Dialogue social : le flou entoure l’augmentation du SMIG

Avatar de Manal Ben El Hantati
Temps de lecture :

Dialogue social : le flou entoure l’augmentation du SMIGSignature du premier accord social en avril 2022 dans le cadre du dialogue social © DR

A
A
A
A
A

Le flou persiste concernant l’activation de la deuxième augmentation de 5% du SMIG, alors qu’elle était programmée pour ce 1ᵉʳ septembre. Le ministre de l’Emploi, Younes Sekkouri, s’est rendu ce vendredi à Casablanca pour une rencontre avec les membres du conseil d’administration de la CGEM. Rien n’a filtré de cette réunion pour le moment au sujet de cette hausse, même si le ministre se montre confiant.

Ce vendredi 1ᵉʳ septembre à Casablanca, le ministre de l’Emploi, Younes Sekkouri, a eu une réunion avec les membres de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), juste avant la tenue du Conseil d’administration de cette organisation patronale. L’objectif est de délibérer sur plusieurs questions cruciales, dont la deuxième augmentation de 5% du salaire minimum prévue dans l’accord social d’avril 2022.

Avant cette rencontre, une première réunion a eu lieu, jeudi 31 août, au siège du ministère de l’Emploi à Rabat. Elle a rassemblé certaines fédérations affiliées à la CGEM, ainsi que la Comader, également concernée par la hausse du Salaire minimum agricole garanti (SMAG), qui doit être alignée sur le SMIG conformément aux termes de l’accord du 30 avril.

Rappelons que le gouvernement avait conclu un accord social, en 2022, avec les principaux syndicats et les représentants du patronat. Cet accord comprenait, entre autres dispositions, une augmentation significative du salaire minimum dans les secteurs public et privé. Selon cet accord, le salaire minimum devait être revalorisé de 10% sur une période de deux ans dans les secteurs de l’industrie, du commerce et des services. La première phase de cette augmentation a été mise en place en septembre 2022, tandis que la seconde phase était initialement programmée pour entrer en vigueur ce 1ᵉʳ septembre 2023.

Lire aussi : Hausse du SMIG : entre engagements et attentes

Aucune opposition chez la CGEM à l’augmentation du SMIG

À la fin de la réunion d’aujourd’hui, qui a vu la participation des présidents, administrateurs et représentants des différentes fédérations sectorielles de la CGEM, Younes Sekkouri s’est exprimé positivement sur le résultat des négociations dans le cadre du dialogue social. Les engagements pris lors des discussions initiées en début d’année devraient ainsi se matérialiser, notamment l’application de la deuxième augmentation du SMIG, qui atteindra 3.111 DH, comparé aux 2.970 DH après la première hausse du 1ᵉʳ septembre 2022.

Dans une déclaration à Le360, le ministre a indiqué qu’il n’a constaté aucune opposition de la part de la CGEM à l’augmentation du SMIG. «Cette rencontre a permis d’exprimer certaines attentes concernant d’autres sujets, mais pas spécifiquement en ce qui concerne l’augmentation du SMIG», a-t-il affirmé, soulignant que «dans les prochaines heures ou jours, les différents sujets pourront être normalisés».

Hausse du SMIG conditionnée

Du côté du patronat, la seconde augmentation de 5% du SMIG avait été conditionnée à l’introduction de modifications dans le Code du travail pour faciliter les licenciements, ainsi qu’à l’approbation de la loi organisationnelle sur les grèves. Ces deux projets devraient bientôt être concrétisés, en commençant par la loi sur le droit de grève, dont le texte est presque finalisé.

Au micro de Le360, Younes Sekkouri a assuré que les initiatives engagées par le gouvernement dans le cadre du dialogue social, notamment la loi organique sur le droit de grève, avancent bien. «Après une dernière discussion avec les parties prenantes, la loi sera soumise à l’institution législative de manière responsable et solennelle, en prenant en compte les différentes positions et surtout l’intérêt national», a-t-il soutenu.

Quant à la réforme du Code du travail, elle devra attendre un peu plus longtemps. Les consultations commenceront après l’adoption du texte sur le droit de grève. Le ministre a souligné que «le gouvernement a encore du temps pour discuter du Code du travail et des autres revendications des syndicats des travailleurs marocains». Il a réaffirmé «l’engagement du gouvernement à écouter la population et à trouver des solutions aux difficultés rencontrées par certains secteurs ou régions sur des questions spécifiques».

Démarche de «chantage»

Les syndicats ont critiqué l’approche de la CGEM en la qualifiant de «chantage», estimant que cela pourrait compromettre leur dialogue social avec le gouvernement. Dans une interview accordée à Hespress, Miloudi Moukharik, le secrétaire national de l’Union marocaine du travail (UMT), a vivement rejeté «le chantage exercé par les employeurs». Ces derniers tentent, selon lui, de conditionner le versement de la deuxième moitié, représentant seulement quelques DH, à la promulgation des lois majeures du travail et à la révision de 32 articles du Code du travail, ce qu’il considère comme «des raisons futiles».

