De Tanger à Dakhla…comment le Maroc prépare-t-il ses villes pour 2030 ?

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Cohésion territoriale : où en est le Maroc ?Drapeau du Maroc © DR

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Avec une enveloppe globale estimée à 380 milliards de DH, le Maroc confirme sa volonté d’ancrer son modèle de développement sur des bases territoriales équitables, où chaque région devient un moteur de croissance à part entière.

Désormais, le Maroc adopte une approche qui privilégie la proximité et la concertation. Autorités locales, élus, services déconcentrés et société civile participent à l’élaboration de programmes de développement intégrés. L’objectif est d’orienter l’investissement vers les besoins réels des populations et stimuler les vocations économiques propres à chaque région. L’investissement public n’est plus seulement un outil d’aménagement, mais un levier d’emploi, de valeur ajoutée et de résilience. En effet, les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, 96,3% des ménages disposent de l’électricité, 82,9% de l’eau potable et près de 70% sont propriétaires de leur logement.

Traversons le Maroc, région par région.

Tanger-Tétouan-Al Hoceima, la locomotive industrielle

Au nord, la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima confirme son rôle de hub industriel et logistique. Avec une contribution de 10,5% au PIB national, elle est considérée comme la troisième économie régionale du pays. Son tissu productif, dynamisé par Tanger Med, attire investissements et emplois, plus de 130.000 rien que sur le complexe portuaire.

Les projets structurants, comme l’hôpital des spécialités de Tétouan, prévue pour un coût de 618 millions de DH (MDH), renforcera l’offre sanitaire, tandis que de nouveaux barrages, notamment Dar Maimoune et Ali Thilate, mobiliseront près de 4,4 milliards de DH (MMDH) pour sécuriser l’approvisionnement en eau. L’éducation reste une priorité, avec la construction de plus de 20 établissements scolaires et la réhabilitation de centaines de salles de classe. Enfin, la Cité des Métiers et des Compétences de Tanger illustre la volonté de former localement une main-d’œuvre adaptée à l’économie régionale.

Oriental : entre relance économique et transition hydrique

L’Oriental, vaste territoire de 88.000 km², est une région qui équilibre entre le Maroc atlantique et le Maghreb. Malgré un PIB par habitant inférieur à la moyenne nationale, soit 25.650 DH, elle dispose d’une façade méditerranéenne, grâce au port Nador West Med et des projets énergétiques et hydrauliques de grande envergure.

Le nouveau port, avec plus de 11,5 MMDH d’investissement, constitue un levier logistique majeur, complété par l’autoroute Guercif-Nador et une future liaison ferroviaire. L’eau mobilise, quant à elle, plusieurs milliards à travers les barrages Targa Oumadi, Mohamed V et Falit, ainsi que les stations de dessalement d’Oujda et de Marchica. Parallèlement, la région mise sur la culture et le tourisme avec le développement de Saïdia et la valorisation de son patrimoine artisanal.

Lire aussi: Comptes régionaux 2023 : croissance, PIB et disparités régionales

Fès-Meknès : patrimoine, agriculture et innovation

Cœur historique et spirituel du Maroc, la région de Fès-Meknès conjugue tradition et modernité. Son PIB régional (8,4% du total national) repose sur une agriculture forte (27,9% de la valeur ajoutée) et un tissu de services en expansion. Le plan d’investissement triennal s’élève à plusieurs dizaines de milliards de dirhams, axés sur l’eau, la santé et la culture.

D’ailleurs, l’État engage dans cette région des projets structurants, comme le barrage Ratba (4,7 MMDH), le centre hospitalier de Moulay Yaacoub, et l’aménagement hydroagricole de la plaine du Saïss (9 MMDH) pour sécuriser l’irrigation de 30.000 hectares. Sur le plan culturel, la restauration de la médina de Taza et la création de complexes culturels de proximité témoignent d’une politique d’équilibre entre développement économique et préservation du patrimoine. Le projet de salle omnisports de Fès (Arena) et la mise à niveau du Complexe sportif de Fès (2,6 MMDH) confirment la vocation de la région à accueillir de grands événements nationaux et internationaux.

Rabat-Salé-Kénitra : moteur administratif et pôle de services

Avec 16% du PIB national et un revenu par habitant de plus de 40.000 DH, la région de Rabat-Salé-Kénitra s’impose comme un pilier économique et institutionnel du Royaume. Capitale politique, elle combine attractivité universitaire, dynamisme industriel et essor urbain rapide.

Les projets phares du triennat 2026-2028 traduisent une ambition équilibrée entre modernité et inclusion. Il s’agit donc du nouveau Centre hospitalier universitaire Ibn Sina de 7,4 MMDH, la Cité des Métiers de l’Oulja, la grande salle omnisports de Rabat, ou encore la création d’un stade à Skhirate-Témara. Les investissements dans l’eau, notamment le barrage Koudiat Borna et les aménagements hydro-agricoles du Gharb contribuent à allier entre urbanisation, sécurité hydrique et développement rural. L’extension de la zone industrielle de Kénitra et la création d’un Agropole régional soulignent le virage vers une économie durable et compétitive.

Casablanca-Settat : cœur économique du Royaume

Avec plus de 25% du PIB national, Casablanca-Settat reste la locomotive économique du Maroc. La région concentre les plus grands projets d’infrastructure et d’investissement productif du pays.

Les priorités pour 2026-2028 portent sur l’expansion des zones industrielles, la mobilité urbaine (tramway, autoroutes et lignes ferroviaires), la transition énergétique, mais aussi l’amélioration du cadre de vie à travers des projets d’habitat, d’assainissement et d’éducation.

Lire aussi: Casablanca-Settat : le Conseil régional valide des projets structurants

Marrakech-Safi : patrimoine, tourisme et sport

Région symbolique du tourisme, Marrakech-Safi poursuit sa modernisation tout en préservant son identité. Les projets de réhabilitation de la médina, d’amélioration des infrastructures touristiques et de développement rural dessinent une région à la fois compétitive et durable.

L’investissement public y soutient aussi la santé, l’éducation et l’eau, avec plusieurs hôpitaux et barrages planifiés. À l’approche de la CAN 2025, la région bénéficiera d’un important programme de modernisation sportive et urbaine pour renforcer son attractivité internationale.

Souss-Massa et Drâa-Tafilalet : entre agriculture, industrie et résilience hydrique

Le Souss-Massa, moteur agroalimentaire du sud, met l’accent sur la valorisation de sa production agricole, la modernisation du port d’Agadir et la création de zones industrielles spécialisées. Les efforts dans l’éducation et la santé visent à renforcer la cohésion sociale dans un territoire en pleine expansion.

Plus à l’intérieur, la région Drâa-Tafilalet consacre ses investissements à l’eau et à l’énergie, avec des barrages et projets solaires majeurs. Ces initiatives soutiennent l’agriculture oasienne et l’économie locale face aux défis climatiques.

Le Sud atlantique : de la cohésion à la prospérité

Dans les régions de Guelmim-Oued Noun, Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Ed-Dahab, les investissements vers les ports, les routes, les énergies renouvelables et les services sociaux de base sont massive grâce au modèle de développement des provinces du Sud.

En effet, à Laâyoune, la modernisation des infrastructures urbaines et portuaires s’accompagne de la création d’emplois dans la pêche, le commerce et les énergies vertes. Plus au sud, Dakhla montre sa vocation atlantique et africaine, à travers son port Dakhla Atlantique, les zones industrielles et touristiques, ainsi que les projets d’interconnexion routière et énergétique, en font une future plateforme d’échanges Sud-Sud.

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