Photo illustration © iStock
A
A
A
A
Chaque année, environ 400.000 enfants à travers le monde reçoivent un diagnostic de cancer. Au Maroc, ce chiffre atteint près de 1.500 cas annuels, ce qui équivaut à quatre nouveaux cas par jour. Pourtant, ces cancers pédiatriques ne représentent qu’une infime partie du total des cancers dans le pays, environ 3% de l’ensemble des diagnostics recensés. Un pourcentage faible, certes, mais dont l’impact est d’autant plus tragique qu’il touche les plus jeunes.
Des causes encore méconnues
Les causes exactes de ces cancers infantiles demeurent en grande partie obscures. Pour le Dr. Tayeb Hamdi, médecin, chercheur en politiques et systèmes de santé, contrairement aux cancers de l’adulte, souvent liés au mode de vie (tabagisme, alcool, alimentation ou exposition à des substances toxiques), les cancers pédiatriques ne peuvent généralement pas être imputés à des facteurs environnementaux ou comportementaux. De ce fait, ils ne sont ni évitables, ni détectables par des tests de dépistage de routine, ce qui complique considérablement la prévention, ajoute-t-il.
Des études estiment que seuls 5% à 10% des cancers chez l’enfant auraient une origine héréditaire. Certaines infections virales, telles que le virus d’Epstein-Barr ou le VIH, ont cependant été identifiées comme des facteurs de risque pouvant accroître les probabilités de développer un cancer. Toutefois, dans l’immense majorité des cas, les raisons précises du développement tumoral restent encore inconnues.
Lire aussi: Charles III suspend ses activités en raison de son traitement contre le cancer
Parmi les types de cancers les plus fréquents chez les enfants marocains figurent la leucémie, les lymphomes, les tumeurs cérébrales, les cancers des reins, les cancers des os, ainsi que le rétinoblastome, un cancer de la rétine touchant les très jeunes enfants. Ces pathologies présentent des symptômes variés, tels que l’anémie persistante, des ganglions lymphatiques gonflés sans cause apparente, des douleurs osseuses prolongées, des troubles visuels ou encore des maux de tête chroniques.
Face à cette diversité de signes, souvent banals en apparence, Tayeb Hamdi, insiste sur une règle d’or : «Tout symptôme chronique ou inhabituel chez un enfant doit alerter et faire l’objet d’un examen médical approfondi». La précocité de la prise en charge peut faire toute la différence.
Des chances de guérison encourageantes
Malgré la gravité du diagnostic, l’espoir n’est pas absent. Le cancer pédiatrique, contrairement à certaines idées reçues, n’est pas une condamnation systématique. Dans les pays à revenu élevé, les taux de guérison atteignent aujourd’hui entre 80% et 90% pour plusieurs formes de cancer infantile, grâce à des avancées majeures en matière de traitements, de protocoles thérapeutiques personnalisés et d’accompagnement multidisciplinaire.
Au Maroc, les chiffres sont moins élevés, néanmoins encourageants : environ 60% à 70% des enfants atteints d’un cancer parviennent à guérir. C’est un taux significativement supérieur à la moyenne africaine, où les chances de survie ne dépassent parfois pas 20%, notamment en raison de la faiblesse des systèmes de santé, du manque de structures spécialisées, et de l’absence de couverture sociale généralisée.
Lire aussi: Etude : la vitamine D, un espoir contre les cancers de la prostate
Ces résultats positifs restent cependant fragiles. De nombreux obstacles ralentissent les progrès, comme les retards de diagnostic, le manque d’équipements médicaux spécialisés, les insuffisances de médicaments adaptés à la pédiatrie, les effets secondaires mal pris en charge, et surtout un taux préoccupant d’abandon du traitement en cours de route. Ce dernier phénomène est souvent lié à des facteurs socio-économiques, notamment le coût du transport, l’éloignement des centres de soin, ou encore la perte de revenus liée à l’arrêt de travail d’un parent.
Le rôle clé du diagnostic précoce
Face à ces défis, un message est martelé par l’ensemble des professionnels de santé : «le diagnostic précoce sauve des vies». Plus un cancer est détecté tôt, plus les chances de guérison sont élevées. Cela suppose une mobilisation générale : des parents attentifs et informés, des professionnels de santé formés à reconnaître les signes d’alerte, et un système de santé capable d’orienter rapidement les cas suspects vers des structures spécialisées.
Le Maroc a amorcé ces dernières années plusieurs initiatives pour renforcer la prise en charge du cancer pédiatrique. Parmi elles, la création de services d’oncologie pédiatrique dans plusieurs CHU, l’augmentation du nombre de pédiatres spécialisés, ainsi que des partenariats public-privé visant à rendre les traitements plus accessibles. Mais de nombreux efforts restent à fournir, notamment dans les régions rurales et les zones reculées.