Moukharik a souligné que les syndicats ne céderaient pas sur l’application de cette augmentation et a averti que si le gouvernement hésitait à mettre en œuvre l’accord, cela mettrait fin au dialogue social.

Pour sa part, Bouchta Boukhalfa, vice-secrétaire général de la Confédération démocratique du travail (CDT), a fortement critiqué l’approche du président actuel de la CGEM, affirmant que personne n’avait adopté cette démarche avant lui. Dans une déclaration à Hespress, Boukhalfa a avancé que des négociations avaient eu lieu dans différentes régions, mais aucune n’avait utilisé le marchandage de la manière dont le président de la CGEM le fait actuellement.

Il a conclu en insistant sur le fait qu’un accord engage les parties contractantes, et que par conséquent, tout ce qui s’était convenu dans cet accord devait être mis en œuvre sans avoir à recourir au marchandage et au chantage, qualifiant ainsi la situation actuelle de «chaotique».

Dernier articles
Les articles les plus lu
Deepfakes, dérives numériques et IA : la nouvelle frontière des violences faites aux femmes

Tribune-La campagne mondiale contre les violences faites aux femmes était historiquement centrée sur les violences physiques, psychologiques...

Rédaction LeBrief - 27 novembre 2025
Prolifération de faux psychologues : le syndicat saisit l’Intérieur

Société - Le Syndicat national des psychologues dénonce la prolifération de praticiens illégaux s'appropriant ce titre.

Mouna Aghlal - 27 novembre 2025
Hajj 1448 : lancement des inscriptions électroniques du 8 au 19 décembre

Société - Les futurs pèlerins marocains pourront s’enregistrer en ligne pour la campagne 1448 H/2027 entre le 8 et le 19 décembre 2025. L’opération concerne les citoyens majeurs, avec des conditions spécifiques pour les personnes âgées souhaitant être accompagnées.

Ilyasse Rhamir - 27 novembre 2025
Décès de Bensaber El Ghazouani, préfet de police

Société - La Direction générale de la sûreté nationale traverse une profonde perte avec la disparition de Bensaber El Ghazouani. La famille de la DGSN rend hommage au défunt et adresse ses prières pour sa paix éternelle et le réconfort des siens.

Ilyasse Rhamir - 27 novembre 2025
Démantèlement d’un réseau criminel de trafic international et saisie de 16 tonnes de chira (BCIJ)

Société - Une opération minutieusement coordonnée par les services de sécurité a permis de mettre fin aux activités d’un réseau spécialisé dans l’exportation illicite de résine de cannabis (Chira) à partir des côtes casablancaises.

Ilyasse Rhamir - 27 novembre 2025
Casablanca : la Cour d’appel confirme la condamnation à cinq ans de prison de Boudrika

Société - La Cour d’appel de Casablanca confirme la condamnation de Mohamed Boudrika à cinq ans de prison ferme pour faux, escroquerie et chèques sans provision.

Hajar Toufik - 26 novembre 2025
Voir plus
Manifestations de la « GenZ 212 » : 60 personnalités marocaines exhortent le Roi à engager des réformes profondes

Société - Soixante figures marocaines appellent le roi Mohammed VI à lancer des réformes profondes en phase avec les revendications de la jeunesse.

Hajar Toufik - 8 octobre 2025
Travaux : les Casablancais n’en peuvent plus !

Dossier - Des piétons qui traversent d’un trottoir à l’autre, des voitures qui zigzaguent… À croire que les Casablancais vivent dans un jeu vidéo, sans bouton pause.

Sabrina El Faiz - 12 avril 2025
Manifestations de la « GenZ 212 » : appel à boycotter les entreprises liées à Akhannouch

Société - Les manifestations de la « GenZ 212 », poursuivent leur mobilisation à travers un appel au boycott des entreprises liées à Aziz Akhannouch.

Ilyasse Rhamir - 7 octobre 2025
Mariages marocains : l’amour au prix fort

Société - Au Maroc, on peut rater son permis de conduire, son bac… Mais rater son mariage ? Inenvisageable !

Sabrina El Faiz - 23 août 2025
La classe moyenne marocaine existe-t-elle encore ?

Dossier - Au Maroc, pour définir le terme classe moyenne, nous parlons de revenus. Cela ne veut pourtant plus rien dire.

Sabrina El Faiz - 5 juillet 2025
Faux et usage de faux, la dangereuse fabrique de l’illusion

Dossier - Un faux témoignage peut envoyer un innocent en prison ou blanchir un coupable. Un faux diplôme casse la méritocratie. Un faux certificat peut éviter une sentence.

Sabrina El Faiz - 24 mai 2025
pub

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire