une forte résilience et une dynamique de croissance soutenue, tandis que d’autres peinent à se remettre des chocs économiques, politiques ou climatiques. Pour ce qui est de l’Afrique du Nord, elle va afficher une croissance fragile mais en progression, estimée à 3,9% en 2025. Portée par le Maroc, la Tunisie et l’Égypte, cette dynamique est également soutenue par l’exploitation pétrolière et gazière en Algérie et en Libye. Néanmoins, l’inflation en Égypte, l’instabilité en Libye et au Soudan, et la dépendance aux hydrocarbures posent des risques économiques.

En 2025, l’Afrique de l’Est, moteur du continent, devrait enregistrer une croissance de 5,3%, portée par les investissements massifs dans les infrastructures et l’énergie, notamment en Éthiopie, au Kenya et en Ouganda. La reprise du tourisme, qui bénéficie au Kenya, à la Tanzanie et au Rwanda, ainsi que l’exploitation des ressources pétrolières et gazières en Ouganda et en Tanzanie, renforcent cette expansion. Toutefois, des défis subsistent, notamment l’instabilité en Somalie et au Soudan du Sud, l’inflation élevée en Éthiopie et au Kenya, et l’alourdissement de la dette publique dû aux projets d’infrastructures.

Investissements, infrastructures et industries : les moteurs de la croissance africaine

Pour l’Afrique de l’Ouest, la BAD prévoit une croissance de 4,6% en 2025, portée par les hydrocarbures et les mines. Le Niger mise sur le pétrole et le gaz, alors que le Ghana et la Guinée renforcent l’exploitation de l’or et de la bauxite. La transformation industrielle progresse en Côte d’Ivoire, au Bénin et au Togo, et les infrastructures se modernisent au Sénégal et au Nigeria. Cependant, l’instabilité politique au Mali, au Burkina Faso et en Guinée freine les investissements, tandis que la dépendance aux matières premières et les tensions sécuritaires au Sahel restent préoccupantes.

Lire aussi : PME africaines : accord entre la BAD et BANK OF AFRICA

Concernant l’Afrique centrale, une région gangrénée par les conflits armés, l’optimisme est de mise puisque l’institution table sur une croissance prévue de 4%. Elle devra tirer profit de ses ressources minières et pétrolières, notamment au Gabon, au Congo et en RDC. Des projets d’infrastructures et des efforts de diversification au Cameroun et en RDC favorisent la croissance. Cependant, la gouvernance défaillante, l’instabilité en RDC et la dépendance aux matières premières freinent le développement.

Quant à l’Afrique australe, cette région devra connaître une reprise progressive, avec une croissance attendue de 3%. L’exploitation du lithium, du cuivre et du charbon en Afrique du Sud, en Zambie et au Zimbabwe stimule l’économie. La reprise du commerce et du tourisme en Namibie, au Botswana et à Maurice ainsi que les investissements sud-africains dans les énergies renouvelables soutiennent la croissance. Toutefois, la crise énergétique en Afrique du Sud, l’endettement au Zimbabwe et en Zambie, ainsi que la volatilité des prix des matières premières restent des défis majeurs.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Chèques-vacances : des années de promesses, 0 départ

Economie - Les vacances, au Maroc, restent un privilège à crédit… C'est pour casser ce cercle vacances = dettes que les chèques-vacances ont été inventés… ailleurs !

Sabrina El Faiz - 9 août 2025
PLF 2026 : le Maroc trace sa voie vers l’émergence

Économie - Stabilité macroéconomique, investissements ciblés, réforme sociale, infrastructures stratégiques… le PLF 2026 vient consolider la trajectoire du Maroc.

Ilyasse Rhamir - 8 août 2025
Dakhla : lancement d’un guichet unique pour les Marocains du monde

Économie : Le CRI de Dakhla-Oued Eddahab lance un Guichet Unique pour les Marocains du Monde, visant à faciliter l’investissement et à renforcer les liens avec la diaspora.

Mouna Aghlal - 8 août 2025
PLF 2026 : une feuille de route pour accélérer l’émergence économique et sociale

Économie - Avec plus de 300 milliards de DH investis, le Maroc accélère sa transformation économique et sociale, visant un développement équilibré et une meilleure justice territoriale.

Hajar Toufik - 8 août 2025
PLF 2026 : voici les grandes priorités fixées par le gouvernement

Économie - Le PLF 2026 fixe quatre priorités : émergence économique, justice sociale et territoriale, renforcement de l’État social et réformes structurelles, tout en préservant les équilibres financiers.

Hajar Toufik - 8 août 2025
Les tomates marocaines gagnent du terrain sur le marché danois

Économie : Le Maroc renforce sa présence au Danemark avec 1.660 tonnes de tomates exportées entre juillet 2024 et avril 2025.

Mouna Aghlal - 8 août 2025
Voir plus
Coût, impact… tout savoir sur la nouvelle LGV Kénitra-Marrakech

Économie - Le Maroc lance l’extension de sa LGV vers Marrakech, un projet structurant qui transformera durablement la mobilité, l’économie et la connectivité entre les grandes villes.

Hajar Toufik - 25 avril 2025
Visa Schengen : le cauchemar européen à prix d’or

Dossier - Entre les délais interminables, les coûts exorbitants et les parcours semés d’embûches, obtenir un visa Schengen c’est devenu…

Sabrina El Faiz - 26 juillet 2025
Où en est l’avancement du gazoduc Nigeria-Maroc ?

Économie - Le projet de gazoduc Nigeria-Maroc progresse : 13 pays engagés, signature intergouvernementale à venir et lancement d’un premier tronçon entre Nador et Dakhla.

Hajar Toufik - 14 juillet 2025
BTP : le Maroc bétonne ses règles

Dossier - Pas d’attestation, pas de chantier. C’est simple, non ? Pas de couverture décennale, pas de livraison. N'y réfléchissons pas trop !

Sabrina El Faiz - 19 juillet 2025
Télécoms : en route vers un duopole ?

Dossier - Un accord entre Télécoms c’est toujours bon à prendre, mais qu’est-ce que cela engendre pour le consommateur final ?

Sabrina El Faiz - 28 juin 2025
Ces Marocains qui s’endettent pour les vacances

L’endettement pour les vacances est devenu, chez beaucoup, une évidence presque banale. On ne s’en vante pas forcément, mais on ne s’en cache plus.

Sabrina El Faiz - 2 août 2025

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire