Dakhla Atlantique, nouveau Tanger Med du Sud ?
De G à D : Nisrine Louzzi, directrice générale du Port Dakhla Atlantique, Bertrand Walckenaer, Directeur Général Adjoint de l'Agence française de développement (AFD) et Olivier Vincent, Directeur exécutif chargé des activités export de BPI
France © Ayoub Jouadi / LeBrief
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Jusque-là, le Maroc ne comptait qu’un seul grand port dont il pouvait se targuer. Lancé dans le cadre de la stratégie atlantique, le projet de Dakhla Atlantique ouvre la voie vers les provinces du Sud et ambitionne de les transformer en un pôle économique et logistique reliant l’Europe, l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.
Grandiose, ce port en eaux profondes, situé à 40 km de la ville, pourra accueillir de grands navires. Il s’appuie sur une zone industrielle, logistique et énergétique, pour un coût prévisionnel de près de 13 milliards de dirhams (MMDH). Le port Dakhla Atlantique vise également à soutenir le développement de nouveaux secteurs, comme l’hydrogène vert, la logistique maritime et les énergies renouvelables.
Autour du projet, les institutions françaises ne cachent pas leurs ambitions. L’Agence française de développement (AFD) a promis un prêt de 100 millions d’euros pour moderniser les infrastructures portuaires du Sud, tandis que Bpifrance multiplie les connexions entre PME marocaines et françaises, apprend-on lors du Forum Maroc-France à Dakhla, ce 9 octobre 2025. On parle alors de coopération gagnant-gagnant, de vision commune, de partenariat durable… tel un refrain de chanson.
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Le mirage du modèle Tanger Med ?
S’en est presque fou. En 20 ans Tanger Med s’est imposé comme un miracle industriel. Ce port est devenu un hub mondial, un écosystème d’usines et de zones franches, des milliers d’emplois créés et on en passe. Mais la comparaison avec Dakhla doit-elle nécessairement se faire ?
Le Nord du pays bénéficie de la proximité avec l’Europe, de réseaux routiers et d’industriels déjà structurés, ainsi que d’une main-d’œuvre abondante. Dakhla, elle, se situe à 1.200 kilomètres de Casablanca, au cœur d’un territoire où les infrastructures manquent encore ou en cours de développement.

À Dakhla, l’on part quasiment de zéro. Pour l’instant, la zone compte peu d’industries, peu de formations techniques, et son économie reste largement dominée par la pêche.
Pour l’AFD, l’objectif est d’accompagner un développement durable et inclusif. Pour les autorités marocaines, le port doit devenir un levier d’intégration régionale, capable de relier le Maroc à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
Mais les flux commerciaux qui justifieraient une telle infrastructure ne sont pas encore là. Le trafic maritime du Sud reste modeste, et routes et voies ferrées reliant Dakhla au reste du pays sont encore en construction. Il faudra au moins dix ans pour que la zone devienne réellement productive, apprend-on lors du Forum.
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Coopération ou influence ?
Le Forum Maroc-France, organisé par la CGEM et le MEDEF a mis le doigt sur une nouvelle dynamique de partenariat après plusieurs années de froid diplomatique.
Les acteurs français (AFD, BPI France, MEDEF) reviennent en force pour investir dans les provinces du Sud, soutenir la vision atlantique du Maroc et réaffirmer la coopération économique bilatérale.
Ce n’est pas un mal en soi, mais il faut le dire : derrière chaque partenariat technique se cache une logique stratégique. Dakhla Atlantique est autant un chantier économique qu’un test diplomatique. Seul le temps dira ce qu’il adviendra de ces opportunités.
En attendant, le long de la corniche, les pêcheurs réparent leurs filets sous un soleil qui cogne. Pour l’instance, le port existant est petit mais reste vital pour leur activité. Le contraste à deux vitesses est clair.
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