Casablanca en mutation : grands chantiers ferroviaires et pas que !
Centre-ville de Casablanca, au croisement du boulevard Hassan II avec l'avenue des FAR, vu depuis la place des Nations-Unies © Karim Achalhi
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Cette transformation s’articule autour de deux dynamiques complémentaires. D’une part, les autorités locales multiplient les initiatives pour réhabiliter des quartiers tels que Ain Diab, renforcer l’attractivité touristique et éradiquer définitivement les bidonvilles qui subsistent encore dans certains arrondissements. Ces actions, inscrites dans le cadre du programme Villes sans bidonvilles, visent à améliorer le cadre de vie et à libérer de nouveaux espaces pour le développement urbain.
D’autre part, l’État, sous l’impulsion du roi Mohammed VI, a engagé un vaste programme ferroviaire d’une ampleur inédite. Doté de dizaines de milliards de dirhams, ce plan ambitionne de transformer Casablanca en un hub intermodal régional, capable de répondre aux besoins croissants en matière de mobilité tout en s’inscrivant dans une logique de durabilité et de réduction de l’empreinte carbone.
Casablanca, entre aménagements urbains et lutte contre l’habitat insalubre
Casablanca connaît depuis plusieurs années une pression démographique et immobilière considérable. Pour y répondre, les autorités locales multiplient les initiatives en matière d’aménagement urbain, d’infrastructures hôtelières et de résorption des bidonvilles.
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Dans un entretien récent, Abdessadeq Mourchid, porte-parole du Conseil de la ville de Casablanca, a détaillé certaines des priorités en cours. Selon lui, la Coupe du monde 2030, que le Maroc coorganisera avec l’Espagne et le Portugal, constitue une formidable opportunité pour accélérer la modernisation de la métropole. « Casablanca a hérité la Cannes, et notamment avec la Coupe du Monde, le tourisme en fait partie prenante pour la réussite d’un tel événement. Cela suscite l’encouragement de création de nouveaux instituts hôteliers pour permettre aux visiteurs de venir s’installer », souligne-t-il.
Parmi les zones emblématiques de Casablanca figure Ain Diab, quartier balnéaire et vitrine de la ville. Son plan d’aménagement, toujours en discussion, devrait être finalisé à l’automne. « L’arrondissement d’Anfa, auquel appartient Ain Diab, débattra de ce nouveau plan qui inclura des propositions concernant la Corniche », précise Mourchid. L’objectif est d’améliorer l’offre touristique et culturelle dans une zone déjà prisée, en l’adaptant aux exigences internationales.
Résorption des bidonvilles : un chantier prioritaire
Au-delà du développement touristique, le Conseil de la ville reste confronté à la question des bidonvilles. De nombreux quartiers ont déjà été démantelés, mais les terrains laissés à l’abandon posent problème. « Nous avons signé avec la préfecture de Nouaceur pour la création d’une carrière qui absorbera les débris de construction de Casablanca. Malheureusement, les promoteurs privés ne sont pas encore sensibilisés à cette démarche », regrette le porte-parole.
À terme, une révision de l’arrêté fiscal devrait imposer le dépôt des gravats dans cette carrière, permettant de libérer des terrains stratégiques pour de nouveaux projets. Selon Mourchid, ces parcelles, majoritairement privées, ne sont pas destinées à la vente mais à des réaffectations d’utilité publique.
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Le programme Villes sans bidonvilles progresse néanmoins à bon rythme. Dans l’arrondissement de Maârif, il reste encore quelques poches d’habitat insalubre, tandis qu’à Benjdiyar, dans la préfecture de Hay Hassani, 58 baraques devraient être démolies dans les prochaines semaines. « Le projet avance très bien et les conditions de relogement sont respectées », insiste Mourchid.
À travers ces initiatives, Casablanca s’efforce de concilier développement urbain, attractivité touristique et justice sociale. Mais l’ambition ne s’arrête pas aux quartiers : elle s’étend désormais aux grandes infrastructures de transport, clef de voûte de la mobilité métropolitaine.
