Casablanca : bras de fer entre un restaurant et son voisinage à Gauthier
Vue aérienne de la ville de Casablanca © DR
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Depuis 2017, les habitants d’un immeuble calme du quartier Gauthier subissent la présence illégale d’un restaurant asiatique qui occupe un appartement destiné à l’habitation. Ce logement du deuxième étage, censé accueillir une famille, s’est mué en bureau administratif, en entrepôt et en dortoir pour le personnel du restaurant, à en croire les dires de nos témoins.
Pour une habitante, sous couvert d’anonymat, ce sont neuf années de nuisances, de dégradations et d’insécurité. « Ils ont ruiné notre quotidien », lâche-t-elle.
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De son côté, le restaurant, contacté par nos soins, nie toute infraction et rejette ces accusations. Il affirme que l’appartement a toujours servi à héberger son personnel et qu’aucune plainte officielle ne lui a jamais été communiquée.
Quand un appartement d’habitation devient bureau
L’histoire débute en 2017. L’appartement, autrefois occupé par une famille, est loué à ce qui semblait être un couple. Rapidement, la réalité saute aux yeux des voisins, le logement n’est pas utilisé comme résidence, mais comme une extension d’un restaurant asiatique à proximité. « On a vu défiler des dizaines de personnes : stagiaires, cuisiniers, livreurs. On ne savait même plus qui habitait avec nous », nous raconte l’une des voisines.
Les indices s’accumulent, des cartons de provisions transportés discrètement, des packs de poissons déposés dans le palier, des bouteilles d’alcool chargées dans l’ascenseur, et même une machine à glaçons dont les allers-retours inondaient régulièrement le sol.« Avant, on avait une famille avec des enfants. C’était animé, mais normal. Là, c’est devenu un call center. Chaque semaine, de nouveaux visages, comme si c’était un Airbnb. »
Des nuisances sans répit
Très vite, la vie des habitants bascule. L’appartement devient source de nuisances quotidiennes. Les portes de l’immeuble sont laissées ouvertes, même la nuit, compromettant la sécurité.
Dans les couloirs et le garage, les employés fument, boivent ou prennent leurs repas. « Certains ont même uriné dans le garage », s’indigne la voisine.
Mais c’est l’ascenseur qui démontre le mieux cette dérive. Conçu pour un usage résidentiel, il est sollicité jour et nuit pour transporter marchandises et personnel. « On l’a réparé des dizaines de fois. Aujourd’hui, il faut carrément le changer. Et ce sont les habitants qui paient. »
La tranquillité a disparu, « ils viennent après minuit, à 2h, à 5h du matin. Même le dimanche. On ne vit plus. »
Un propriétaire qui pèse de tout son poids
Au cœur du problème, il y a aussi le propriétaire de l’appartement, décrit comme quasi-majoritaire dans l’immeuble. « Il possède trois appartements et deux locaux commerciaux. Mais il paie seulement quatre cotisations de syndic au lieu de cinq. Personne n’a jamais osé le contredire », dénonce la voisine.
Son attitude passivement favorable au restaurant alimente la colère, « quand on se plaint, il se contente de leur dire qu’on n’est pas contents. La patronne du restaurant a même répondu : Poursuivez-nous si vous voulez ! Nous sommes donc devenus des copropriétaires de seconde zone. Ses intérêts passent avant les nôtres. »
Promesses de départ jamais tenues
À plusieurs reprises, les habitants ont cru voir le bout du tunnel. En 2024, le restaurant loue un local de stockage à proximité. « On a rêvé qu’ils allaient libérer l’appartement. Mais non. » En mars 2025, nouvelle promesse : quitter définitivement l’appartement pour un local acheté. « Encore des mensonges. Ils ont bien acheté un local en face, mais ils ne l’utilisent que comme entrepôt. Ici, rien n’a changé. » Cet été encore, des employés y dormaient.
Exaspérés, les habitants déposent plainte. Une enquête est diligentée, confirmant que l’appartement sert à la fois de logement et de bureau. Mais depuis, aucune suite. « Trois mois qu’on attend », explique la voisine.
Avec le temps, les anecdotes s’accumulent et frôlent l’absurde. « Ils avaient une machine à glaçons. Chaque fois qu’ils venaient en chercher, l’ascenseur dégoulinait d’eau. Glissant, dangereux. »
D’autres souvenirs sont plus choquants : un gérant buvant de l’alcool sur la terrasse, des employés recevant des amis après minuit, des repas pris dans les couloirs. « On ne sait jamais qui habite avec nous. C’est une passoire. On dirait qu’on vit avec des djin tellement il y a de va-et-vient. »
Au-delà du stress, les habitants doivent supporter des frais imprévus. Réparations de l’ascenseur, nettoyage, changement de serrures : « On paie les pots cassés. »
La voisine dénonce aussi une inégalité flagrante : « Un local commercial équivalent coûterait deux fois plus cher. Ils économisent sur notre dos. »
La version du restaurant
Contacté par LeBrief, le restaurant asiatique donne une tout autre version. Ses responsables affirment n’avoir jamais reçu de plainte officielle et disent découvrir l’existence de la procédure à travers notre sollicitation. Selon eux, l’appartement a toujours servi à loger du personnel. Ils contestent toute responsabilité dans la dégradation de l’ascenseur : « Nous n’étions même pas au courant de ce reproche », insistent-ils.
Ils tiennent aussi à clarifier leur fonctionnement : « Nous fermons à 1h du matin. Il n’y a pas de groupe de musique, pas de live band. La musique diffusée est une simple musique d’ambiance ».
Les positions semblent inconciliables. D’un côté, des habitants excédés, qui accumulent témoignages et preuves depuis neuf ans. De l’autre, un restaurant qui assure respecter la loi et nie toute nuisance au-delà d’un usage normal.
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