Cannabis légal : le Maroc veut tirer parti d’un potentiel énorme

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Taounate : la première usine de transformation de cannabis légal voit le jourCannabis © DR

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Depuis 2021, le Maroc a amorcé un tournant majeur en légalisant l’usage du cannabis à des fins médicales, pharmaceutiques et industrielles. Cette décision stratégique vise à capter une part importante du marché européen, où 21 des 27 pays membres de l’Union européenne ont légalisé le cannabis médical. Les perspectives économiques sont prometteuses, ce qui suscite un grand enthousiasme parmi les acteurs économiques.

Le Maroc se positionne résolument sur le marché du cannabis médical, avec l’ambition de devenir un acteur clé en Europe. Cette nouvelle industrie pourrait donc bien représenter une opportunité en or pour l’économie nationale, à condition de surmonter les obstacles qui se dressent encore sur son chemin.

Lire aussi : Cannabis thérapeutique : pourquoi le Maroc a sa place de leader ?

Des revenus prometteurs

Pour la première fois, le Maroc a exporté du cannabis produit légalement sur son sol. Au second trimestre, un quintal de résine avec une teneur en THC (delta 9-tétrahydrocannabinol), principal composé psychoactif du cannabis, inférieure à 1% a été vendu à la Suisse pour un prix variant entre 1.400 et 1.800 euros le kilo, rapporte le quotidien français LeMonde.

La même source indique que depuis la promulgation de la loi en 2021, près de 200 opérateurs se sont lancés dans cette nouvelle industrie, attirés par le potentiel économique considérable. Selon Insight Partners, la valeur du marché mondial du cannabis thérapeutique devrait dépasser les 50 milliards de dollars en 2028. La Fédération marocaine de l’industrie et de l’innovation pharmaceutiques (FMIIP) estime que le Maroc pourrait générer un flux de revenus annuel de 4,2 à 6,3 milliards de DH. C’est environ 400 à 600 millions d’euros, à condition de capturer une part de marché européenne de 10 à 15%.

Cependant, l’essor de cette industrie naissante n’est pas sans défis. Les barrières réglementaires demeurent un obstacle majeur, notamment en ce qui concerne les psychotropes. Certains laboratoires ont développé une quinzaine de médicaments à base de cannabis à haute teneur en THC, destinés à traiter des pathologies douloureuses telles que les cancers, la sclérose en plaques ou l’épilepsie. Cependant, leur commercialisation n’est pas prévue avant 2025, ciblant principalement les marchés marocain et européen, y compris l’Allemagne, le Danemark, la Suisse, l’Italie et la France, qui a récemment autorisé le cannabis médical à titre expérimental.

Si les choses avancent timidement, c’est à cause de la disponibilité limitée des produits, car le processus de fabrication est encore en cours. Actuellement, il n’y a pas de quantités suffisantes pour couvrir tout le territoire national.

Lire aussi : Légalisation du cannabis : bénéfices, défis, rôle du secteur pharmaceutique…le point avec Abdelmajid Belaiche, analyste des marchés pharmaceutiques 

Cannabis légal : vers un avenir radieux ?

Malgré ces obstacles, l’optimisme règne. La légalisation du cannabis au Maroc a ouvert de nouvelles perspectives économiques. Avec des investissements croissants et des développements en cours, le Maroc est bien positionné pour devenir un acteur majeur sur le marché mondial du cannabis médical. Les initiatives actuelles et futures pourraient transformer cette industrie en une source de revenus importante pour le pays, tout en offrant des traitements innovants pour diverses pathologies.

Mohammed El-Gerrouj, directeur de l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (ANRAC), espère d’ailleurs que le cannabis apportera au Maroc un succès similaire à celui de l’industrie automobile. Et pour accroître la compétitivité du Maroc sur ce marché concurrentiel, l’ANRAC milite pour l’utilisation de semences locales, comme la variété précoce, nommée «beldiya», moins consommatrice d’eau et mieux adaptée aux conditions climatiques locales. Si cette initiative se concrétise, la «beldiya» pourrait être mise à disposition des cultivateurs dès 2025, offrant ainsi une nouvelle dynamique à cette industrie prometteuse.

Enfin, il est important de rappeler que l’ANRAC a délivré, jusqu’au 23 avril courant, 2.905 autorisations sur 2.942 demandes examinées en 2024, contre 609 autorisations en 2023, pour une superficie globale de 2.552 HA (286 Ha en 2023).

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