Crise du secteur ovin : ce que prévoit l’ANOC pour aider les éleveurs

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Crise du secteur ovin : ce que prévoit l’ANOC pour aider les éleveursUn marché de moutons © DR

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Face à la crise actuelle du secteur ovin au Maroc, l’Association nationale ovine et caprine (ANOC) met en place des mesures urgentes pour soutenir les éleveurs et préparer Aïd Al-Adha 2026. Des réformes sont également envisagées pour rendre l’élevage plus résilient face aux changements climatiques. Les explications de Saïd Chatibi, directeur général de l’ANOC.

L’Association nationale des éleveurs d’ovins et de caprins (ANOC) joue un rôle clé dans le soutien et le développement du secteur de l’élevage au Maroc. Parmi ses principales missions figure l’amélioration génétique des races ovines et caprines à l’échelle nationale. Cette démarche vise à renforcer la productivité et la résilience des animaux face aux conditions climatiques et économiques. L’ANOC met ainsi en œuvre des programmes techniques qui permettent aux éleveurs d’améliorer les performances reproductives et sanitaires de leur cheptel, tout en promouvant une gestion plus durable des ressources animales.

En parallèle de ces efforts de sélection génétique, l’ANOC assure également un soutien technique continu aux éleveurs qui lui sont affiliés. L’association organise des campagnes de prophylaxie de santé animale, des formations et des conseils personnalisés pour améliorer les pratiques d’élevage. Ces missions sont menées tout au long de l’année, permettant aux éleveurs d’optimiser leur production et de répondre efficacement aux défis du secteur. Ainsi, même en période de crise, comme celle que traverse actuellement le secteur à cause de la sécheresse, l’ANOC continue d’apporter son expertise et son accompagnement aux éleveurs.

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Que faire des moutons destinés à l’abattage cette année ?

La crise actuelle, marquée par des conditions climatiques difficiles, a conduit à une baisse importante du cheptel destiné au sacrifice de Aïd al-Adha. Après la décision royale d’annuler le rituel de l’abattage cette année, nombre de moutons, qui étaient prévus pour être abattus, sont désormais confrontés à une situation délicate.

En effet, il semble impossible pour les éleveurs de conserver ces animaux jusqu’à l’Aïd de l’année prochaine. Selon Saïd Chatibi, les moutons destinés au sacrifice de cette année ne peuvent pas être gardés pendant encore 15 mois. Après avoir supporté les charges d’alimentation et d’entretien pendant 7 à 8 mois, ils ne peuvent pas résister à un tel délai supplémentaire. «Non seulement ces animaux nécessiteraient des coûts d’entretien supplémentaires importants, mais leur état physique pourrait également se détériorer, rendant leur vente moins rentable à l’avenir», a-t-il expliqué.

Ainsi, le patron de l’ANOC conseille de ne pas conserver ces moutons jusqu’à l’Aïd de 2026. Une partie des animaux sera destinée à l’abattage pour la consommation en boucheries. Cependant, il insiste sur le fait que cette vente ne doit pas se faire en masse pour éviter l’effondrement des prix. «Si tous les animaux sont mis sur le marché simultanément, cela risquerait de provoquer une chute brutale des prix, créant ainsi des pertes sèches pour les éleveurs. Pour limiter les effets négatifs sur les prix et garantir une certaine stabilité économique, nous recommandons que les animaux soient écoulés progressivement, en fonction de la demande du marché», ajoute-t-il.

L’importance des subventions pour aider les éleveurs

Face à la situation difficile des éleveurs, l’ANOC appelle à une aide urgente de l’État. La mise en place de subventions, en particulier pour l’alimentation des animaux, est primordiale pour aider les éleveurs à faire face aux coûts d’entretien élevés. «Ces subventions permettraient de réduire la pression financière sur les éleveurs et de maintenir leurs animaux en bonne santé jusqu’à leur vente progressive sur le marché des boucheries», indique Saïd Chatibi. Ce soutien est d’autant plus crucial que les éleveurs ne peuvent pas assumer seuls les charges qui pèsent sur eux, particulièrement dans un contexte où la sécheresse et la crise économique sont des facteurs aggravants.

Dans cette optique, l’ANOC a annoncé une réunion imminente avec le ministère de l’Agriculture pour discuter de la mise en place de ces mesures d’urgence. L’objectif est de mettre en œuvre des politiques concrètes pour soutenir les éleveurs à court terme, tout en préparant le terrain pour Aïd Al-Adha de l’année prochaine. Les discussions visent à définir les modalités de distribution de l’aide et à élaborer des solutions adaptées aux besoins spécifiques des éleveurs, notamment en termes de subventions sur les aliments pour animaux et de mesures pour stabiliser les prix du marché.

1963, 1981, 1996… quand le sacrifice de Aïd al-Adha n’a pas eu lieu

Réinventer les méthodes d’élevage

Selon le directeur général de l’ANOC, la crise actuelle nous pousse à repenser les méthodes d’élevage traditionnelles face aux changements climatiques qui, chaque année, deviennent plus intenses et fréquents. Les sécheresses prolongées et les périodes de pénurie d’eau sont désormais des éléments structurels qui rendent les méthodes classiques de gestion du cheptel de plus en plus obsolètes. Face à ces défis, l’ANOC plaide pour une révision complète des systèmes d’élevage au Maroc. L’objectif est de passer à des modèles plus performants et moins dépendants des aléas climatiques.

Dans cette perspective, l’ANOC envisage une collaboration renforcée avec le ministère de l’Agriculture pour lancer un programme national d’appui technique aux éleveurs. Ce programme, qui s’étendrait sur trois ans, a pour ambition de promouvoir l’adoption de systèmes d’élevage plus modernes et plus résilients. Cela implique l’utilisation de techniques avancées pour améliorer la productivité du cheptel tout en réduisant les coûts de production.

En intégrant des méthodes plus efficientes et en diversifiant les sources de nourriture et d’eau pour les animaux, les éleveurs pourront mieux faire face aux contraintes climatiques. Ce programme vise ainsi à augmenter le cheptel national tout en abaissant les coûts de production, permettant ainsi aux éleveurs de proposer une viande de qualité à des prix accessibles pour les consommateurs.

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