Hausse des prix : les Marocains impactés et inquiets

Avatar de Hajar Toufik
Temps de lecture :

Hausse des prix : les Marocains impactés et inquietsUne femme fait des achats dans un marché à Rabat © DR

A
A
A
A
A

Le constat est là. L’augmentation du prix des matières premières, de l’énergie et du transport a provoqué une hausse significative du prix des produits alimentaires de grande consommation. Une situation inquiétante qui touche directement le pouvoir d’achat des Marocains. Nombreux sont d’ailleurs les professionnels à tirer la sonnette d’alarme. Et pour éviter un trop fort impact sur les consommateurs, ils donnent des pistes. Le point avec Bouazza Kherrati, président de la fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC).

C’est l’un des sujets les plus brûlants en ce début d’année. Viandes rouge et blanche, œufs, fruits et légumes… Les produits alimentaires pèsent de plus en plus lourd dans le budget des Marocains. Plusieurs facteurs contribuent à cette flambée des prix, notamment les conditions climatiques et le déficit pluviométrique, la baisse de la production, sans oublier la hausse des coûts de production.

Cela ne va pas s’améliorer dans les prochaines semaines, selon Bouazza Kherrati, président de la fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC), qui estime que les signes positifs ne sont pas nombreux à l’approche du mois sacré du Ramadan.

Lire aussi : Perspectives alimentaires : les prix ont atteint des niveaux records ! 

Des prix qui flambent

En faisant leurs courses, les Marocains ont constaté depuis quelques semaines que la plupart des produits alimentaires de base ont vu leur prix augmenter. Les marchés assistent à une hausse sans précédent des prix des légumes et des fruits, d’autant plus que pour le reste des autres produits, à savoir les viandes rouges et blanches, leurs tarifs connaissent également une tendance à la hausse en cette période de grand froid.

L’oignon, légume de base, se vend actuellement à près de 10 DH le kilogramme (kg). Le prix de la tomate s’envole, lui aussi, atteignant les 9 DH le kg. Quant au poulet, les vendeurs de volailles affichent un prix de plus de 20 DH le kg contre 16 DH les semaines auparavant. Les œufs ne sont pas non plus épargnés par cette hausse vertigineuse. Le prix de cet aliment, considéré comme la principale source de protéine, a poursuivi son envolée pour atteindre 1,50 DH, contre 1,10 DH en temps normal.

La viande rouge a, pour sa part, enregistré une hausse historique. Jamais le kilogramme n’avait atteint trois chiffres. Actuellement, il coûte près de 100 DH dans les différentes boucheries du Royaume. Une baisse du prix est d’ailleurs attendue après les mesures prises par le gouvernement, mais elle devra prendre au moins un mois avant d’être appliquée.

En effet, l’Exécutif a décidé d’annuler la condition relative au poids. Une mesure vise à fournir une quantité suffisante d’animaux destinés à l’abattage et à alimenter rapidement le marché national. Une autre mesure prise par l’Exécutif consiste à renoncer à la collecte de la TVA sur les moutons et les vaches importés d’Amérique latine.

Lire aussi : Viandes rouges : des mesures pour contrer la flambée des prix 

Une vente non structurée

Au-delà des arguments avancés par le gouvernement, notre interlocuteur Bouazza Kherrati ajoute d’autres facteurs provoquent cette hausse des prix. Interrogé par LeBrief, il pointe du doigt le circuit de commercialisation des fruits et légumes au Maroc, qui se caractérise par une multitude d’intervenants ce qui est, selon lui, courant dans le monde agricole.

Ramasseurs, collecteurs, courtiers, grossistes, semi-grossistes, détaillants… Chacun d’entre eux cherche à réaliser sa propre marge, lors des nombreuses opérations de vente qui sont organisées avant l’arrivée du produit chez le consommateur, ce qui fait d’ailleurs augmenter le prix jusqu’à 40%.

«L’absence de toute réglementation et encadrement affecte grandement le processus de commercialisation des produits agricoles. Certains ont même des chaînes de froid. Ils achètent les produits au moment où ils sont à bas coût, ils les stockent le temps que les prix augmentent pour les revendre avec une marge bénéficiaire importante», ajoute Bouazza Kherrati, qui plaide pour la création d’une entité pour s’occuper de la consommation nationale, dans le but de limiter l’intervention de ces intermédiaires, qu’il qualifie de lobby.