Lire aussi: «Shades of Pink» : une exposition artistique pour l’espoir face au cancer du sein
Au-delà du traitement médical, le combat contre le cancer chez l’enfant ne peut être mené efficacement sans un «accompagnement psychosocial solide». Le choc du diagnostic, la durée des traitements, l’éloignement du domicile et les bouleversements familiaux qui en résultent imposent une attention particulière à l’état psychologique des enfants et de leurs familles.
Des associations jouent un rôle crucial dans ce domaine. En apportant un soutien financier, logistique et émotionnel, elles permettent à de nombreuses familles de faire face à l’épreuve. Certaines organisent des séjours récréatifs pour les enfants malades, d’autres assurent des séances de soutien psychologique ou facilitent l’hébergement des parents proches des centres de soin.
La lutte contre le cancer pédiatrique ne peut se faire sans un engagement politique fort. Cela passe par un renforcement des infrastructures hospitalières, une formation continue du personnel médical, un financement accru de la recherche en oncologie pédiatrique, ainsi qu’une prise en charge totale des soins dans le cadre de la généralisation de la couverture médicale.
Chaque enfant touché est un drame, mais aussi un appel à l’action. Le cancer pédiatrique, bien que redoutable, peut être vaincu. Avec les bons outils, les bons soutiens, et une mobilisation collective, il est possible d’offrir à chaque enfant malade une chance réelle de guérison et surtout, une vie après la maladie.
Œufs : le prix à l’unité grimpe à 3 dirhams
Société - Le prix des œufs a fortement augmenté dans certaines localités, atteignant jusqu’à 3 dirhams l’unité.
Mbaye Gueye - 18 juillet 2025Affaire Mehdi Ben Barka : vers une relance de l’enquête judiciaire
Société - Soixante ans après l’enlèvement de Mehdi Ben Barka à Paris, l’enquête judiciaire repart avec une nouvelle juge.
Ilyasse Rhamir - 18 juillet 2025Des annonces trompeuses de récompenses en argent ciblent le Crédit du Maroc
Société - Une récente annonce sponsorisée sur les réseaux sociaux affirme que CDM versera un montant par virement à chaque Marocain.
Mouna Aghlal - 18 juillet 2025Maroc : top 30 des nations les mieux perçues dans le monde
Société - Le Maroc figure toujours dans le peloton de tête des nations les plus respectées, notamment dans le classement des pays du G7 et de la Russie.
Ilyasse Rhamir - 18 juillet 2025L’AMDC dénonce les défaillances des services d’eau, d’électricité et d’assainissement
Société - L’AMDC alerte sur les dysfonctionnements des services d’eau, d’électricité et d’assainissement gérés par les sociétés régionales.
Mouna Aghlal - 18 juillet 2025Remise des Prix de la 5ᵉ édition de la presse parlementaire
Société - La 5ᵉ édition du Prix de la presse parlementaire a récompensé, à Rabat, plusieurs journalistes pour leurs travaux valorisant l'action et la mission du Parlement.
Hajar Toufik - 18 juillet 2025Travaux : les Casablancais n’en peuvent plus !
Dossier - Des piétons qui traversent d’un trottoir à l’autre, des voitures qui zigzaguent… À croire que les Casablancais vivent dans un jeu vidéo, sans bouton pause.
Sabrina El Faiz - 12 avril 2025Faux et usage de faux, la dangereuse fabrique de l’illusion
Dossier - Un faux témoignage peut envoyer un innocent en prison ou blanchir un coupable. Un faux diplôme casse la méritocratie. Un faux certificat peut éviter une sentence.
Sabrina El Faiz - 24 mai 2025La classe moyenne marocaine existe-t-elle encore ?
Dossier - Au Maroc, pour définir le terme classe moyenne, nous parlons de revenus. Cela ne veut pourtant plus rien dire.
Sabrina El Faiz - 5 juillet 2025Le Maroc des voisins qu’on n’a pas choisis
Dossier - Les voisins ont bien changé. Les balcons étaient les réseaux sociaux d’antan. On y partageait les breaking news du quartier et les hommes étaient aussi bien surveillés que les enfants !
Sabrina El Faiz - 12 juillet 2025Aïd Al-Adha : amende pour le sacrifice du mouton ? Le vrai du faux
Société - À quelques semaines de Aïd Al-Adha, une rumeur sur une prétendue amende pour le sacrifice du mouton sème le doute chez les Marocains.
Hajar Toufik - 16 mai 2025IA : avons-nous encore un libre arbitre ?
Dossier - Confiance dans les GPS, les avis en ligne ou des suggestions d'algorithme, nous déléguons notre libre-arbitre à des logiques invisibles.
Sabrina El Faiz - 3 mai 2025