Des projets ferroviaires structurants pour une mobilité durable
Mercredi dernier, le roi Mohammed VI a donné à Casablanca le coup d’envoi d’un programme ferroviaire colossal de 20 MM de DH, intégré à un plan national global de 96 MM de DH visant à transformer la mobilité urbaine et régionale à l’horizon 2030.
Le projet prévoit la construction de 260 km de nouvelles voies ferrées, l’élargissement de 50 ouvrages d’art, la réalisation de trois gares de nouvelle génération et de 10 gares métropolitaines de proximité, ainsi que la modernisation de cinq gares existantes. Deux technicentres et cinq ateliers de maintenance complèteront l’infrastructure, tandis que 48 trains modernes seront acquis.
Financé à 70% par l’ONCF et 30% par la région, ce programme illustre la volonté du Royaume de promouvoir un transport collectif durable, à faible empreinte carbone, tout en stimulant le développement socio-économique.
Casablanca-Sud : futur hub intermodal
Au cœur du dispositif, la future gare Casablanca-Sud, située à Hay Hassani, sera dotée d’un budget de 700 MDH. Conçue pour accueillir 12 millions de voyageurs par an, elle offrira six quais et dix voies ferrées desservant aussi bien le TGV Al Boraq, les grandes lignes, les trains régionaux, que le futur aéro-express reliant Casa-Port à l’aéroport Mohammed V toutes les 15 minutes.
Cette gare de 20.000 m² comprendra un parking de 700 places et assurera des correspondances fluides avec tramway, bus et taxis, consolidant son rôle de hub intermodal stratégique. Deux autres gares verront le jour : celle du Grand Stade Hassan II à Benslimane (450 M de DH, capacité de 12 millions de passagers) et celle de l’aéroport Mohammed V (300 M de DH, capacité de 5 millions).
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D’autre part, trois lignes de TMP, soit 92 km de voies, desserviront d’ici 2030 les grands pôles urbains et périurbains, transportant jusqu’à 150.000 voyageurs par jour avec une fréquence d’un train toutes les 7,5 minutes. Dix nouvelles gares, parmi lesquelles Mohammedia – Les Facultés, Sidi Bernoussi et Nouaceur, seront construites pour renforcer la connectivité de la métropole. Parallèlement, un service d’aéro-express reliera directement Casa-Port à l’aéroport, tandis que les dessertes régionales vers El Jadida et Settat seront intensifiées.
Un écosystème ferroviaire local et des retombées économiques
Pour accompagner ces projets, le constructeur sud-coréen Hyundai Rotem implantera une usine au Maroc afin de produire localement les nouvelles rames et de participer à l’essor d’un véritable écosystème ferroviaire.
Ces investissements devraient générer des milliers d’emplois, renforcer la sécurité, réduire la pollution et améliorer la qualité de vie des Casablancais. Comme le souligne l’architecte Tarik Oulaalou, la gare Casablanca-Sud sera conçue « comme une vaste voûte, hommage à l’architecture traditionnelle et au patrimoine moderniste de la ville ».
D’autres architectes, tels que Omar Tijani et Youssef Driouech, insistent sur le rôle de ces gares comme moteurs de développement urbain et attractivité des quartiers. En plus d’être des nœuds de mobilité, elles deviendront de véritables espaces de vie reflétant l’identité culturelle de Casablanca.
Casablanca vit une mutation d’ampleur, entre la résorption progressive des bidonvilles, la modernisation de zones stratégiques comme Ain Diab, et l’édification d’infrastructures ferroviaires de classe mondiale.
La combinaison de ces deux dynamiques, celle du réaménagement urbain et celle d’une mobilité durable, vise à préparer la métropole à l’horizon 2030, date clé où le Maroc accueillera des millions de visiteurs à l’occasion de la Coupe du monde.
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