Lire aussi : Inflation et salaires : le citoyen en difficulté

Mauvais augure pour Ramadan ?

En général, les prix augmentent en cette période hivernale qui entraîne une ruée vers les produits alimentaires, provoquant naturellement une augmentation des tarifs. Mais la situation actuelle n’est pas en voie d’apaisement.

Pour Bouazza Kherrati, les prix élevés devraient se maintenir dans les semaines à venir, surtout à l’approche du mois sacré du Ramadan. Néanmoins, il soulève un point positif, assurant qu’il n’y a aucun risque de manque de denrées alimentaires.

Enfin, le contexte actuel pousse les Marocains à s’adapter, en changeant leurs habitudes de consommation pour ne pas voir la valeur de leur panier de course exploser. Il s’agit là d’une opportunité pour réduire le gaspillage alimentaire.

Dernier articles
Les articles les plus lu
AFEM : un quart de siècle consacré à la promotion de l’entrepreneuriat féminin

Société - L'AFEM célèbre un quart de siècle de promotion des femmes chefs d'entreprises au Maroc, marquant un parcours inspirant.

Mouna Aghlal - 7 décembre 2025
Tanger : un suspect armé arrêté après des menaces sur policiers

Société - À Tanger, la police a interpellé un homme de 45 ans, connu des services, soupçonné de menaces et de port d’armes blanches.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2025
Inauguration de l’Institut supérieur des sciences de la sécurité à Ifrane

Société - L’Institut supérieur des sciences de la sécurité a été inauguré à Ifrane par Abdellatif Hammouchi. Le but est de moderniser la formation policière.

Mouna Aghlal - 5 décembre 2025
Le zoo de Aïn Sebaâ ouvre à partir du 22 décembre 2025

Société - Le Zoo de Aïn Sebaâ ouvre ses portes le 22 décembre. Soutenu par 20 MDH, il accueillera plus de 300 animaux sur 13 ha.

Mouna Aghlal - 5 décembre 2025
Face à la numérisation, comment s’informent les marocains ?

L’étude Sunergia 2025 : un paysage numérique marocain en pleine mutation, avec TikTok en tête et de nouvelles perspectives pour les acteurs du digital.

Mouna Aghlal - 5 décembre 2025
Paris 1 Panthéon-Sorbonne : les étudiants marocains frappés par la hausse des frais

Société - L’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne augmente drastiquement les frais pour les étudiants hors UE. Les étudiants marocains et autres non-UE voient le coût de leurs études multiplié par seize.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2025
Voir plus
Manifestations de la « GenZ 212 » : 60 personnalités marocaines exhortent le Roi à engager des réformes profondes

Société - Soixante figures marocaines appellent le roi Mohammed VI à lancer des réformes profondes en phase avec les revendications de la jeunesse.

Hajar Toufik - 8 octobre 2025
Travaux : les Casablancais n’en peuvent plus !

Dossier - Des piétons qui traversent d’un trottoir à l’autre, des voitures qui zigzaguent… À croire que les Casablancais vivent dans un jeu vidéo, sans bouton pause.

Sabrina El Faiz - 12 avril 2025
Manifestations de la « GenZ 212 » : appel à boycotter les entreprises liées à Akhannouch

Société - Les manifestations de la « GenZ 212 », poursuivent leur mobilisation à travers un appel au boycott des entreprises liées à Aziz Akhannouch.

Ilyasse Rhamir - 7 octobre 2025
Mariages marocains : l’amour au prix fort

Société - Au Maroc, on peut rater son permis de conduire, son bac… Mais rater son mariage ? Inenvisageable !

Sabrina El Faiz - 23 août 2025
La classe moyenne marocaine existe-t-elle encore ?

Dossier - Au Maroc, pour définir le terme classe moyenne, nous parlons de revenus. Cela ne veut pourtant plus rien dire.

Sabrina El Faiz - 5 juillet 2025
Le Maroc des voisins qu’on n’a pas choisis

Dossier - Les voisins ont bien changé. Les balcons étaient les réseaux sociaux d’antan. On y partageait les breaking news du quartier et les hommes étaient aussi bien surveillés que les enfants !

Sabrina El Faiz - 12 juillet 2025
pub

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire