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Covid-19 : faut-il craindre une nouvelle vague ?

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Au Maroc, la situation épidémiologique devient de plus en plus préoccupante. On frôle les 1.000 infections à la Covid-19 par jour. La circulation communautaire du virus quant à elle est passée du niveau de vigilance « vert faible » à « orange moyen ». Comment expliquer cette recrudescence des cas positifs ? Et est-ce qu’on peut s’attendre à des restrictions sanitaires dans les jours qui viennent ? Réponses de Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé.

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La situation épidémiologique au Maroc est marquée par une forte détérioration depuis quelques jours. D’ailleurs, la circulation communautaire de la Covid-19 est passée du niveau de vigilance « vert faible » à « orange moyen », notamment dans les grandes villes. C’est ce qu’a déploré le coordonnateur du Centre national des opérations d’urgence de santé publique au ministère de la Santé et de la Protection sociale, Mouad Mrabet.

Dans une interview accordée à LeBrief, le docteur Tayeb Hamdi, médecin-chercheur en politiques et systèmes de santé, analyse la situation sanitaire actuelle dans le pays.

LeBrief : Comment expliquez-vous la recrudescence des cas positifs à la Covid-19 au Maroc ?

Dr Tayeb Hamdi : Il y a quatre raisons qui expliquent la recrudescence des cas positifs à la Covid-19 au Maroc.

Premièrement, les déplacements et les rencontres qui ont suivi Ramadan.

Ensuite, le relâchement total de la population. La majorité des gens pense effectivement que la pandémie est terminée et qu’il n’y a plus de virus. Ils ne voient plus l’utilité ni le besoin de respecter les mesures d’hygiène, et ce, même dans les situations qui sont très à risque comme les espaces clos.

La troisième raison est liée à la propagation des sous-variants d’Omicron BA.1 et BA.2. Le Maroc a connu une vague de cette mutation en janvier et février derniers. En mars, c’est Omicron BA.1 qui était dominant, avant de céder la place à BA.2. Ce dernier est plus transmissible que le BA.1. Maintenant, le BA.2 est le plus répandu au Maroc et affiche une hausse vertigineuse des contaminations.

S’agissant de la quatrième raison, elle concerne la baisse de l’immunité en raison de la diminution de l’efficacité des vaccins, plusieurs mois après la réception de la dernière dose vaccinale. Bien qu’elle protège contre les formes graves du virus et les décès, l’immunité procurée par les vaccins n’empêche pas la contraction de la maladie.

LeBrief : Que signifie, concrètement, le passage de la circulation communautaire de la Covid-19 du niveau de vigilance « vert faible » à « orange moyen » ?

Dr Tayeb Hamdi : Le passage du vert à l’orange implique une propagation et une transmission communautaire plus importante de la Covid-19. Il y a quatre ou six semaines, on détectait 30 à 50 cas par jour.

Aujourd’hui, on frôle les 1.000 cas par jour. Nous constatons qu’en l’espace de deux semaines, non seulement le nombre de cas a augmenté, mais la vitesse avec laquelle le virus se propage s’est accélérée aussi.

Sur 100 analyses faites par jour, on enregistrait 0,5 à 0,6% de cas positifs, c’est-à-dire, un cas positif sur 200 analyses quotidiennes. Actuellement, sur 100 tests PCR effectués par jour, 12 sont confirmés positifs.

Donc, le virus se propage plus vite et risque de monter d’un cran dans les prochains jours et il y a de plus en plus de risque d’attraper le virus et de développer des formes graves d’infections.

LeBrief : Faut-il craindre les nouveaux sous-variants d’Omicron ?

Dr Tayeb Hamdi : Au Maroc, on a déjà détecté le sous-variant Omicron BA.5. Ce dernier est plus transmissible que les sous-variants BA.2 et BA.1. Le fait qu’on a détecté le BA.5 veut dire que dans quelques semaines, cette souche va devenir dominante au Maroc. C’est presque une évidence.

Jusqu’à présent, les autorités sanitaires mondiales assurent que BA.5 n’est pas plus virulent que BA.2 ou BA.1. En d’autres termes, il ne risque pas d’entraîner plus de cas graves ou de décès.

Nous sommes actuellement dans une phase marquée par la dominance du sous-variant BA.2. Cela va durer quelques semaines, puis c’est le BA.5 qui va prendre le relais. Ce dernier va probablement entraîner une nouvelle vague en fin d’été.

LeBrief : Faut-il s’attendre à des restrictions sanitaires dans les jours qui viennent ?

Dr Tayeb Hamdi : À mon avis, non. Néanmoins, il faut faire attention et faire preuve de vigilance. Il faut renforcer la protection des populations de plus de 60 ans et les personnes qui souffrent de maladies chroniques quelque soit leur âge et qui n’ont pas complété le schéma vaccinal (trois doses). Il faut éviter les espaces clos qui sont responsables de 95% des contaminations à la Covid-19. Aussi, il faut éviter les grands rassemblements qui favorisent la propagation du virus. Et, évidemment, il faut compléter le schéma vaccinal.

Si ces mesures ne sont pas respectées, alors il faut certainement s’attendre à une augmentation des cas positifs au Maroc.

LeBrief : Quelles sont vos recommandations pour contrer cette nouvelle vague ?

Dr Tayeb Hamdi : Si les personnes de plus de 60 ans souffrant de maladies chroniques sont triplement vaccinées, je pense que notre système de santé sera protégé. Sinon, ce sont ces groupes de personnes vulnérables, qui vont payer les frais de la vague d’été et d’hiver.

Il s’agit d’une responsabilité individuelle. Il faut se faire vacciner, éviter les espaces clos et les aérer. Il faut aussi porter les masques quand on est dans ces endroits et éviter les grands rassemblements.

Lire aussi : Covid-19 : le Maroc s’approche des 1.000 infections quotidiennes

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